Par NFON DIBIE Azara, coordinatrice du programme Beurre de Karité du Gret (Groupe de Recherche et d'Echanges Technologiques) Burkina ; FRANCOIS Martine, responsable de programme Gret France ; DANTHONNY Anne, stagiaire Enda Europe.
Cet article présente les principaux enseignements tirés du projet mené de 2010 à 2012 par le Gret au Burkina Faso dans le cadre du FSP " genre et économie " soutenu par le Ministère français des Affaires Etrangères.
Le marché domestique des amandes et du beurre de karité
L'arbre à karité est présent dans la bande sahélo-saharienne de l'Afrique, qui s'étend de la Gambie dans sa partie occidentale à l'Ouganda dans sa partie orientale. Le Burkina est le troisième producteur (11% de la production mondiale) derrière le Nigéria (1er) et le Mali (2e). Le beurre extrait des amandes du karité est utilisé en milieu rural comme matière grasse en cuisine, dans la pharmacopée traditionnelle et les soins du corps. Dans les zones urbaines, il est utilisé par 25% des ménages comme huile de cuisine. Ses propriétés d'hydratation (vitamines D, E), de maintien de l'élasticité (latex) de cicatrisation de la peau (vitamine A) en font un produit recherché dans les soins esthétiques corporels et capillaires.
Collectées chaque jour, en petite quantité par les femmes rurales en période de soudure[1], les noix de karité sont stockées pour être progressivement transformées en beurre ou vendues à l'état dans les marchés ruraux. La plupart du temps, les ventes sont fonction des besoins familiaux. Les premières transactions sur le karité se font donc davantage en fonction des besoins de sécurité alimentaire que des dynamiques de marché[2].
La collecte des noix concerne 45,4% des ménages agricoles[3] soit au moins 1,5 millions de femmes adultes[4]. Ces femmes travaillent individuellement, ce qui réduit fortement leur position dans la filière, et leur pouvoir de négociation d'un prix rémunérateur. Les amandes sont vendues sur le marché villageois à des collecteurs individuels (petits commerçants villageois), des groupements féminins ou associations de femmes, et des intermédiaires des firmes qui sillonnent les marchés ruraux pour constituer les stocks d'amandes, afin d'approvisionner le marché national, international et ouest africain. Au total, 50% de la production d'amandes est consommée localement et l'autre moitié est exportée.
Le marché d'exportation des amandes et du beurre de karité
L'exportation concerne principalement, en volumes et en valeur les amandes, qui sont utilisées pour l'extraction de la matière grasse destinées aux industries alimentaires (chocolaterie). Les trois principaux acheteurs que sont AARHUS au Danemark, KARLSHAMNS en Suède, LODERS CROKLAAN en Hollande achètent à eux seuls 90% des volumes d'amandes[5] exportées.
Le marché d'exportation du beurre est significativement plus faible que celui des amandes. Il concerne les entreprises de cosmétique localisées en Europe (France, Suisse) et en Amérique (Etats Unis, Canada). Beaucoup d'acteurs de la coopération internationale sont intervenus dans la filière pour améliorer l'accès des femmes aux marchés internationaux de niches (commerce équitable, bio) qui ont l'avantage de proposer des prix intéressants.
Cela permet à un certain nombre de femmes rurales de générer un revenu monétaire, d'augmenter la production, ce qui les oblige à améliorer la qualité de leurs produits. Mais les quantités achetées par ces petites entreprises de cosmétique, restent très faibles par rapport à la capacité de production des organisations féminines.
Cette étroitesse du marché international occasionne une grande concurrence entre organisations sur un marché estimé à 500 - 1000 tonnes par an pour le Burkina, alors que la capacité de chaque union de groupements est de plusieurs centaines de tonnes.
En résumé, on distingue trois chaînes principales de commercialisation dans la filière :
1. Une chaîne dominée par les organisations féminines réparties entre les zones de production (rurale) et les zones de consommation (urbaine et rurale) ;
2. Une chaîne dominée par les professionnels de transformation, que sont les sociétés alimentaires et cosmétiques ;
3. Une chaîne dominée par les exportateurs d'amandes.
Au regard de ce schéma, on distingue 4 catégories d'acteurs sur le marché local :
1) Les femmes rurales: elles sont collectrices des noix qu'elles traitent par un processus d'ébouillantage, de décorticage, de séchage et de stockage des amandes obtenues. Elles produisent le beurre manuellement (travail pénible) pour la consommation familiale et le marché rural.
