Co-organisé
par l'Université Paris 8 et par le LabEx EHNE, avec le soutien de la Fédération
RING, le 5 et 6 décembre 2013 à l'université de St-Denis en France, ce colloque ambitionne de réfléchir
aux effets du passage d'une histoire des femmes à une histoire du genre, voire
à une histoire genrée, à travers des parcours de chercheur-es et des
présentations de travaux récents, actuels, et à venir.
Qu'il soit instrument d'analyse, axe ou champ
de recherche, le genre est sorti de sa confidentialité pour s'affirmer comme un
concept particulièrement dynamique de la recherche scientifique. Dans ce
processus d'affirmation global qui a touché les sciences humaines, la
discipline historique reste en retrait.
Le colloque aimerait interroger cette réserve,
ces doutes, tout en donnant à voir l'essor de cet outil d'analyse en histoire
contemporaine, toutes aires culturelles confondues (particulièrement en
Europe), en insistant sur l'évolution qui a conduit de l'histoire des femmes à
l'histoire du genre et sur le renouvellement historiographique apporté par ces
recherches qui semblent aboutir à une histoire genrée. Aussi une place
importante sera accordée aux travaux des jeunes chercheur-es doctorant-es et
post-doctorant-es : analyse des thématiques de recherche, questionnements
méthodologiques et épistémologiques. Ce moment d'échanges autour des usages du
genre en histoire pourrait s'accompagner d'une réflexion sur les circulations
interdisciplinaires.
Conditions
de soumission
Les propositions de contribution ne devront
pas dépasser 1500 signes (langues possibles : anglais, français, espagnol)
et devront être adressées impérativement
avant
le 30 septembre 2013 à yannick.ripa@orange.fr et
valerie.pouzol@univ-paris8.fr
Argumentaire
Ce colloque ambitionne de réfléchir aux effets
du passage d'une histoire des femmes à une histoire du genre, voire à une
histoire genrée, à travers des parcours de chercheur-e-s et des présentations
de travaux récents, actuels, et à venir. Il se veut attentif à l'articulation
entre les trois termes de son intitulé : l'affirmation du genre a-t-elle
conduit à un enrichissement de l'histoire des femmes ou à son effacement ;
l'institutionnalisation de l'histoire du genre a-t-elle contribué à stimuler
des recherches novatrices ou, au contraire, a amoindri le potentiel subversif
de ce concept ?%u2028En effet, qu'il soit instrument d'analyse, axe ou champ de
recherche, le genre, terme pour le moins polysémique, semble avoir atteint
l'âge de la maturité : en quelques années, les études sur le genre sont
sorties de la confidentialité, voire de la marginalité dont elles pâtirent
durant deux décennies, pour acquérir visibilité et respectabilité.
D'emblée, on postulera à son actif :
d'une part, la fin d'une certaine ghettoïsation des études sur la différence
des sexes et, de ce fait, l'essor des recherches sur le masculin et la
virilité, d'autre part un indéniable enrichissement de la réflexion et donc des
recherches (le genre de la justice, le genre des territoires, genre et
nationalismes, les politiques de genre, genre et conflits...), en raison
notamment de l'intérêt nouveau porté par des collègues jusqu'alors réticents à
prendre au sérieux un sujet " femme ", d'autre part, l'arrivée d'une
nouvelle génération de chercheur-e-s dont la mixité fait rupture avec les
années de jeunesse et même de maturité de l'histoire des femmes.
On avancera à son passif : d'une part,
une dilution de la définition du concept, dont le symptôme majeur est, sans
doute, son usage au pluriel, inconciliable avec sa définition et son objectif
premiers - désigner et étudier la construction de la différence des sexes,
détachés du biologique. Rappelons que cette démarche fut initialement
dérangeante : doit-on en conclure à une sorte de rentrée dans le rang des
études de genre ? D'autre part, et consécutivement à cette évolution,
certains écrits emploient " genre " en lieu et place de
" sexe " ; ce détournement de sens rend inopérant cet outil pour
penser ladite différence des sexes. La banalisation du terme semble donc vider
le genre de sa charge, d'autant plus qu'il tend - dernier effet négatif qu'il
conviendra de vérifier - à faire disparaître les individus de chair et de sang
pour les remplacer par des catégories (masculin/féminin) ; cette évolution
ne risque-t-elle pas de renvoyer les femmes à l'invisibilité ?
Cette montée en gloire du genre n'est donc pas
exempte d'inquiétudes propres à faire débat, comme c'est déjà le cas aux États-Unis ;
elle peut être néanmoins prometteuse invitant à écrire une histoire
genrée : ainsi il est n'est plus concevable d'envisager d'écrire une
nouvelle histoire de l'Europe sans prendre en compte le rôle du genre dans la
constitution des identités européennes.
Responsables
Valérie Pouzol, MCF, histoire contemporaine,
(Paris 8, EA 1571, RING)%u2028Yannick Ripa, Pr, histoire contemporaine (Paris 8, EA
1571, LabEx EHNE, Ecrire une nouvelle histoire de l'Europe-Axe 6 : Genre
et identités européennes)