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Comores: Validation du plan d'action de l'auto-évaluation des capacités nationales à renforcer pour la gestion de l'environnement national et mondial



  • C’est le samedi 22 mars 2008 que s’est tenu dans la salle de conférences de l’Université des Comores à Moroni, l’atelier de validation du plan d’action de l’auto-évaluation des capacités nationales pour la mise en ouvre des conventions issues du Sommet de Rio. Des représentants des différents ministères et de la société civile avaient pris part à la rencontre. Le coordinateur/ Expert national du projet M. Aboulhouda Youssouf a présenté à l’assistance les grandes lignes du plan d’action après avoir dans un premier temps brossé un tableau du processus qui a abouti à ce résultat.

    Il a précisé que l’Union des Comores a bénéficié d’un appui financier et technique du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour évaluer ses besoins en développement des capacités pour élaborer et mettre en œuvre les trois conventions post-Rio relatives à la conservation de la diversité biologique, à la lutte contre la désertification et aux changements climatiques, en conformité avec ses engagements en vertu de leurs ratifications respectivement en 1994 pour la Convention sur le Diversité Biologique et les changements climatiques et en 1998 pour la convention pour la lutte contre la désertification.
    Il a noté que le pays a pris des mesures sur tous les plans en vue de relever la problématique de la dégradation des ressources naturelles et assurer une meilleure gestion de l’environnement. Mais que ces mesures n’ont pas été suffisantes pour stopper la dégradation de l’environnement. Ainsi donc l’exercice qui a été réalisé, selon une démarche participative, a permis, après avoir énoncé les capacités requises pour exercer une fonction donnée et reconnu les lacunes et les contraintes au développement de ces capacités, d’identifier les capacités à renforcer à tous les niveaux (systémique, institutionnel et individuel) pour chaque fonction clé des obligations de chaque convention qui ont été jugées prioritaires.

    Le plan d’action élaboré vise à évaluer les capacités existantes ou à renforcer pour la gestion de l’environnement. L’objectif est d’aboutir à un programme d’actions de renforcement des capacités qui doit obtenir l’engagement des autorités nationales et locales, des ONG et des secteurs privés.

    L’analyse des lacunes et des contraintes a permis d’établir le diagnostic suivant :

    Niveau systémique : (i) Le cadre politique (la Politique Nationale de l’Environnement, le Plan d’Action Environnemental, la stratégie et plan d’action) n’a jamais été révisé pour prendre en compte l’évolution des besoins. Les politiques sectorielles des autres institutions concernées par la gestion durable de l’environnement (agriculture, pêche, tourisme, transport, éducation - recherche, finances, santé) n’intègrent pas suffisamment la dimension environnementale ; (ii) le cadre juridique et réglementaire est incomplet et ne répond pas à l’ensemble des préoccupations actuelles en vue de constituer un cadre habilitant de mise en œuvre des conventions ratifiées par le pays, les textes d’application de la loi cadre relative à l’environnement ne sont pas tous promulgués. (iii) le cadre économique n’a jamais pu relever le défi de promouvoir des solutions aux problèmes de survie au quotidien des communautés de base en vue de contribuer à la lutte contre la pauvreté; ce qui accentue la pression sur les milieux naturels (déforestation, extractions de sable, pêche illicite; (iv) le cadre consultatif, de concertation et participatif est inexistant (absence d’un organe de haut niveau pour assurer la coordination et la concertation intersectorielles et avec la population).

    Niveau institutionnel : (i) les institutions en charge de l’Environnement ne remplissent pas un mandat clair qui réponde aux priorités nationales telles que définies dans la Politique Nationale de l’Environnement (PNE). Tout comme le reste de la fonction publique, elles ne sont pas efficaces ni efficientes dans leur fonctionnement interne. (ii) La programmation scientifique des institutions de recherche nationale ne définit aucune priorité en matière de connaissances à acquérir. (iii) Les ressources propres sont nettement insuffisantes pour assurer la maîtrise nationale des décisions en matière d’environnement. (iv) Le système d’information environnemental reste très incomplet, comporte des informations non actualisées et manque de données fiables pour assurer une gestion durable des activités d’exploitation des ressources naturelles.

    Niveau individuel : (i) les autorités politiques, peu informées et peu sensibilisées sur les enjeux environnementaux, ne sont pas en mesure d’accompagner les initiatives en cours et de les défendre. (ii) l’absence des spécialistes dans de nombreux domaines essentiels à la gestion durable de l’environnement (biologistes, environnementalistes, agronomes, forestiers, ingénieurs halieutiques, juristes, taxonomistes…), (iii) les opportunités pour le développement des compétences et spécialisations sont très limitées.

    A partir de ce diagnostic, les besoins en capacités à renforcer ont été identifiés ainsi que les actions à mener pour parvenir à la gestion durable de l’environnement de manière plus efficace et efficiente notamment en ce qui concerne la mise en œuvre des trois conventions post-Rio relatives à la conservation de la diversité biologique, à la lutte contre la désertification et aux changements climatiques.

    Cela devrait permettre aux uns et aux autres d’adhérer à « la vision qui guide la conception du programme de développement des capacités qui est que le pays soit en mesure de concevoir et mettre en œuvre de manière autonome des initiatives de gestion de l’environnement dans une perspective de durabilité écologique, économique et sociale, assumant ainsi ses responsabilités envers sa population en respectant ses engagements envers le reste du monde ».
    Dans tous les cas de figure, le projet aura permis de « sensibiliser et d’impliquer toutes les parties concernées (institutions, décideurs et autres intervenants) dans l’identification et la validation des capacités à renforcer pour assurer la gestion durable de l’environnement. Le processus a mobilisé tous les acteurs impliqués dans la gestion de l’environnement dans une réflexion visant à comprendre les causes sous-jacentes expliquant l’état actuel des capacités nationales et concevoir le chemin pour les développer pour être en mesure de répondre aux priorités environnementales mondiales et nationales ».

    Les responsables du projet souhaitent que « La démarche d’auto-évaluation poursuivie pour concevoir une vision cohérente des capacités prioritaires à développer aux niveaux individuel, institutionnel et systémique, dans une perspective d’avenir et d’autonomie, constitue en soi une pierre fondamentale dans la construction du pays, et pourra servir de modèle pour les autres secteurs. En se basant sur les acquis ainsi développés, cette expérience se prolonge effectivement dans des exercices parallèles au sein d’autres institutions nationales. »

    Il est en effet primordial que toutes les structures du pays puisse faire leur, cette démarche, qui permet de toucher du doigt là où le bât blesse pour essayer d’apporter les remèdes correspondant. Une rencontre avec les décideurs est prévue cette semaine pour les sensibiliser sur la question et voir dans quelle mesure ils pourraient apporter leur soutien dans la recherche de financements au plan d’action. « Tsanga nge wutsagiwa » nous dit un adage comorien. On peut espérer que l’appel sera entendu.

    Pour tout contact : aboulhouday@gmail.com
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