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Inondations au Bangladesh : Histoire, dynamique et révision du rôle des Himalayens



  • Par Bruno Messerli et Thomas Hofer, Presses de l’Université des Nations Unies

    Est-il vraiment juste de dire que les pratiques de déboisement et d’utilisation des terres des agriculteurs himalayens sont responsables des inondations récurrentes et ravageuses pendant les moussons dans les plaines de la Ganga et Brahmaputra ? La validité de ce paradigme est de plus en plus remise en question. Cet ouvrage présente un nouveau témoignage résultant d’un projet de recherche sur les inondations au Bangladesh dans le contexte des relations entre les hautes terres et les basses terres.

    D’énormes inondations se sont produites régulièrement avant que l’impact de l’homme sur les bassins des grands fleuves n’intervienne. Il n’y a aucune preuve statistique que la fréquence des inondations au Bangladesh s’est accrue pendant le 20e siècle. Il existe cependant des indices qui permettent de penser que la variation des inondations d’une année sur l’autre et l’ampleur des grandes catastrophes augmentent depuis 1950. Un rapport peut être établi entre cette tendance et des tendances similaires dans les chutes de pluie et les écoulements.

    Les méthodes hydro-météorologiques des Himalayens ne sont pas les causes principales des inondations au Bangladesh. La combinaison des records d’écoulements simultanés des grands fleuves, des hauts débits des Collines du Meghalaya, des grosses pluies au Bangladesh, des hauts niveaux des nappes phréatiques et des marées de vive-eau, crée des conditions particulièrement favorables aux inondations à grande échelle. Les digues latérales des fleuves et la disparition des zones naturelles de réserves en eau dans les plaines semblent avoir un impact important sur les processus d’inondation. En conséquence, le mythe au sujet de la déforestation créant de grosses inondations et l’habitude de rendre les habitants des montagnes responsables des catastrophes dues aux inondations doivent être abandonnés. Cependant, ceci ne dégage pas les habitants des montagnes de leur responsabilité d’utiliser et de gérer l’environnement de façon durable.

    Alors que les politiciens et les ingénieurs perçoivent les inondations des moussons comme le principal problème du Bangladesh, les personnes touchées par les inondations se préoccupent plus – outre les cyclones tropicaux dévastateurs – de l’érosion latérale des fleuves, du risque de se trouver sans terre et des problèmes de survie économique.

    * Thomas Hofer est expert des montagnes à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture à Rome.
    * Bruno Messerli est professeur émérite et ancien directeur de l’Institut de géographie et recteur de l’Université de Berne.
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