Source AFP 24 septembre 2013
Au moins quinze pays continuent d'interdire aux femmes de travailler
sans l'accord de leur mari en dépit de certains progrès réalisés dans l'égalité
des sexes, indique un rapport de la Banque mondiale (BM) paru le 24 septembre 2013.
"De
nombreuses sociétés ont accompli des progrès, s'engageant petit à petit à
supprimer les formes tenaces de discrimination contre les femmes, mais il reste
encore beaucoup à faire", souligne le président de la
Banque mondiale, Jim Yong Kim, en préambule du rapport sur les "Femmes, les
affaires et le droit".
Parmi
les 143 pays couverts par ce rapport (sur 193 pays membres de l'ONU), 15
d'entre eux - dont l'Iran, la Syrie, la Bolivie ou le Gabon - donnent
le droit aux hommes de "s'opposer" au fait que leurs femmes travaillent
et à les "empêcher d'accepter un emploi", indique le rapport.
En
Guinée-Conakry, les femmes doivent saisir les tribunaux pour faire annuler la
décision de leur mari de s'opposer, "au nom des intérêts de la famille"
à ce qu'elles entrent dans la vie active.
En
Russie, 456 professions (conducteur de camions agricoles, aiguilleur de trains,
plombier...) leur sont d'office interdites, indique la Banque mondiale.
Dans
au moins 29 pays (Arabie Saoudite, Honduras, Sénégal...), la loi fait par
ailleurs systématiquement des hommes les "chefs de famille" et leur
confie ainsi le contrôle de "décisions cruciales" sur le choix du lieu
de vie, l'obtention de documents officiels (passeports, carte d'identité...) ou
l'ouverture d'un compte bancaire.
La
Banque rappelle que certains pays occidentaux ont eux aussi tardé à accorder
l'égalité de droits hommes-femmes : l'Espagne a ainsi attendu 1981 et la
Suisse 1984 pour permettre aux femmes de se pourvoir en justice sans
l'assentiment de leur mari.
Ce
rapport recense par ailleurs un certain nombre d'avancées sur le globe. En deux
ans, 48 changements de législation répartis dans 44 pays ont "accru" la
parité hommes-femmes, notamment en Côte d'Ivoire où les femmes sont, depuis
2013, libres de travailler sans l'accord de leur mari.
Ces
progrès sont parfois fragiles, souligne le rapport, pointant les récents "revirement
législatifs" en Egypte où des règles constitutionnelles de
non-discrimination sexuelle ont été supprimées avec l'arrivée au pouvoir des Frères
musulmans.
Sur un échantillon plus restreint de 100 pays, le
rapport note enfin que 76 d'entre eux ont mis en place des législations
spécifiques sur les violences conjugales mais que le Moyen-Orient et l'Afrique
du Nord restent à la traîne.