2) Les groupements féminins de base dans les villages, les associations ou unions d'associations dans les zones urbaines. L'Etat Burkinabé, en créant en 1989 le Projet National Karité, a stimulé le regroupement des femmes dans près de 1400 organisations féminines[6]. On les retrouve dans la production artisanale et semi-artisanale du beurre et des cosmétiques, pour les revendre directement aux consommateurs locaux ou à des sociétés de cosmétiques en Occident.
3) Les commerçants et les intermédiaires: ce sont d'une part les commerçants qui sillonnent les marchés pour constituer des stocks qu'ils revendront aux industriels locaux de la transformation et d'autre part les intermédiaires des firmes qui disposent de plus gros moyens financiers et qui vont jusque dans les villages pour acheter directement aux femmes la matière première à exporter vers la sous région (Ghana, Cote d'Ivoire) et l'international (Europe).
4) Les industries locales de transformation: produisent semi industriellement le beurre brut et des cosmétiques dérivés pour le marché national et sous régional.
En termes numériques, les femmes sont les plus nombreuses et constituent de ce fait la base sociale de la filière karité. En termes économiques cependant, ce sont elles qui gagnent le moins dans la transformation et la commercialisation des amandes et du beurre sur le marché local.
Le développement de la filière par les femmes appuyées par le GRET
Une étude plus fine des rapports commerciaux dans la chaîne tenue par les organisations féminines révèle un gap important entre les revenus générés par les unions pour un nombre réduit de personnes occupées à la transformation (moins d'une dizaine par union), et ceux des groupements ruraux (exemples de Gnogwarbin ou Tanghin Dassouri) qui collectent les amandes, base des produits cosmétiques des unions.
Cette distorsion est une faiblesse car les femmes rurales sont à l'affût de diverses opportunités et peuvent rompre aussi leurs accords. Elles ont intérêt à produire du beurre si elles peuvent l'écouler par leurs propres moyens ou vendre les amandes aux commerçants locaux à meilleur prix. Ces situations se sont présentées récemment, lorsque les acheteurs internationaux d'amandes ont brusquement augmenté leurs prix, mettant les groupements de femmes en difficulté pour acheter leur propre matière première à un prix abordable.
En termes de genre, des intérêts contradictoires s'instaurent, entre des filières formelles majoritairement masculines, et des filières traditionnelles majoritairement féminines qui en perdent le contrôle. Bien que l'image la plus diffusée soit celle d'une filière aux mains de femmes paysannes à la base, on y trouve aussi des commerçants %u2013 très majoritairement des hommes %u2013 qui font l'intermédiation entre les grandes sociétés occidentales et les femmes paysannes. Ils achètent les amandes aux femmes à des prix fixés unilatéralement que les femmes n'ont d'autre choix que d'accepter, pour acheter des vivres à cette période de soudure où les greniers sont vides.
Les sociétés qui ont été créées avec des moyens financiers, matériels et logistiques importants, se sont fait une place remarquable sur le marché international (SAREPTA, VELEGDA) et local (KARILOR, SPH, FASO COSMETIQUES) et ont créé essentiellement des emplois masculins au détriment des femmes confinées dans les maillons primaires de collecte et de production artisanale.
Pour permettre aux femmes de conquérir une meilleure place dans la filière, sur un marché moins aléatoire et en expansion, le GRET a choisi de travailler à un double niveau :
- Permettre aux unions/associations urbaines de diversifier leurs débouchés, en visant le marché urbain national et ouest africain ;
- Permettre aux femmes à la base d'élargir le champ de leurs activités autonomes, sans faire concurrence à leurs unions, en produisant pour le marché local rural qu'elles peuvent apprendre à connaître et explorer, à travers le savon de lessive, un produit dérivé du beurre de karité, répondant aux besoins et au pouvoir d'achat des consommatrices rurales.
Le premier niveau d'intervention : de nouveaux débouchés pour les unions/associations de productrices
Le GRET appuie cinq Unions de production et de transformation de beurre de karité au niveau urbain (UPROKA, RAGUSSI, RIM TEREB SOM, BUAYABA et WEND MANEGDA) en vue d'un meilleur accès aux marchés national et sous-régional. Il a développé sur 2 années une stratégie de promotion, de commercialisation, d'exploration du marché local, dont le potentiel est évalué à 10 000 tonnes pour la ville de Ouagadougou (selon une étude de marché réalisée en 2007).
