Sherbrooke, le 27 mars 2018 – Dans une étude publiée dans Nature Communications, des chercheurs démontrent que la protection légale dont les groupes familiaux mère-petits bénéficient lors de la chasse à l’ours brun ont un impact positif sur la survie des femelles qui gardent plus longtemps leurs petits que d’autres femelles, ainsi que sur la survie de ces mêmes petits.
La chasse a inévitablement des effets sur les populations animales exploitées. Plusieurs études se sont intéressées aux caractéristiques des animaux qui sont récoltés. Notamment, les chercheurs ont démontré que la chasse sélective a des effets sur les traits physiques des individus, comme la taille, la grosseur des bois ou des cornes, etc. Cependant, peu d’études ont été réalisées en lien avec les effets à plus long terme que la chasse peut avoir sur les animaux qui survivent, par exemple sur leurs comportements.
Joanie Van de Walle, étudiante au doctorat en biologie auprès de la professeure Fanie Pelletier à l’Université de Sherbrooke, s’est intéressée à l’effet de la chasse sur les comportements de l’ours brun. Plus particulièrement, elle a étudié comment la chasse influence les soins maternels chez une population suédoise suivie individuellement depuis plus de 20 ans.
Dans un contexte où la Suède interdit la chasse aux femelles accompagnées de petits, les chercheuses ont comparé deux tactiques de soins maternels; une tactique rapide (les femelles gardent les petits pendant 1,5 an) et une tactique lente (les femelles gardent les petits pendant 2,5 ans). L’avantage de survie des petits compense la perte d’opportunités de reproduction de la femelle. Ainsi, la taille de la population demeure stable, même s’il y a moins de naissances. Cependant, des changements comportementaux chez la femelle et sur la composition de la population peuvent être observés à long terme.
« La protection légale des femelles accompagnées de jeunes a le potentiel d’induire une pression de sélection vers de plus longs soins maternels chez l’ours brun scandinave, commente Joanie Van de Walle. Ceci pourrait avoir des conséquences sur la structure d’âge et le temps de génération de la population. »
« Étant donné que les chasseurs évitent souvent de chasser les mères avec des petits, pour des considérations légales ou éthiques, ajoute Pre Fanie Pelletier, de tels effets pourraient s’observer dans d’autres populations d’ours bruns, mais aussi pour d’autres espèces. Par ailleurs, je tiens à souligner que c’est la première publication de Joanie en tant que première auteure; le fait qu’elle soit dans un journal scientifique de si haut niveau est tout à son honneur. »
Source : Université de Sherbrooke
Crédit photo : Paxson Woelber sur Unsplash
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