Depuis janvier 2020, la Compagnie forestière Assam (COFA) exploite une superficie de 67 780 ha, faisant partie de l’Unité forestière d’aménagement (UFA) 09-031, située dans les arrondissements d’Oveng et Djoum, département du Dja-et-Lobo, région du Sud-Cameroun. Son activité est motivée par l’avis au public du 23 juillet 2019 portant classement de cette zone de forêt dans le domaine privé de l’Etat. Toutefois, dans la localité d’Oveng, épicentre de l’exploitation forestière, l’on estime que ce projet est venu provoquer la « mort » du parc national de Kom, sur lequel se déploient désormais les activités de la COFA. Ces activités (notamment les bruits des bulldozers, des niveleuses et des Lucas Mill) ont un impact sur la quiétude des primates (gorilles et chimpanzés) qui sortent de leur environnement naturel et se font de plus en plus menaçants.
Sa Majesté Jean Didier Zilli Atong, chef supérieur du canton Fang Sud, en veut pour preuve la présence à la mi-décembre 2020, d’un gorille retrouvé en débandade derrière la résidence du sous-préfet d’Oveng et qui a été refoulé par les agents des eaux et forêts. Dans la foulée, les populations craignent la récurrence des conflits Homme-faune, les risques d’insécurité alimentaire avec la destruction de leurs champs et redoutent l’accaparement de leurs terres. Ils en veulent pour preuve l’interdiction d’aller en forêt accomplir leurs rites cultuels dans les forêts sacrés.
1045 gorilles en danger
De sources officielles, l’exploitation de la forêt par la COFA a été validée par les pouvoirs publics, parce que le parc national de Kom n’était qu’un projet qui n’a pas prospéré. L’aire protégée faisait partie du complexe « parc national de Kom-sanctuaire à gorilles de Mengamé » (PNK-SGM), dont un dossier a été introduit auprès du gouvernement en 2016 pour validation. Le sanctuaire à gorilles a prospéré, mais le projet du parc national n’a pas abouti.
Le président des élites d’Oveng, Joseph Nsom Bekoungou, affirme que l’UFA attribuée à la COFA menace non seulement l’intégrité du parc national de Kom, mais compromet également un projet de conservation transfrontalière pensé entre le Cameroun et le Gabon. En effet, le complexe PNK-SGM est rattaché au Tri-national Dja-Odzala-Minkebe (TRIDOM) et plus précisément à la frontière avec le Gabon, en continuité avec la réserve de Minkebe.
Selon le plan d’aménagement du complexe de conservation parc national de Kom-sanctuaire à gorilles de Mengamé et leurs zones périphériques (2008-2012) publié en octobre 2019, une population totale de 1045 gorilles sevrés et d’environ 169 éléphants a été identifiée.
22/10/24 à 11h20 GMT