L'énergie solaire absorbée par la surface du continent antarctique
dépend de l'albédo de la neige, c'est-à-dire de sa " blancheur ".
L'albédo dépend quant à lui, de la taille des grains de neige. Phénomène
bien connu des physiciens, les fines particules qui composent la neige,
une fois déposées en surface, tendent à grossir d'autant plus vite que
la température est élevée. Ce grossissement induit une diminution de
l'albédo, ce qui a pour conséquence d'augmenter les températures. Les
climatologues ont toujours eu conscience de l'importance de cette
rétroaction positive.
Mais d'après les nouveaux travaux de
chercheurs du Laboratoire de glaciologie et géophysique de
l'environnement (CNRS / Université Joseph Fourier Grenoble - 1) et de
l'unité mixte internationale Takuvik (CNRS / Université de Laval), cet
effet est partiellement compensé par une rétroaction négative
sous-estimée jusqu'à maintenant. En effet, grâce à des satellites
observant la surface de l'Antarctique dans les longueurs d'onde
micro-ondes, les scientifiques ont montré que, lors des étés marqués par
des chutes de neige estivales fortes, l'albédo n'avait pas changé
significativement : la surface était recouverte de grains de neige fins
se renouvelant constamment. Or, dans le futur, on peut s'attendre à une
augmentation de la précipitation neigeuse en Antarctique. Il est bien
connu que, lorsque les températures sont très basses, l'air est sec et
les précipitations neigeuses peu importantes. En Antarctique, un
réchauffement climatique augmentera donc aussi les précipitations.