Attention requin ! On le craint, on l’évite, on le redoute et pourtant on s’en inspire de ce requin-muse. Une belle histoire existe entre l’homme et ce poisson carnivore, une histoire de mimétisme.
L’homme a toujours copié la nature et s’en inspire pour améliorer son quotidien.
Sans carapace, sans peau élastique ou d’acier, sans branchies pour respirer, sans ailes pour voler, l’homme a besoin de se créer des outils pour se mettre en accord avec la nature. Et les chercheurs l’ont bien compris.
Le requin est utilisé depuis des siècles pour répondre à ces attentes. De manière sanguinaire, les pêcheurs au long cours ont récolté l’huile de requin pour allumer les lampes. Aujourd’hui plus raisonnés, nous cherchons à mimer les propriétés de ce poisson géant. Sa peau est en effet une mine d’or.
Dans l’eau…
Rugueuse elle est composée de millions de «denticules «, des petites écailles en forme de dents. Elles favorisent son déplacement dans l’eau, réduisent la friction entre son corps et l’eau. Sur une surface lisse, l’eau en déplacement a tendance à former un vortex. Des petits tourbillons qui permettent de ralentir le déplacement du corps dont la surface est lisse. Une texture donc qui intéresse particulièrement l’industrie du vêtement et de l’aéronautique.
Les fabricants de maillot de bain s’en inspirent pour améliorer la vitesse des nageurs. En effet le requin n’utilise pas que sa nageoire caudale- sa queue qui est en fait une nageoire – pour atteindre une vitesse de nage de 50 kilomètres par heure. Chacune de ses écailles participe à l’effort. Des équipementiers de natation ont donc créé une combinaison de nage directement inspirée de l’épiderme de requin. Et de là, plusieurs records de natation sont tombés en 2008 et 2009. Lors des Jeux Olympiques de Pékin, Michael Phelps a raflé huit médailles avec un maillot de ce type. Jugés trop efficaces, ces maillots ont été interdits en compétition.
George Lauder et Johannes Oeffner, de l’Université d’Harvard, ont voulu faire le point sur ces deux questions. Un article paru dans le Journal of Experimental Biology démontre que les écailles de requins améliorent la locomotion aquatique uniquement lorsqu’elles sont sur une surface souple. Elles sont même capables de produire une poussée ! En revanche, les combinaisons imitant la peau des squales ne procurent aucun avantage hydrodynamique aux sportifs – l’hydrodynamique, la science du mouvement des liquides incompressibles et des résistances qu’ils opposent aux corps qui se meuvent par rapport à eux.
Dans l’air…
La compagnie aérienne allemande Lufthansa, est en cours de test avec l’application de petits carrés de vernis imitant la peau de requin sur plusieurs surfaces extérieures de deux Airbus A340-300. Selon les chercheurs, si l’avion est recouvert entre 40 et 70 % de ce vernis, environ 1% de carburant pourra être économisé. Pour info : la feuille de lotus intéresse également les scientifiques. Les gouttes d’eau glissent sur la surface de la feuille sans adhérer grâce à des microspores. Une vertu autonettoyante est déjà utilisée pour l’aménagement intérieur de l’Airbus A380.
Et sur la route
Si les avions peuvent améliorer leur conduite, les voitures aussi. Les caractéristiques du requin ont été appliquées sur des voitures. La compagnie française Peugeot a habillé sa voiture Exalt sur la partie arrière du véhicule avec un textile baptisé Shark Skin (peau de requin). Sa structure à fines stries parallèles reproduit celle de la peau de requin et canalise les flux d’air.
Autre utilisation plus répandue, copier les vertus du cartilage de requin. Comme tous les tissus cartilagineux, le cartilage de requin n’est pas irrigué par le sang. Il contient des substances qui empêchent la formation de vaisseaux sanguins. De plus, selon une croyance, les requins n’auraient pas de cancer. Une croyance pas tout à fait partagée, et qui entraine malheureusement l’exploitation de requin pour des activités humaines. Une des plus grandes usines se trouverait au Costa Rica.
Source : GaïaPresse
15/10/24 à 07h39 GMT