Pour la première fois dans l’histoire du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, la Déclaration ministérielle* a été mise aux voix et adoptée par 164 voix pour et l’opposition des États-Unis et d’Israël, entérinant ainsi la volonté des ministres et hauts représentants « à faire passer leurs efforts à la vitesse supérieure et à prendre les mesures audacieuses qui sont nécessaires à la mise en œuvre efficace du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à la construction de sociétés durables et résilientes partout dans le monde, en accordant la priorité aux plus défavorisés et en veillant à ne laisser personne de côté ».
Les États-Unis et Israël ont voté contre après que leurs amendements ont été rejetés. La déléguée américaine a dénoncé le fait que certains pays aient inséré « des libellés conflictuels qui n’ont rien à voir avec le développement durable ou l’éradication de la pauvreté ». Elle s’est opposée au concept de « droit au développement », confirmé la décision de son pays de se retirer de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, insisté sur le fait que le transfert des technologies doit se faire sur une base volontaire, et souligné que les questions du commerce international appartiennent à des instances plus appropriées. La Déclaration ministérielle n’a aucun caractère contraignant et ne donne lieu à aucune obligation financière particulière, a-t-elle estimé. Le représentant d’Israël s’est opposé, pour sa part, au paragraphe qui parle « du droit à l’autodétermination des peuples sous domination coloniale ou sous occupation étrangère, qui continuent de nuire au développement économique et social de ces peuples ainsi qu’à leur environnement ». Il a vu là une « politisation » inutile du Forum politique de haut niveau.
Dans la Déclaration ministérielle, riche de 31 paragraphes, les ministres et hauts responsables soulignent que « trois ans après l’adoption du Programme 2030, le rythme nécessaire à l’exécution de cet ambitieux programme n’a pas été atteint et que les progrès enregistrés sont inégaux d’un pays ou d’une région à l’autre ». Ils entendent donc « se consacrer collectivement à la réalisation d’un développement durable à l’échelle mondiale et d’une coopération mutuellement bénéfique, dont tous les pays et toutes les régions du monde peuvent tirer des gains considérables ». Ils soulignent aussi que « le Programme 2030 est axé sur l’être humain et est universel et porteur de changement et que les objectifs de développement durable qui y sont énoncés sont intégrés et indissociables et concilient les trois dimensions du développement durable -économique, sociale et environnementale- ».
Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a identifié plusieurs pistes pour relancer le Programme 2030 et d’abord mobiliser le pouvoir de transformation des jeunes du monde. Il a donc annoncé le lancement, au mois de septembre, de la stratégie de l’ONU pour soutenir et engager les jeunes. Toujours au mois de septembre, M. Guterres compte convoquer une réunion de haut niveau sur le financement du Programme 2030 et, l’année prochaine, un sommet sur le climat « pour galvaniser une plus grande ambition climatique ».
La Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), sous l’égide duquel se déroule le Forum politique de haut niveau, a salué les 46 pays qui se sont présentés à l’examen volontaire national, « un record ». Mme Marie Chatardová a dressé le bilan des travaux et fait observer que beaucoup de recommandations ont été faites pour créer un « fonds bleu » et appuyer l’élaboration et la mise en œuvre d’une gestion transfrontalière de l’eau, pour tripler les investissements dans les énergies propres et renouvelables; pour renforcer la coordination et les partenariats entre les nivaux locaux et régionaux; pour multiplier les projets pilotes sur les modes de production et de consommation durables; pour capturer la véritable valeur des écosystèmes et de la biodiversité; et pour démocratiser les nouvelles technologies, tout en faisant des efforts concertés pour protéger les plus vulnérables. Le Secrétaire général a d’ailleurs rappelé la création d’un nouveau groupe de travail de haut niveau sur la coopération internationale sur le numérique.
La Présidente de l’ECOSOC a conclu: « Nous devons prendre des mesures décisives entre maintenant et septembre 2019, quand le Forum de haut niveau se réunira, sous les auspices de l’Assemblée générale, pour passer en revue la mise en œuvre de l’ensemble du Programme 2030. »
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Source : ECOSOC ONU
[ODD2030]
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05/07/24 à 13h25 GMT