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Coopération : Promotion d’Autoproduction d’Aliments Frais en Haïti



  • vendredi 9 décembre 2005
    par Djems Olivier


    P-au-P, 9 déc. 05 [AlterPresse] --- Les gouvernements haïtien et argentin ont signé, le 6 décembre 2005, un accord d’implémentation des termes opérationnels du projet Promotion de l’Autoproduction d’Aliments Frais en Haïti, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

    « Le projet qui est à la base de ce protocole d’accord rentre en ligne droite dans le cadre de la politique de sécurité alimentaire du gouvernement », affirme le Ministre de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR), l’ingénieur-agronome Philippe Mathieu.

    Cette politique, gouvernementale, de sécurité alimentaire est basée sur une recherche d’augmentation de la production alimentaire dans le pays, au travers notamment de l’utilisation et d’une intensification de la production dans toutes les zones irriguées du pays, annonce le fonctionnaire haïtien.

    « Je me félicite que le projet entre le gouvernement haïtien, le gouvernement argentin et l’IICA [NDLR : Institut Interaméricain de Coopération pour l’Agriculture] porte fruit, notamment sur la diversification de la production alimentaire. Il faut que les gens mangent de manière équilibrée et puissent, au travers d’autres cultures, arriver à pallier les déficiences alimentaires », indique Mathieu.

    Appliqué depuis 15 ans en Argentine sous le nom de Programme Pro-Huerta, ce projet aurait donné des résultats excellents, selon les initiateurs.

    Le Pro-Huerta a permis de développer plus de 500,000 potagers familiaux. 7,000 écoliers et 8,000 organisations communautaires ont pu contribuer à améliorer la condition alimentaire de plus de 3,5 millions de personnes.

    L’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l’Argentine en Haïti, Ernesto López, précise que le programme Pro-Huerta n’est pas un « système qui donne le poisson », mais plutôt un « mécanisme qui apprend aux gens à pêcher ».

    « Sur la base de nos expériences avec Huerta, les gouvernements haïtien et argentin ont signé un accord pour développer, en Haïti, un programme similaire qu’est le projet Promotion de l’Autoproduction d’Aliments Frais », déclare le diplomate.

    Ce programme vise essentiellement à améliorer la sécurité et la qualité alimentaires des secteurs défavorisés de la population, à travers l’autoproduction de plantes vertes et de légumes, dans ses propres jardins, terrains communautaires et écoles.

    « C’est une initiative qui permettra aux Haïtiens d’améliorer, de leurs propres mains, la qualité de leur alimentation et celle de leurs familles », prédit le fonctionnaire argentin.

    Le représentant de l’IICA en Haïti, Alfredo Mena Pantaleon, estime, de son côté, que le Pro-Huerta aura un impact positif sur la vie des Haïtiens. L’ingénieur-agronome Pantaleon promet l’encadrement technique de l’IICA aux agriculteurs haïtiens.

    « Dans ce projet, l’IICA proportionnera des services de coopération technique et logistique, et travaillera conjointement avec les techniciens argentins », informe le représentant de l’organisation interaméricaine.

    Pour la mise en œuvre du Pro-Huerta en Haïti, un plan en trois étapes a été conçu.

    Dans le court terme, une expérience pilote a été effectuée en septembre 2005, dans les zones périurbaines des Gonaïves, plus précisément à Desbarrières, Bassin Mangnan et Poteau, à 171 kilomètres au nord de Port-au-Prince.

    La deuxième étape est prévue sur le moyen terme, de janvier à décembre 2006. Le reste, sur le long terme, va de 2007 à 2010.

    Les deux dernières étapes seront destinées à développer l’expérience, en donnant au projet une couverture nationale.

    L’Argentine a fourni des ressources financières évaluées à 60,000 dollars américains. Les ressources matérielles et humaines ont été apportées par les deux parties engagées, à savoir le gouvernement argentin et l’IICA.

    Deux experts argentins, deux techniciens de l’IICA et un technicien local ont pu aider à la formation de 105 promoteurs pour 525 familles. 4 grands jardins démonstratifs ont été organisés, tandis que 13 écoles ont été intégrées au programme des « Jardins écoliers » pour lesquels 3,800 élèves sont déjà formés.

    Philippe Mathieu a profité, de la signature de la convention avec l’Argentine, pour faire part d’autres projets visant à contribuer à l’amélioration des conditions d’existence de la population haïtienne. A titre d’exemple, il a cité un programme de son Ministère en partenariat avec la branche haïtienne du Fonds des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) qui vise à encourager la culture de la patate.

    « Ce projet de sécurité alimentaire bénéficie de la coopération sud/sud que le gouvernement haïtien entretient avec son homologue cubain, donc encore de la solidarité latino-américaine », signale le Ministre haïtien de l’Agriculture.

    La signature de la convention du 6 décembre 2005 a eu lieu, à Berthé, banlieue de Pétion-Ville (à l’est de la capitale haïtienne), au siège de l’IICA en présence de différentes personnalités oeuvrant dans le secteur agricole, dont le titulaire de l’Agriculture.

    Des diplomates étrangers, des représentants de la Mission de Stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) et un reporter de l’agence en ligne AlterPresse étaient présents.

    Par ailleurs, soulignant l’apport de son pays dans le cadre de la MINUSTAH, l’ambassadeur de la République d’Argentine, Ernesto López, croit que la sécurité ne peut être rétablie dans aucun pays du monde, sans la prise en compte des questions sociales.

    « La paix des armes ne signifie rien, si elle n’est pas accompagnée de la promotion du développement et de l’agent social. Sécurité, développement et démocratie doivent marcher ensemble », soutient le diplomate argentin. [do rc apr 9/12/05 11 :00]



    Djems Olivier [AlterPresse]
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