Intensification durable, écologique, agroécologie, révolution doublement verte... les expressions ne manquent pas pour désigner le besoin d'innovation pour le futur de l'agriculture dans le monde et en particulier en Afrique. Si la multiplication de ces concepts nourrit les controverses, elle peut aussi freiner la dynamique nécessaire à l'Afrique pour faire face aux multiples défis que sont la sécurité alimentaire, l'emploi, la gestion de ses ressources. En réponse à cette situation, une ambitieuse initiative européenne de partenariat avec l'Afrique sur les diverses voies de l'intensification durable, Intensafrica, a été lancée. Portée par le Cirad et l'Université de Wageningen, elle vient d'être présentée dans le cadre de la 6e Semaine africaine des sciences agricoles, à Accra au Ghana. Désormais, c'est avec l'implication totale de la recherche agricole africaine - au travers du Forum africain pour la recherche agricole (Fara) - que l'initiative va se poursuivre.

L'initiative a pour objectif de monter un vaste programme de coordination des recherches sur l'intensification durable en Afrique subsaharienne. Le programme devrait constituer un des moyens de la mise en oeuvre de l'Agenda pour la science de l'agriculture en Afrique (ASAA) au sein duquel la diversité de l'agriculture africaine est déjà une préoccupation majeure. " C'est bien en travaillant sur cette diversité que l'on peut considérer différentes voies d'évolution de l'agriculture et de la place de l'agriculture dans les économies nationales ", souligne Philippe Petithuguenin, directeur général délégué adjoint à la recherche et à la stratégie au Cirad.

Selon la philosophie du futur programme Intensafrica, il n'y a pas de modèle meilleur qu'un autre. " Il existe des controverses et nous en prendrons acte, précise Etienne Hainzelin. Mais notre rôle ne sera pas de les arbitrer. En revanche, les questions de recherche et les connaissances produites permettront d'alimenter les débats. " A terme, il s'agira de pouvoir effectuer des choix éclairés parmi une multitude de modèles alternatifs en fonction de chaque contexte environnemental, économique et social. Une approche originale qui ne se substitue pas à celles, plus spécialisées, de type filière ou plante, mais qui les complète.