L’Instance permanente sur les questions autochtones a entamé la deuxième journée des travaux de sa seizième session, l’occasion pour de nombreux délégations et représentants de peuples autochtones d’appeler les États Membres à combler le fossé entre les engagements pris dans le cadre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et sa mise en œuvre effective sur le terrain.
Venue présenter les grandes lignes de la réunion du Groupe d’experts sur la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, Mme Aysa Mukabenova, l’une des sept experts de l’Instance, a notamment souligné l’urgence de traduire cet instrument juridique en réalité et de réduire le fossé qui existe entre la théorie et la pratique.
« Les recommandations restent sans intérêt si elles ne sont pas mises en œuvre sur le terrain », a renchéri la représentante du Danemark, tandis que le représentant de l’Assemblée des Premières Nations du Canada a souligné que la mise en œuvre de la Déclaration exige une coopération tant politique que technique entre les peuples autochtones et les États Membres.
De nombreux appels ont été lancés pour veiller au respect du droit à l’autodétermination des peuples autochtones, conformément à l’article 3 de la Déclaration, ainsi qu’au respect du principe de consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, tel que stipulé dans l’article 10.
À ce sujet, la représentante de « Seventh Generation Fund for Indigenous Peoples », des États-Unis, a notamment engagé les États Membres à pleinement respecter ce principe avant de lancer tout projet sur les territoires autochtones, en particulier les projets miniers et d’extraction du sous-sol.
Lui emboitant le pas, la représentante de l’Indigenous Persons with Disabilities Global Network, également des États-Unis, a indiqué que son peuple s’oppose à la construction d’un pipeline en territoire sioux et « défend la terre sacrée de Standing Rock ». Elle a appelé le Gouvernement américain à cesser de militariser les terres autochtones, dénonçant notamment le saccage de nombreux sites sacrés, et la pollution de l’eau.
Le représentant de l’Asociación Nacional Indigena Salvadoreña a déclaré, de son côté, qu’une « vague de haine et de discrimination » avait été inspirée par les actions du Gouvernement des États-Unis, ce qui avait des conséquences pour tous les groupes autochtones du monde.
« Dix ans après la signature de la Déclaration, les peuples autochtones continuent d’être considérés comme des obstacles au développement », a constaté avec déception un des experts de l’Instance, M. Brian Keane, qui s’est notamment inquiété de l’augmentation du nombre d’autochtones assassinés pour avoir défendu leurs droits fonciers.
Sollicitée pour concilier les positions, une autre experte de l’Instance, Mme Tarcila Rivera Zea, a recommandé de recenser, à la fois, les obstacles à la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et les exemples de mise en œuvre.
« Si nous continuons à parler seulement de problèmes, sans mentionner les succès, nous risquons de tomber dans un dialogue de sourds sur les bons et les méchants », a-t-elle notamment estimé.
Son homologue, M. Jen Dahl, a recommandé, de son côté, que les organisations autochtones éclairent l’Instance sur les moyens qu’elles ont employés pour interpeler leurs gouvernements afin de les inciter à mettre en œuvre la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.
L’Instance poursuivra ses travaux demain, à partir de 10 heures, avec un débat consacré à la mise en œuvre des six domaines d’activité de l’Instance permanente.
(2e réunion) Instance permanente sur les questions autochtones - 16e session
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15/10/24 à 07h39 GMT