Les jeunes, en particulier, sont très exposés aux traumas sonores en raison de pratiques à risques de plus en plus nombreuses. Il existe pourtant des bons gestes à adopter pour préserver son capital auditif. Revue de détail.
Selon l’Observatoire du groupe Optic 2000 – auquel appartient le réseau d’audioprothésistes Audio 2000 – les pertes auditives liées au bruit pourraient toucher jusqu’à 10 % des adolescents. Et l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) confirme que presque 10 % des moins de 25 ans présentent déjà un audiogramme pathologique. D’autres études ont montré que la part de 18-35 ans qui font un usage fréquent et intensif de musique « amplifiée », avec casque ou écouteurs, est en forte augmentation. L’exposition prolongée et répétée à des sons amplifiés dans les boîtes de nuit ou les concerts constitue aussi une pratique à risque qui peut entraîner des lésions auditives. « On peut imaginer qu’un jeune d’aujourd’hui aura, dès l’âge de 45 ans, l’audition d’un sénior de 65 ans », alerte l’association JNA (Journée nationale de l’audition).
Face à un tel constat, la recherche de solutions pour préserver l’oreille des jeunes devient une priorité de santé publique. « La seule perte d’audition que l’on ne peut prévenir, c’est celle qui survient avec l’âge, au-delà de 50-60 ans », rappelle le Dr Pierre Anhoury, ancien directeur de l’association Agir pour l’Audition et membre du groupe de travail sur l’audition à l’OMS. Depuis plusieurs années, la législation française impose des seuils à ne pas dépasser pour l’écoute musicale : 100 dB au casque et 105 dB en salle pour le niveau sonore moyen, 120 dB pour le niveau de crête. « Il faut limiter non seulement la puissance sonore, mais aussi la durée d’exposition », souligne le Dr Anhoury. « À 105 ou même 100 dB en discothèques, au-delà de quelques minutes, on peut avoir une destruction irréversible des cellules ciliées ».
Il existe également quelques bonnes habitudes à adopter pour protéger ses oreilles. Les audioprothésistes du réseau Audio 2000, fortement engagés dans la prévention, en particulier auprès des jeunes, ont listé ces réflexes simples qui permettent préserver son capital auditif. « Nous souhaitons faire comprendre aux jeunes qu’il ne faut pas attendre 50 ans pour préserver ce capital, et que tout commence dès 20 ans, âge auquel l’audition commence déjà à baisser », explique ainsi Marie Legrand, directrice générale d’Audio 2000.
Préserver la qualité de son sommeil
La qualité du sommeil de l’enfant est primordiale pour son développement physique et mental. Elle doit être préservée en évitant d’utiliser des appareils audiovisuels ou ménagers trop bruyants, même pendant sa sieste. La qualité du sommeil est également importante pour les adultes, une nuit bruyante participant à la fatigue auditive. Si l’on habite dans un environnement bruyant ou si son conjoint ronfle, il ne faut pas hésiter à utiliser des bouchons « spécial nuit ».
Prendre soin de ses oreilles
Il est fortement conseillé de couvrir ses oreilles quand il fait froid,avec un bonnet ou une capuche, surtout lorsqu’on vient de se laver les cheveux ou que l’on sort de la piscine. Car l’eau restée dans les oreilles accélère et renforce le refroidissement. Il convient également de nettoyer le pavillon de ses oreilles et l’entrée du conduit auditif avec de l’eau et du savon une fois par semaine pour enlever l’excès de cérumen. Mais attention, cette substance naturelle protège le conduit auditif, il ne faut donc pas l’éliminer en totalité. Les cotons-tiges sont à éviter car en les enfonçant dans le conduit, on peut l’irriter, voire le blesser ou créer des bouchons de cérumen, ce qui renforce les risques d’eau stagnante dans l’oreille et donc de prolifération des bactéries.
Se protéger des nuisances sonores
Au-delà de 80 décibels (tondeuse à gazon, jeux vidéo, concerts, cinéma, etc.), nos oreilles souffrent. Le temps d’exposition aux environnements bruyants doit donc être limité. Tout comme le volume d’écoute musicale des casques ou des oreillettes qu’on laisse trop souvent dépasser les 100 décibels ! Dans les night clubs ou les concerts, il est conseillé de s’éloigner des enceintes et de faire des pauses de 30 minutes toutes les deux heures… Puis mettre ses oreilles au repos, au calme, pour un temps de récupération de 12 à 24 heures. Une bonne isolation acoustique du logement est également une solution à privilégier.
Oser les bouchons anti-bruit
Pour protéger ses tympans, il n’existe rien de plus simple et de plus efficace que les bouchons anti-bruit. Pour les concerts, ils sont spécifiquement conçus pour l’écoute musicale et munis d’un filtre acoustique permettant de bloquer les fréquences sonores dangereuses sans rien retirer à la qualité du son. Il existe également des bouchons anti-bruit spécialement adaptés pour les personnes évoluant dans un environnement professionnel bruyant, pour les musiciens, les bricoleurs, les chasseurs et les amateurs de tir sportif….
Rester attentif à tous les signes
Il est important de rester attentif à tous les signes affectant l’audition : bourdonnements, sifflements, sensation d’oreilles cotonneuses, douleur, sensibilité accrue au bruit, difficultés à entendre quand la musique s’est arrêtée, migraines… Et si un acouphène (son persistant comme un sifflement, bourdonnement ou grésillement que l’on est seul à entendre) s’installe suite à une exposition sonore violente, il faut contacter les urgences ORL dans les 24 heures.
Se méfier de l’humidité
En sortant de l’eau, après une baignade ou une douche, il convient d’évacuer toute l’humidité de son conduit auditif, afin de limiter les risques d’irritation ou d’otite provoqués par d’éventuelles bactéries. Pour bien sécher le conduit de son oreille, il faut pencher la tête d’un côté puis de l’autre afin d’évacuer le plus d’eau stagnante possible, puis essuyer soigneusement le pavillon avec un mouchoir en papier ou le coin d’une serviette propre. Mais la meilleure protection contre l’humidité reste les bouchons anti-eau.
Adopter de bonnes habitudes alimentaires
De bonnes habitudes alimentaires contribuent aussi au bon fonctionnement du système auditif. Des nutriments comme l’acide alpha-lipoïque, contenu dans les patates douces, les betteraves ou les épinards, sont par exemple capables d’enrayer la destruction des cellules auditives. Les fruits et légumes riches en vitamines A, C et D (lentilles, fruits secs, poivrons, tomates, carottes, agrumes) protègent également l’audition en stabilisant l’oxygène dans l’oreille…
Faire un bilan auditif
Comme l’a montré l’enquête IFOP-JNA de mars 2019, l’audition est le parent pauvre du parcours de santé. Les Français attendent trop souvent la survenue d’un traumatisme sonore ou une grande perte d’audition pour consulter. Afin de limiter l’apparition de troubles, il est nécessaire de réaliser un bilan auditif régulier. C’est dans cette démarche de prévention que s’inscrivent les audioprothésistes du réseau Audio 2000 en proposant un bilan auditif gratuit non médical pour faire une première évaluation de son audition.
15/10/24 à 07h39 GMT