Mais pour atteindre ce marché, les Unions urbaines doivent acquérir des compétences commerciales qui leur font défaut car lorsqu'elles produisent pour l'exportation, elles attendent d'avoir la " commande " pour produire. Or pour conquérir un marché local il faut prospecter, produire en avance, livrer et suivre les clients, ce qui nécessite un savoir faire que le projet les aide à acquérir.
Des actions de prospection et de promotion ont été réalisées en 2010 et en 2011. Elles ont permis l'extension du réseau de distribution des produits des unions (UPROKA, RAGUSSI, RIM TEREB SOM et BUAYABA) à plus de 64 nouveaux points de vente dans la capitale burkinabé. Le marché sous régional a été prospecté par les unions lors de Foires internationales (FIARA au Sénégal, FARA au Burkina). Les femmes ont démontré leur capacité à profiter de ces opportunités en écoulant des quantités significatives (5 tonnes de produits) lors de leur première participation à la FIARA au Sénégal.
La promotion doit s'appuyer aussi sur l'amélioration de la qualité et d'une présentation adaptée aux demandes des consommateurs urbains africains, qu'il s'agisse du beurre alimentaire (nouveaux grammages de conditionnements, changement des emballages et étiquetages) ou des cosmétiques.
Photo : amélioration des emballages, ici le beurre de karité alimentaire commercialisé par l'Union UPROKA © Gret, 2010
Le second niveau d'intervention : organiser les femmes rurales collectrices autour d'une nouvelle activité productrice
Le GRET a demandé aux Unions de choisir parmi leurs membres, cinq groupements ruraux fournisseurs d'amandes ou de beurre de karité, afin de les aider à développer des activités productives complémentaires à base de karité. Certains de ces groupements commercialisaient des savons de lessive artisanaux. Ils ont reçu une formation sur la technique de saponification à partir du beurre de karité et d'huile de coco, un investissement dans du matériel de production du savon et une formation sur les bases de la gestion comptable et commerciale.
Puis le GRET a appuyé la promotion commerciale du savon produit par les femmes collectrices, à travers l'organisation de 4 manifestations commerciales (kermesses villageoises). Les femmes ont montré à leur communauté ce qu'elles produisent, et ont suscité l'intérêt des commerçants qui s'approvisionnent dans les grandes villes en savon importé. Elargir ce marché local rural, le diversifier, fait donc partie de la stratégie de construction d'une filière aux mains des femmes.
Comment maintenir une partie de la filière aux mains des femmes ?
Ce projet affronte à la fois les défis liés à la lutte contre la pauvreté, et les obstacles classiques à la création d'activités économiques (problèmes de disponibilité de certains intrants, variations des prix du marché international, manque de formation initiale des actrices, refus des consommateurs de consommer un produit traditionnel) mais aussi les questions de genre, c'est-à-dire les inégalités femmes/hommes.
L'approche genre pour comprendre les obstacles au développement de la filière par les femmes
Inséré dans un consortium d'ONG, le projet du Gret a pu introduire une perspective de genre grâce à des formations destinées aux professionnels dirigeant les projets de terrain (trois ateliers internationaux au Burkina et au Sénégal, une formation au siège de l'OIT à Turin, une participation à un atelier du forum social à Dakar, 2 ateliers nationaux et des échanges multiples...), qui ont permis de renforcer le diagnostic et la stratégie genre au niveau rural et urbain. Une experte genre burkinabé accompagne désormais l'action. Les dirigeantes des unions et groupements ont été associées à ces ateliers.
Ces analyses ont fait ressortir les questions auxquelles sont confrontées les femmes rurales ci-après.
Les contraintes de temps pour mener d'autres activités génératrices de revenus
L'utilisation de l'outil du " budget-temps " lors d'ateliers participatifs avec les femmes rurales a montré de fortes contraintes de temps, en tant que femmes d'agriculteurs ou agricultrices elles mêmes, en contradiction avec leurs déclarations initiales de disponibilité. Cette déclaration doit être comprise comme un besoin ou un désir d'amélioration de leurs revenus monétaires, et non une possibilité immédiate. Les femmes en ont conclu qu'elles doivent modifier la répartition des tâches hommes/femmes pour développer de nouvelles activités pérennes, afin de fidéliser leur clientèle et donc proposent de faire une " sensibilisation " auprès des hommes pour qu'ils renforcent eux-mêmes beaucoup plus leur présence dans les champs et libérer un peu les femmes, afin qu'elles puissent produire et vendre le savon, non seulement en saison sèche mais également en hivernage.
Le schéma ci-dessous montre comment s'imbriquent leurs activités génératrices de revenus, domestiques et productives non monétaires : la production de mil germé, la nouvelle production de savon et la contribution à l'agriculture familiale vivrière ou de rente.
