Apprentis Chercheurs dans les laboratoires de recherche de l'Ecole polytechnique. Ecole polytechnique / Flickr, CC BY-SA
Jean-Pierre Bourguignon, European Research Council
Cet article est publié dans le cadre du European Science Open Festival (ESOF), où The Conversation France est partenaire.
Depuis sa mise en place, le projet européen a bénéficié aux citoyens aux quatre coins du continent de beaucoup de façons. L’une d’entre elles est la contribution qu’il a apportée au développement de la recherche sur notre territoire commun, organisé par étapes marquées par l’ambition et la variété croissantes des programmes-cadres de recherche et d’innovation de la Commission européenne. Le programme actuel, Horizon 2020, est bâti sur trois piliers : science d’excellence, compétitivité industrielle et défis sociétaux. Le prochain, Horizon Europe, qui couvrira la période 2021-2017, est en cours de négociation entre la Commission européenne, le Parlement et le Conseil de l’Union européenne.
Actuellement les scientifiques travaillant en Europe produisent environ un tiers des tous les résultats obtenus à l’échelle mondiale. Cela est souvent le résultat de collaborations entre chercheurs du continent ou d’ailleurs. Collaborer tout en étant en compétition est naturel pour des scientifiques de haut niveau. Il faut noter que, dans les 30 dernières années, un changement significatif s’est produit en Europe dans la mesure où les échanges entre les scientifiques qui y travaillent ont été encouragés. De même, il s’agit pour eux de travailler de façon plus étroite dans le cadre des programmes mis en place par la Commission européenne et au travers de la mise en place, depuis 2000, de l’Espace de la Recherche européenne (ERA).
ESOF, science ouverte
Parlons maintenant d’ESOF. L’intensité accrue des échanges entre scientifiques en Europe se reflète dans le succès au fil des ans du Forum Ouvert pour la Science en Europe (EuroScience Open Forum). Cet évènement bisannuel attire de plus en plus de scientifiques qui souhaitent interagir avec la société tandis que les journalistes viennent en grand nombre.
Affiche ESOF 2018. ESOF
Dans le cadre de mon association depuis sa naissance avec EuroScience, j’ai eu le privilège d’être témoin du développement du forum depuis sa création en 2004 jusqu’à ce que je devienne président du Conseil européen de la Recherche (ERC) en 2014. ESOF est maintenant devenu un événement reconnu à l’échelle mondiale au cours duquel tous les partenaires impliqués dans la conduite de la science se rencontrent et échangent qu’ils soient des scientifiques, des responsables politiques ou le grand public grâce à des programmes spéciaux disséminés dans la ville qui accueille ESOF.
Cette année, Toulouse, une ville qui a une grande tradition scientifique, est sous le feu des projecteurs pour accueillir les milliers de participants à ESOF 2018. Cela donnera lieu à une semaine très intense : nous y célébrerons la quête de savoir, et la science sera à la fête. L’ERC, le premier programme pan-européen finançant depuis sa création en 2007 des projets de recherche à haut risque et à haut gain, contribue à ESOF avec huit sessions. Pour donner quelques exemples, chirurgie robotisée de prochaine génération ; vols propres ; diplomatie scientifique, ou encore équilibre entre genres dans la communauté scientifique.
Beaucoup de projets scientifiques ambitieux apportant des résultats vraiment nouveaux vont être montrés à ESOF. Bon nombre d’entre eux sont financés par l’Union européenne, notamment via l’ERC qui fait partie du premier pilier d’Horizon 2020. Recevoir un contrat ERC donne de la visibilité et de la reconnaissance. Les contrats ERC sont accessibles aux chercheur·es du monde entier. L’ERC a augmenté le niveau d’ambition des chercheur·es travaillant en Europe, en particulier des plus jeunes en leur garantissant la liberté scientifique et un financement substantiel pour cinq ans.
Curiosité scientifique
L’ERC est un programme qui s’appuie strictement sur les initiatives des chercheur·es. Ils ou elles peuvent poursuivre leur curiosité scientifique et se projeter dans des projets très innovants. Et cela marche ! Une évaluation récente du programme par un auditeur indépendant a positionné l’ERC comme le programme de recherche ayant la meilleure performance à l’échelle mondiale si l’on se réfère aux publications les 1 % les plus cités. Il est maintenant bien connu qu’investir dans ce type de libre recherche de pointe engendre des résultats tangibles profitant à la société tout entière.
Cela permet de formuler de façon pertinente les défis auxquels la société doit faire face : par exemple, cela facilite la compréhension des maladies ouvrant la voie à des traitements. Cela rend possible de suivre et d’agir sur des problèmes environnementaux. Cela n’est pas seulement au bénéfice des citoyen·nes européen·nes, mais des personnes du monde entier, car le produit de la science est un bien collectif qui appartient à la société dans son ensemble.
Les efforts de l’Union européenne pour soutenir les scientifiques dans leurs entreprises les plus audacieuses ont aussi pour résultat de placer l’Europe à la pointe de l’expertise scientifique et de la formation avancée. Ce sont des éléments-clés pour la compétitivité de notre continent dans l’environnement concurrentiel dans lequel nous vivons, face à des pays, par exemple asiatiques, qui investissent massivement pour développer une économie basée sur la connaissance à laquelle ils contribuent maintenant de façon très significative. C’est pourquoi l’Europe, à la fois au niveau national et européen, a besoin de continuer à investir et à développer le talent au plus haut niveau en attirant plus d’esprits brillants venant d’ailleurs.
Jean-Pierre Bourguignon, Président, European Research Council
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.
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22/10/24 à 11h20 GMT