Considéré désormais comme un outil indispensable pour accélérer la mutation écologique de notre société, le "mécénat vert" ou mécénat environnemental pourrait devenir à terme une source déterminante de financement pour la protection de l'environnement et le développement durable. Un engagement qui bien au delà du simple partenariat, implique pour l’entreprise une progressive prise de conscience des enjeux du développement durable, une mobilisation des salariés, la compréhension d’une éthique sociale et environnementale vis-à-vis des consommateurs et des citoyens, et une responsabilité vis-à-vis des générations futures.

Si l'environnement et le développement durable sont à la mode au regard des nouvelles préoccupations de transition énergétique qui dominent l'actualité, ils semblent toutefois encore peu portés par le secteur privé et le mécénat d'entreprise dont la branche environnementale ne représente que 3% du mécénat total. Une proportion relativement faible mais en constante augmentation depuis les années 1990 et qui a atteint en 2014 près de 84 millions d'euros investis pour la sensibilisation et la diffusion de la connaissance environnementale, la protection des espaces naturels et de la biodiversité, et des actions aux croisement de l’environnement et de la solidarité.

Un engagement progressif des entreprises qui constituera dans l'avenir un enjeu majeur pour la biodiversité, la réduction des gaz à effets de serre, les économies d’énergie ou le développement des énergies renouvelables. Des objectifs à atteindre connus de tous mais dont les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir sont plus difficiles à maîtriser. Dans ce cadre, de nombreuses initiatives locales viennent au secours d'un manque d'organisation générale des efforts fournis dans le sens du développement durable. A noter que 56% des entreprises mécènes de l'environnement soutiennent des projets de proximité à l'échelle locale, départementale ou régionale.

C'est notamment le cas du groupe EDF, premier fournisseur d'électricité en France et qui s'est engagé depuis plusieurs années pour le développement durable et la biodiversité. La grande majorité des sites de production d’EDF se situe en effet à proximité de sites protégés (c'est le cas de 80 % des sites hydrauliques et des espaces Natura 2000), préservés de l’agriculture et de l’urbanisation, et à proximité de cours d’eau, facteurs qui favorisent la biodiversité. Des sites et terrains qui présentent des enjeux de biodiversité prioritaires et nécessitent de mettre en place les procédures adaptées pour concilier la préservation de cette biodiversité et l’activité industrielle.

Le centre de production nucléaire de Chinon par exemple, en Indre-et-Loire, situé à proximité du parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine, a souhaité participé à la politique de reboisement engagée dans la région par l'Office national des forets en finançant la plantation de 2.500 plants d'arbre de bois précieux (6 espèces de chênes, alizier, cormier, merisier et érable sycomore).

"30.000 € à raison de 10.000 € par an couvrent la période de 2014 à 2016. Ce partenariat vise à défendre la protection et l'aménagement des forêts domaniales. Par ce mécénat, EDF entend prolonger son engagement environnemental dans la société", explique Laurent Lazarde, directeur environnement EDF Chinon.

Au final, si le mécénat vert attire aujourd'hui particulièrement les entreprises issues des secteurs de l’énergie, de la chimie et de l’agro-alimentaire, il permet des modes d'intervention très divers (attribution de bourses et de prix, organisation d’expositions, actions de terrain, aides à des associations locales, opérations pédagogiques, partenariat technologique), et devrait continuer à se généraliser dans les années à venir.

Précisons encore que le mécénat d'entreprise ne doit pas ici être perçu dans une logique de charité, mais dans une exigence de performance. Il suppose une nouvelle dynamique, une nouvelle relation entre les protecteurs de la nature et les entreprises, un nouveau contrat social plus responsable et plus durable.