Schéma : budget temps d'une femme en milieu rural en saison hivernale, tel que réalisé dans un atelier participatif du projet
Malgré son emploi du temps très chargé en hivernage, la femme fournit un grand effort pour maintenir une participation de quelques heures journalières aux activités du groupement de production du savon, souvent en abandonnant certains travaux agricoles, notamment dans son champ personnel. Mais cela exige une modification des équilibres familiaux et elle se voit souvent obligée de réduire la fréquence de la production du savon.
Ceci est à l'origine de l'idée de rotation au sein du groupement de femmes. Ainsi la production collective permet-elle l'émergence de nouvelles activités. Pour modifier les rapports de genre, les femmes investissent dans cette activité, pour peu qu'un projet leur ouvre une possibilité d'analyse et de discussion autour des stratégies et perspectives.
L'accès aux ressources de production
Dans certaines localités, l'accès à la collecte des amandes de karité est difficile car traditionnellement, la femme n'est pas propriétaire de la terre. Son mari, oncle ou frère lui prête la terre pour la cultiver. Aussi tout ce qui se trouve sur ce champ ne lui appartient pas (arbres, bois, amandes) mais relève de la propriété de ceux qui détiennent ces terres et donc de leur accord pour collecter les amandes. Pour produire le beurre de karité, les femmes rurales travaillent manuellement, ce qui est lent et pénible. Elles n'ont pas accès à un matériel de production mécanisé, contrairement aux Unions urbaines. Elles ne disposent pas souvent de moyens de déplacement (vélos, charrettes) et doivent effectuer parfois de longues distances (5 à 10 km) pour rejoindre un moulin.
L'utilisation du matériel de production
L'utilisation du premier matériel de fabrication du savon était rendue difficile par la force physique qu'elle nécessitait. Par exemple, la table de coupe était trop haute pour leur permettre de découper harmonieusement le bloc de savon. Quand elles arrivaient à le faire, il fallait les placer dans une presse à savon, dont la pédale était difficile à actionner. Au bout de la chaîne, les femmes obtenaient des savons aux formes aléatoires et sans marques, que les commerçants refusaient d'acheter, pour défaut d'esthétique. Malgré les réparations faites, les machines ne donnaient pas satisfaction.
Le programme a dû recourir à des nouveaux matériels plus simples d'utilisation. Le fait que l'utilisation de certaines machines requiert une force physique masculine, est un frein à la maîtrise par les femmes de certaines tâches mécaniques, et un obstacle au développement de leurs activités dans la filière.
Pour surmonter les obstacles : des formations et un accompagnement genre
L'accompagnement par une experte genre a permis de délier la parole des femmes rurales qui ont ainsi osé poser plus clairement les problèmes qu'elles rencontraient. Ce travail de développement personnel est indispensable pour que les difficultés soient mises sur la table. Les femmes ne sont pas habituées à critiquer ouvertement une entité qui les finance ou les accompagnent. Cela peut certes arriver aussi dans d'autres projets avec des hommes, mais avec des femmes rurales, le tabou de la prise de parole publique et surtout de la critique est beaucoup plus fort.
Les femmes ont bénéficié de formations sur l'organisation et la structuration des groupements qui ont influencé positivement leur conception du groupement et mobilisé leur volonté de sortir de la pauvreté par elles mêmes. Leur leadership s'affirme progressivement lorsque pendant les campagnes de promotion du savon (dassandaga, les kermesses villageoises) elles s'expriment en public dans un milieu où elles n'ont pas facilement droit à la parole. Leurs compétences d'organisation et de commercialisation se développent avec l'organisation pratique de ces manifestations, la prise de parole aux cotés des animateurs pour sensibiliser la population et vanter les mérites de leur savon.
La concertation avec les hommes de la communauté fait partie du processus de négociation que mène le GRET pour l'autonomisation des femmes rurales à travers l'activité karité. Par exemple dans le village de Gnogwarbin l'échange entre les femmes du groupement et des membres du Conseil Villageois de Développement (CVD), des conseillers municipaux représentant le village à la commune rurale a porté sur des préoccupations des femmes dans la promotion de leur activité, notamment la recherche de débouchés pour le savon qu'elles produisent.
Ces échanges ont permis aux hommes de promulguer des conseils aux femmes en matière de production et de commercialisation des produits et aussi de porter le message des femmes jusqu'au niveau communal auprès du Maire.
