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Le Processus de la Coopération Régionale dans le Sud Ouest de l'Océan Indien



  • Le Processus de la Coopération Régionale dans le Sud Ouest de l’Océan Indien

    La Commission de l’Océan Indien (COI) a célébré au mois de Janvier 2007 ses 24 ans. C’est une période suffisamment longue dans la vie d’une institution comme la COI qui regroupe les îles du Sud Ouest de l’Océan Indien notamment les Comores, Madagascar, Maurice, la Réunion et les Seychelles. Malgré toutes ses années, la COI se cherche toujours et demeure une institution méconnue au niveau international. Beaucoup a été dit sur ses faiblesses et ses difficultés, mais avant de voir ses principales faiblesses, il est utile de situer le processus de coopération régionale dans sa perspective historique.

    Au cours de l’histoire de la sous-région, il y a eu plusieurs initiatives pour développer une approche régionale dans la zone. Au cours de la colonisation française en particulier durant la période 1735-1746, le Gouverneur Mahé de Labourdonnais voulait mettre en place une Fédération des Grandes Mascareignes. Cependant, la complémentarité économique entre les îles (La Réunion et l’île Maurice) n’ont pas survécu aux avatars de l’histoire. Dans les années 50, l’économie de plantation allait forcer la collaboration inter-îles à travers la Convention Maurito-Réunionnaise de Coopération Agricole et elle sera plus tard connu comme le Comité de Collaboration Agricole (COCOLAG) qui est, dans une certaine mesure, le premier accord régional dans cette partie du monde avec l’adhésion de Madagascar et des Comores en 1962 et 1979 respectivement.

    En 1966, l’Alliance Touristique de l’Océan Indien (ATOI) regroupant Madagascar, Maurice, Comores et La Réunion voit le jour et sera rejoint par les Seychelles en 1971. L’ATOI sera le premier accord régional entre les îles de la sous-région avec comme objectif le développement collectif du secteur du tourisme. Cependant des divergences entre certaines îles signataires allaient conduire à sa dissolution en 1977.

    L’insularité, la vulnérabilité et la culture ont toujours interpellé les intellectuels, universitaires et hommes politiques de la région sur le devenir des îles du Sud Ouest de l’Océan Indien. En 1961, dans un texte intitulé « Sur un Indianocéanisme », Camille de Rauville, poète mauricien, parlait d’un indianocéanisme qui serait « quelque chose comme un climat qui reflèterait la croyance en des normes de vie et en des tendances de pensée qui ne coïncident pas avec ce qu’on peut appeler des tendances européennes – ou plutôt ses croyances dans le ‘progrès’, dans la domestication matérielle des forces de la nature comme base d’élévation, sinon de libération humaine ». Les idées régionalistes ont eu aussi des échos favorables dans les années 70, au niveau de certains partis politiques des îles de la région regroupés au sein de la « Conférence des Partis Progressistes de l’Océan Indien »

    Dix ans après, feu Pierre Yin, auteur d’une thèse de doctorat qui s’intitulait « Pour une intégration régionale entre l’île Maurice et d’autres îles du Sud Ouest de l’Océan Indien », Université de Lyon II, Lyon, France, 1980, a été le premier à conceptualiser la coopération régionale inter-îles dans la région. Il eut l’occasion de faire avancer ses idées à travers la création du CEDREFI en 1981 et sa collaboration avec la COI en 1984. Pierre Yin est allé plus loin que Camille de Rauville en intégrant la notion de développement. Selon Pierre Yin, « L’Indianocéanie correspond en tant que projet, à la formation d’une entité économique, sociale, culturelle et politique regroupant les îles et archipels du Sud Ouest de l’Océan Indien ».

    C’est l’aboutissement de ce processus intellectuel d’une part et d’autre part l’arrivée au pouvoir de ces partis politiques dites ‘progressistes’ qui va aboutir en décembre 1982 à la rencontre historique entre les dirigeants de Madagascar, de Maurice et des Seychelles pour jeter les bases d’une politique de coopération régionale qui va se concrétiser à travers la signature de l’Accord Général de Coopération en 1984, institutionnalisant la COI. Cette structure inter-gouvernementale recouvre une communauté de 15 millions d’habitants répartis sur 595.000 km2 de terres insulaires avec 7 millions de km2 d’une zone économique exclusive. La COI a pour mission de « contribuer à travers la coopération régionale au développement durable des États membres de la Commission de l’Océan Indien ».

    La COI a toujours eu le souci de son avenir et la Commission ne rate pas une seule occasion soit d’initier des réflexions stratégiques ou de commanditer des études comme l’élaboration de son premier ‘Plan d’Action pour la ‘Coopération Régionale entre les îles de l’Océan Indien’ en 1989 ou de la publication de son Livre Blanc en 1998. Cependant, 24 ans après, la COI a connu un succès mitigé. Elle a , de par sa nature et sa dimension géographique, été incapable d’atteindre une masse critique du point de vue économique. Cette situation a conduit à l’adhésion des pays membres à d’autres structures de coopération régionale comme le COMESA, la SADC et le IOR-ARC. Cette multiple appartenance pose un certain nombre de problèmes notamment l’absence d’une politique cohérente en matière de coopération régionale et la difficulté de souscrire au financement de l’organisation. D’autres problèmes se sont accumulés et on peut relever les principaux points suivants : (i) la difficulté de pérenniser les projets une fois que le soutien financier du bailleur de fonds soit arrivé à son terme. (ii) l’instabilité politique au niveau de certains États-membres. (iii) l’incapacité de mettre en place une politique favorisant la libre circulation de la population dans la sous-région. (iv) l’absence d’une stratégie et d’un plan d’action favorisant la participation des Acteurs Non-Etatiques aux actions de la Commission

    Malgré ces problèmes, la COI demeure la seule instance intergouvernementale de la région se focalisant sur la problématique insulaire. D’où la nécessité de consolider sa vocation de coopération insulaire dans une perspective de développement durable. Pour réussir dans cette démarche, il faut que les États-membres aient la volonté politique pour surmonter les problèmes susmentionnés et aussi considérer l’option de s’ouvrir dans un premier temps vers d’autres îles de l’Océan Indien notamment le Zanzibar et les Maldives et dans un deuxième temps d’intégrer les autres îles africaines de l’Atlantique comme Cap Vert, Sao Tome et Principe et la Guinée Equatoriale.
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