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Pour un meilleur encadrement des enfants démunis en Haïti



  • Journée nationale de l’Enfance
    Pour un meilleur encadrement des enfants démunis en Haïti

    lundi 12 juin 2006
    par Djems Olivier


    Une Haïti sans violence est un droit qu’ont les enfants, c’est sous ce thème que la Journée nationale de l’Enfance a été célébrée, ce 11 juin 2006. A Port-au-Prince, notamment dans le quartier pauvre de Carrefour-Feuilles, des activités ont été organisées sous les auspices du Centre d’Action pour le Développement (CAD).

    P-au-P, 12 juin 06 [AlterPresse] --- Objets artisanaux, réalisés par d’anciens enfants de rue, dont valises, pierres polies et autres, ont été exposés sur la grande cour de la Paroisse Saint-Gérard à Carrefour-Feuilles au sud-est de la capitale haïtienne, à l’occasion de la Journée nationale de l’Enfance, ce 11 juin 2006, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.

    Cette journée a offert l’opportunité à quelques-uns des enfants, filles et garçons, adolescentes et adolescents démunis de montrer leur savoir-faire.

    « Nous réalisons cette exposition pour montrer aux plus âgés que nous pouvons donner une meilleure image de nous-mêmes, pour leur montrer ce que nous sommes et ce que nous voulons être », dit Herby Augustin, interrogé par AlterPresse.

    Agé aujourd’hui de 17 ans, Herby est orphelin de mère. Pour lui, son père n’existe que de nom.

    « N’étaient-ce pas les responsables du CAD, je ne serais présentement en mesure d’accomplir des actions positives », admet le jeune adolescent, encadré par le Centre d’Action pour le Développement depuis cinq ans.

    Romario Saint-Fleur (17 ans) fait, lui aussi, partie des 600 enfants et adolescents en situation difficile pris en charge par le CAD.

    « Si je suis en mesure aujourd’hui de tailler et coudre une chemise et un pantalon, c’est grâce aux sept années déjà passées au centre », affirme-t-il.

    Grâce à l’encadrement du CAD, Romario se trouve actuellement en classe de huitième année fondamentale au Lycée Jean-Jacques Dessalines situé à proximité.

    « On nous donne l’encadrement qu’il faut, on nous envoie à l’école pour que, demain, nous soyons utiles à nos parents et à nous-mêmes », soutiennent Herby et Romario, très reconnaissants.

    Ces deux adolescents ont au moins la chance de bénéficier de l’assistance du CAD. D’autres enfants de leur âge vivent dans des conditions infra humaines. Voilà pourquoi, Herby et Romario lancent un message à leurs pairs.

    « Nous souhaitons aux autres enfants de rue de faire autant que nous, de renoncer à la délinquance », lâchent-ils.

    Marline Mondésir, co-responsable de cette organisation humanitaire non gouvernementale, se félicite de pouvoir jusqu’ici travailler au bénéfice des tout petits.

    « Au niveau du CAD, nous sommes fiers d’avoir accompagné des enfants de rue. Parmi eux, nous en avons qui sont à l’heure actuelle en 5e secondaire [ndlr : 8e année fondamentale], nous sommes fiers d’avoir trouvé des moyens pour voler à leur secours », se réjouit-elle.

    L’encadrement des enfants de rue, l’assistance aux adolescents et enfants en domesticité (Restavèk) et aux enfants vivant dans une situation d’extrême vulnérabilité sont les trois programmes du Centre d’Action pour le Développement.

    Un autre programme de réinsertion des enfants, victimes d’actes de violences dans le quartier vulnérable de Carrefour (banlieue sud de Port-au-Prince), est soutenu par l’Organisation Internationale de la Migration (OIM).

    Un Centre d’accueil pour les plus vulnérables

    « Nous sommes en train de construire sur quatre carreaux de terre un centre d’accueil à Ganthier pour les garçons et sur cinq carreaux un autre pour les filles », informe Marline Mondésir.

