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Haïti : Utiliser ou rejeter le Créole comme langue d’apprentissage



  • mercredi 21 juin 2006



    P-au-P, 21 juin 06 [AlterPresse] --- L’utilisation du Créole dans le processus d’apprentissage en Haïti a suscité, ce 21 juin 2006, de vives préoccupations à la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA) de l’Université d’État d’Haïti où se déroulait la deuxième journée du Colloque International sur la Créolisation linguistique et les Sciences humaines, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.

    Robert Chaudenson et André Marcel D’Ans, respectivement professeurs à l’Université d’Aix-en-Provence - France et à l’Université de Paris VII, intervenaient tour à tour sur l’enseignement du français en milieu créolophone et sur « le bilinguisme et la diglossie » dans les pays créolophones, dont Haïti.

    Les intervenants ont tous laissé croire que le Créole ne devrait pas être utilisé comme langue d’apprentissage dans l’enseignement en Haïti. Car, « vouloir enseigner en Créole" serait "vouloir enseigner aux apprenants ce qu’ils savent déjà ».

    Docteure haïtienne en Sociologie, Michèle Oriol croit que le débat sur le Français et le Créole ne se situe dans son contexte. Se référant, par exemple, aux textes d’Émile Durkheim très utilisés dans les Sciences humaines et sociales, la sociologue Oriol estime que les manuels scientifiques ne sont pas édités en Créole.

    Pour sa part, se basant sur les positions de certains pédagogues, un jeune étudiant, qui participait au débat, est d’avis que la langue maternelle d’un peuple est celle la mieux placée pour instruire les gens.

    Tout le débat revient sur l’éternelle question, soulevée depuis 1980 avec la réforme de feu enseignant haitien Joseph C. Bernard, de savoir comment ou est-ce qu’il faudrait se servir du Créole comme langue d’apprentissage dans le système éducatif haïtien. Que dire alors des pays disposant de leur propre langue, parlée seulement par leurs propres populations et utilisée irrémédiablement comme langue première, avec des ouvertures sur d’autres langues étrangères ?

    Les différents intervenants au colloque international de juin 2006 persistent et signent pour recommander l’appropriation scientifique du Créole, assurant par là sa promotion, sa valorisation et son renforcement. Autrement dit, des travaux scientifiques devraient être produits en Créole.

    Le professeur Robert Chaudenson croit, cependant, que des efforts sont déjà consentis en vue de l’évolution du Créole haïtien grâce aux productions publiées sur Internet.

    « L’Internet est une chance extraordinaire pour les langues. Je crois que le Créole haïtien est sur Internet », dit-il.

    Le Colloque sur la Créolisation linguistique et les Sciences humaines est une initiative du Centre de Recherches, Normes, Échanges et Langage (CRENEL) supportée, entre autres, par l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), l’Institut Français d’Haïti et l’Université d’État d’Haïti.

    Selon les organisateurs, il s’agira, au regard des questions soulevées par les Études sur les Parlers Créoles, de partager avec les locuteurs haïtiens l’état des recherches en linguistique du Créole qui apporte, en particulier, de nouvelles problématiques à la Linguistique générale.

    Par ce colloque, précisent-ils, nous visons à rendre explicite l’articulation des Créoles et de la Linguistique, en vue de souligner l’intérêt qu’il y a à promouvoir ces jeunes langues. [do rc apr 21/06/2006 16 :00 ]
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