La position politique de certaines femmes productrices de savon (dont une conseillère municipale à Gnogwarbin) a facilité l'organisation de la rencontre avec le Maire de la commune et la transmission des messages. Cette rencontre a permis aux deux déléguées du groupement de Gnogwarbin de présenter à la première responsable de la commune leur activité, ainsi que les difficultés d'accès au marché. Elles ont formulé le souhait d'obtenir le soutien de la commune dans le plaidoyer mené en faveur de l'activité des femmes. La maire a signifié son accord avec le programme ainsi que sa volonté de soutenir ce groupement. Ceci a encouragé les représentantes du groupement et déjà elles ont pris l'initiative de commercialiser le savon lors des conseils municipaux.
Lutter pour l'autonomie des femmes rurales en commençant par lutter contre la pauvreté
Il est perceptible dans ce projet que les femmes s'autonomisent autant en s'organisant, en renforçant leur capacité à discuter, négocier, se former, travailler ensemble, qu'en gagnant de l'argent. Mais il est certain aussi qu'elles ne pourront gagner de l'argent qu'en investissant dans leur organisation.
De façon générale, l'intervention du Gret s'inscrit dans un processus de renforcement des capacités et d'autonomisation des femmes en se basant sur la participation des actrices directes du programme (femmes des groupements ruraux et Unions urbaines) et d'autres acteurs (communautés, époux, etc.). L'accent est mis sur la formation des femmes et sur la concertation, les échanges sur les expériences, pratiques et comportements existants pour faciliter le processus de changement en faveur d'une plus grande équité dans les relations femmes/hommes. Cela permettra à long terme aux actrices de développer de nouveaux dispositifs applicables à l'ensemble de leurs projets.
Outre la satisfaction liée au fait d'avoir identifié une nouvelle source de revenu et de participer à une expérience de petite industrie, les femmes ont reconnu d'autres acquis sociaux, parmi lesquels :
- une nouvelle dynamique de cohésion et de solidarité dans le groupement autour de l'activité ;
- un éveil et une responsabilisation pour lutter contre la pauvreté par elles mêmes ;
- un esprit d'entreprenariat qui les positionne comme actrices dans le développement économique de leur localité ;
- un esprit coopératif qui reconnaît le rôle et l'importance du travail en groupe ;
- une volonté d'auto-détermination, issues de la combinaison de formations humaines, économiques, techniques reçues.
A entendre le témoignage des femmes, les évolutions dans leurs vies sont multiformes, au-delà des aspects purement économiques. " Nos yeux s'ouvrent sur le monde. Nous comprenons beaucoup de choses et savons désormais où nous allons ".
Perspectives
L'objectif étant de mobiliser les femmes membres des groupements et du village autour de l'activité savon afin de faire d'elles les premières clientes du savon produit par le groupement, il est nécessaire qu'une concertation large avec toutes les femmes du village pour une sensibilisation/plaidoyer en faveur du savon soit réalisée. C'est à cette promotion par l'exemple et au suivi des modifications de répartition des tâches agricoles entre femmes et hommes que le projet s'emploie désormais.
Références
- SNV, 2006 Rapport final Stratégie de développement de la filière karité %u2013 Approche de la SNV Ouagadougou
- Jean Marc SIKA et Rinus Van Klinken, 2006 Etude de la filière Karité au Ghana et au Burkina Faso, SNV Burkina Faso
- ICCO 2012, Etat des lieux de la filière Karité au Burkina Faso, Ouagadougou SICAREX
- François M., Niculescu N., Badini Z., Diarra M. Juillet-Août 2009Le beurre de karité au Burkina Faso : entre marchés domestique et filières d'exportation, Cahiers Agricultures vol.18, n°4,
- Saussey M. Nov-Déc. 2008 Approche par genre : Nouvelles formes de reconnaissance des femmes burkinabé dans la production collective du beurre de karité ", Cahiers Agricultures vol.17, n°6,
[1] Période difficile entre juin et octobre où les agriculteurs ont épuisé leurs stocks de céréales, et attendent les nouvelles récoltes.
[2] Etude de la filière Karité, Jean Marc Sika et Rinus Van Klinken, 2006, Document SNV.
[3] Direction Générale de la Promotion de l'Economie rurale (DGPER) - Rapport provisoire RGA 2006.
[4] Calcul fait sur la base d'une moyenne de deux femmes par ménage en milieu rural.
[5] Etat des lieux de la filière, SICAREX, mars 2012.
[6] Etat des lieux de la filière karité, SICAREX Mars 2012.
15/10/24 à 07h39 GMT