    Pour achever cette construction, la co-responsable du CAD indique qu’il leur faut encore 150 mille dollars américains. En ce sens, elle sollicite l’aide des autorités gouvernementales.

    En Haïti, les centres d’accueil ne sont pas nombreux. L’Institut du Bien-Être Social et de Recherches (IBESR), une structure de l’État, n’est pas en mesure d’héberger tous les enfants en situation difficile.

    « Achever cette construction, nous sera très utile, parce que nous travaillons de concert avec l’Institut du Bien-Être Social et de Recherches, qui nous envoie toujours des enfants lorsqu’il ne peut pas les accueillir », explique Marline Mondésir.

    Les enfants en domesticité supportés par le CAD bénéficient continuellement de sesions de formation en couture et arts culinaires.

    « Tous les après-midi, de 2:00 à 5:00 PM locales (entre 18:00 et 21:00 GMT), nous donnons des cours de cuisine et de couture aux enfants en domesticité. Avec un métier, ils pourront être utiles un jour à leur famille et à leur communauté », estime la responsable du CAD.

    Au bout du cycle d’études, ces enfants seront réinsérés dans leurs familles respectives. Des activités génératrices de revenus seront aussi proposées à leurs parents en vue de financer leurs études, selon Mondésir.

    Cinquante de ces enfants de rues, encadrés par l’organisation, seront gradués en mécanique, ce 13 juin 2006, annonce-t-elle à AlterPresse.

    « Nous demanderions au gouvernement et à la communauté internationale de plancher sur le sort des enfants de rue qui sont des délinquants en devenir. La plupart d’entre eux sont détournés par de présumés bandits et par des kidnappeurs, soit pour exécuter des actes répréhensibles, soit pour aller récupérer des rançons », crie la responsable du CAD.

    Les enfants, accompagnés par le Centre d’Action pour le Développement, subissent régulièrement des tests de VIH-SIDA au Centre du Groupe haïtien d’Etudes sur le Syndrome de Karposi et des infections opportunistes (Gheskio) grâce au concours de la branche nationale du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (Unicef).

    Sur les 19 mille enfants atteints du virus du Sida en Haïti, seulement 300 ont accès aux médicaments antirétroviraux, tandis que 4 mille au moins ont besoin de traitement. Une situation déplorée par Adriano Gonzalez-Regueral, Représentant de la branche haïtienne de l’Unicef.

    Que dire des orphelins du Sida ?

    Ils sont nombreux en Haïti. En 2005, on y comptait 200 mille et selon les prévisions, ils pourraient attendre entre 220,000 et 315,000 en 2010 si rien n’est fait pour diminuer l’évolution de cette pandémie.

    Les jeunes orphelines, quant à elle, seront particulièrement vulnérables à l’exploitation sexuelle et aux risques d’infections au VIH et aux autres maladies sexuellement transmissibles (MST).

    Les enfants orphelins du Sida ne sont pas suivis par le CAD. Toutefois, l’organisme souhaite élargir sa structure et trouver les moyens nécessaires pour venir en aide à ces enfants affectés.

    « A Savane Pistache, nous identifions beaucoup d’enfants orphelins du Sida, ils ont droit à un meilleur traitement, malheureusement, ils n’ont personne », se plaint Marline Mondésir.

    La traite et le trafic de personnes, particulièrement les enfants, sont aussi très préoccupants en Haïti.

    En 2005, le nombre d’enfants en domesticité, connus sous le nom de restavèk, est estimé à 273 mille.

    En 2004, plus de 20 mille Haïtiens, parmi eux des enfants, auraient ainsi traversé la frontière haïtiano-dominicaine illégalement pour se retrouver, plus tard, dans des situations de vulnérabilité et d’exploitation, selon un document de l’Unicef. [do rc apr 12/06/2006 11:30]



    Djems Olivier [AlterPresse]
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