Montréal est devenue au cours des dernières années une ville dans laquelle les organisations vouées à la promotion de l’économie éthique et équitable trouvent un terreau fertile. La communauté dynamique qui s’est formée autour du commerce équitable en est une des meilleures illustrations. Derrière la promotion d’un commerce à l’échelle humaine, il y a une panoplie d’organisations dont le travail de recherche sous-tend les initiatives les plus connues. C’est notamment suite à cette constatation que Jason Potts a décidé d’établir FAST (l’Alliance financière pour le commerce durable) à Montréal.
Médiaterre a rencontré Jason Potts, un juriste formé à l’Université McGill avec une spécialisation en droit commercial et en droit du développement durable. Coordinateur de l’Initiative sur les produits durables (Sustainable Commodity Initiative) de l’Institut International de Développement Durable (IISD), il est amené à beaucoup voyager et peut témoigner du statut de pôle de l’économie solidaire que Montréal possède à l’étranger. Le IISD est basé à Winnipeg. Jason Potts en est l’un des associés et l’un des rares représentants au Québec.
Avant de se joindre à IISD en 2002, Jason Potts a travaillé à Ottawa pour le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et à la Commission de coopération environnementale de l’Amérique du Nord. Dans les deux cas, il s’est intéressé aux diverses interfaces entre commerce, développement international et environnement.
Le Sustainable Commodity Initiative (SCI), inauguré en 2002, est une initiative commune d’IISD de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED). L’initiative est dirigée par Jason Potts et vise à identifier des politiques proactives pour mettre en relation les outils de marché et les outils favorisants la promotion du développement durable dans différentes communautés.
Le travail de Jason Potts l’amène à écrire beaucoup. Au cours des dernières années Jason Potts a publié des textes sur des thèmes variés tels que : politiques en matière de concurrence, politiques alimentaires, commerce durable et responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise.
Le mandat du SCI est notamment de réunir certaines grandes multinationales du café comme Kraft ou Nestlé afin de travailler de concert avec des acteurs du milieu communautaire ainsi que des producteurs locaux afin d'atteindre des pratiques d’affaires durables. Pour Jason Potts, « la tâche n’est pas facile mais il est étonnant de constater le degré d’ouverture de ces grandes entreprises ». Il rappelle que « c’est bien là qu’une différence peut être faite à l’échelle de la production caféière (…) le marché [du café] est détenu à 75% par quatre multinationales ». Une compagnie comme Nestlé a tout intérêt à développer des standards de durabilité ou de commerce équitable qui ne soient pas contraire à ses pratiques ou à son intérêt économique. C’est un important premier pas. Jason Potts explique que ce sont toutefois « des standards ou des critères qui demeurent loin derrière ceux développés par des organisations de promotion du commerce équitable comme Fairtrade Labelling Organizations (FLO) par exemple ».
En septembre 2006 lors du Sommet de l’économie sociale et solidaire, on apprenait que, selon un sondage, 50 % des québécois connaissaient l’existence du commerce équitable. Il s’agit d’une popularité presque deux fois plus importante au Québec qu’ailleurs au pays.
Les instituts de recherche qui œuvrent sur des thématiques associées donnent une assise théorique solide au mouvement de sensibilisation du public. Ils stimulent l’innovation par la réflexion qu’ils posent. On parle par exemple de la Commission de coopération environnementale de l’Amérique du Nord (CCE), du Centre canadien d'études et de coopération internationale (CECI), de la Chaire Économie et Humanisme de l’UQAM, du Centre International Unisféra, de l’Observatoire de l’écopolitique internationale ou de l'Institut International pour le Développement Durable (IISD). Comme le dit Jason Potts, « j’ai l’impression que l’éthique internationale passe un peu par Montréal ».
Le milieu montréalais est dynamique et c’est l’une des raisons ayant motivées l’établissement dans la métropole québécoise du siège social de la plus récente initiative d'IISD. Jason Potts y a non seulement travaillé mais il en est le père aux yeux de plusieurs. Il a fondé l’Alliance financière pour le commerce durable (FAST) en mai 2007. L’objectif de FAST est de réunir pour la première fois un large réseau d’acteurs du commerce durable sur la scène internationale afin de mettre en place des solutions visant à améliorer l’efficacité opérationnelle du transfert de financement dédié aux petites et moyennes entreprises durables.
FAST dresse ainsi la table pour un ensemble d’institutions financières et de producteurs engagés dans la production et la vente de biens respectant des critères de durabilité. L’objectif est simple. Jason Potts explique qu’ « il s’agit d’assurer une augmentation du nombre de producteurs dans les pays en développement par un accès plus facile au financement (...) Nous jouons le rôle d’entremetteurs entre ces producteurs et les fournisseurs de soutien financier qui ont les reins solides ; on parle de banques, de fonds d’investissement, etc. ».
IISD trouve donc à Montréal un berceau idéal pour le développement de cette expérience innovante. Elle donne un souffle nouveau au mouvement déjà bien vivant du commerce équitable à Montréal.
22/10/24 à 11h20 GMT