Profitant de l’évolution de la réglementation française, la commune de Marmagne (Cher) s’est lancée dans un projet d’autoconsommation collective, qui devrait être opérationnel dès l’an prochain. Une initiative qui tend à se développer dans le pays, alors que la France semble avoir bel et bien pris le virage de la transition énergétique.
Depuis le 15 novembre dernier, la commune rurale de Marmagne, dans la région Centre, s’est fait une place sur la carte de France. Peuplée d’à peine plus de 2 000 habitants, la municipalité est la première dans l’Hexagone à s’être lancée dans un projet d’autoconsommation d’électricité via des panneaux solaires installés par Omexom, filiale du groupe Vinci. Baptisé SmartMargne, l’opération consiste à produire soi-même du courant afin d’alimenter, dans un premier temps, neuf bâtiments publics, 78 points d’éclairage, une borne de recharge pour véhicules électriques ainsi que 61 logements de la commune. Dès 2018, ce dispositif devrait permettre de couvrir 69 % des besoins énergétiques publics. Il s’appuiera notamment sur un système de gestion intelligente des consommations et l’installation de batteries de stockage d’une capacité de 100 kW.
Rendu possible par la loi du 24 février 2017 sur l’autoconsommation collective, le projet SmartMagne est le premier à voir le jour à l’échelle d’une commune. Il n’est toutefois pas unique en France : une dizaine de tests serait déjà en cours cette année, dont le premier à Perpignan regroupant un producteur tertiaire et quatre individuels. En s’associant pour produire et consommer leur propre électricité, les copropriétés, offices HLM, quartiers voire même collectivités peuvent effectuer des économies grâce à la baisse du prix d’achat et d’installation des équipements photovoltaïques et éoliens. Qu’elle soit partielle ou totale, l’autoconsommation électrique permet également, de par son fonctionnement basé sur les énergies renouvelables, de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), principales responsables du réchauffement climatique. Pour les fournisseurs d’énergie, cette décentralisation de la production d’électricité ne les place plus seulement en position de vendeurs, mais aussi d’acheteurs du surplus de courant produit.
L’autoconsommation bouscule le marché de l’énergie français
Cette tendance à l’autoconsommation, qui se retrouve également dans le domaine alimentaire avec la multiplication des potagers individuels et des jardins partagés, bouscule le marché de l’énergie français. Elle s’inscrit dans la loi sur la transition énergétique du 17 août 2015, qui vise à diminuer de 40 % d’ici 2030 ses émissions de GES par rapport à 1990, et de 75 % d’ici 2050. Pour ce faire, la France s’est engagée à porter à 32 % la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale en 2030 (contre 19 % en 2016) et à fermer ses dernières centrales au fioul et à charbon respectivement d’ici 2018 et 2022. Afin de tenir les engagements de l’État français pour l’environnement, Nicolas Hulot a toutefois dû renoncer à une autre promesse des précédents gouvernements : réduire la part du nucléaire à 50 % du mix électrique d’ici 2025. Le jour même de la publication par RTE (Réseau de transport d’électricité) d’un bilan prévisionnel présentant plusieurs scénarios à l’horizon 2035, le ministre de la transition écologique et solidaire a préféré préserver la baisse des émissions de GES plutôt que celle de la production électrique d’origine nucléaire, jugeant les deux objectifs incompatibles avec le calendrier initial.
Dans ses quatre prévisions à l’horizon 2035, RTE mise, outre la fermeture de 9 à 52 réacteurs nucléaires, sur la croissance des énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien terrestre et maritime), la stabilisation ou diminution de la consommation électrique ainsi que le développement des véhicules électriques et de l’autoconsommation. Preuve que cette dernière tendance gagne du terrain, plus de 350 000 ménages français auraient déjà fait le choix de produire leur propre électricité, et 47 % seraient prêts à investir dans des panneaux solaires, selon un sondage publié en juin 2016. Avec la mise en service des nouveaux compteurs Linky depuis fin décembre 2015, l’autoconsommation d’électricité est d’autant plus facilitée qu’elle est maintenant rapide et gratuite. En plus de surveiller sa consommation d’électricité en temps réel, l’installation du boitier intelligent permet de raccorder sur le réseau sa production en autoconsommation à partir de panneaux solaires ou d’installations éoliennes. Accessible dans un délai de 15 jours via le site internet d’Enedis (ex-ERDF), qui doit déployer 35 millions de nouveaux compteurs sur le territoire français d’ici 2021, ce raccordement à Linky coûte en moyenne 600 euros moins cher. Pas étonnant, dans ces conditions, que 40 % des foyers équipés de panneaux photovoltaïques aient souhaité se mettre à l’autoconsommation en 2016, selon Enedis.
15/10/24 à 07h39 GMT