Le Burkina Faso s’est résolument engagé depuis plusieurs décennies à faire du droit à une éducation inclusive de qualité une réalité. Aussi, les autorités ont-elles fait de l’éducation une priorité. En effet, la loi d’orientation de l’éducation consacre l’obligation scolaire pour tous les enfants de 6 à 16 ans et la réforme du système éducatif est également la traduction de cet engagement.
Dans la même perspective, plusieurs politiques, stratégies et programmes sont mis en œuvre pour améliorer les indicateurs au niveau du préscolaire, du primaire et du post primaire. La mise en œuvre en cours du Programme de Développement Stratégique de l’Education de Base (PDSEB) en est une illustration et devrait permettre d’atteindre les Objectifs de Développement durable (ODD) dont le quatrième se rapportant à l’éducation.
Mais dans le contexte actuel du pays marqué par un boum minier, un nouveau phénomène est apparu et pourrait compromettre l’atteinte des objectifs visés. Il s’agit de la ruée des scolaires vers les sites d’orpaillage. En effet, ce phénomène prend de plus en plus des proportions au point qu’il est devenu une préoccupation et un défi à relever, d’où l’engagement de bon nombre d’acteurs dont la Coalition Nationale EPT du Burkina Faso avec l’appui du Fonds de la Société civile Pour l’éducation (FSCE) à travailler sur la question.
Il ne fait pas de doute que l’orpaillage tel qu’il s’est développé ces dernières années au Burkina Faso induit des effets particulièrement négatifs sur le système éducatif : déscolarisation, mauvaise fréquentation de l’école, aggravation des échecs scolaires impactant négativement sur le maintien et l’achèvement à l’heure ou des objectifs ambitieux en termes d’élargissement de l’accès et d’amélioration de la qualité sont plus que jamais à l’ordre du jour.
Le travail que mène la Coalition sur le sujet.
La CN-EPT/BF qui fait de la lutte contre la présence des enfants sur les sites d’orpaillage son cheval de bataille, a, avec l’appui du FSCE, mis en place des groupes de plaidoyer afin d’interpeller les différents acteurs sur la gravité du phénomène. Des groupes de plaidoyer qui font un travail d’analyse de la situation et qui mènent des actions de plaidoyer et de sensibilisation dans ce sens.
« Dans le cadre de nos activités, à chaque fois que nous-nous rendons sur un site, on trouve des enfants en train de travailler. Quand vous venez sur les sites d’orpaillage, vous pouvez trouver plusieurs centaines de nos jeunes qui travaillent là-bas. Les enfants qui devraient être à l’école sont en train de déserter les salles de classe. C’est dans ce sens que nous faisons de la sensibilisation à travers les émissions radios et les théâtres forums que nous réalisons. » indique Nouhoun SOMBIE, responsable du groupe de plaidoyer de Gaoua dans la région du Sud-ouest du Pays.
Même constat à Kampti, une autre localité de la région du Sud-Ouest. Selon le groupe de plaidoyer, « Lorsque nous sommes arrivé sur le site de Kampti, le spectacle qui s’offre à nous est impressionnant et émouvant : tout autour de la colline, nous voyons des élèves tirant à l’aide d’une corde sur une manivelle entre deux poteaux en fer bien fixés, des sacs pleins d’agrégats. D’autres enfants nous accueillent, cigarette en main. Lors de notre passage, il y avait un « tout-petit » âgé de 12 ou 13 ans qui ressortait d’un trou, le corps tout blanc de poussière. Il était vraiment effrayant. Il y avait également un peu plus loin, une fille accompagnée de ses frères, tous des élèves dans une école de Kampti, munis de plats de toutes sortes et qui lavaient des agrégats ramassés aux abords ».
Des témoignages qui démontrent qu’aujourd’hui l’école dans la région du Sud-Ouest comme un peu partout au Burkina est sous la pression de l’orpaillage.
Des acquis à renforcer
Grâces aux interventions de la CN-EPT/BF à travers ses groupes de plaidoyer, on note une réelle prise de conscience sur l’ampleur de l’impact de l’orpaillage sur la fréquentation scolaire des enfants. Les nombreuses activités de sensibilisation ont eu pour cibles les enfants orpailleurs eux-mêmes, les parents, les orpaillages, les concessionnaires des sites d’orpaillage, les associations locales, les chefs traditionnels, les chefs religieux, les enseignants, les agents de l’action sociale, des mairies ou encore des structures déconcentrées des ministères en charge de l’éducation.
Grâce à cette sensibilisation, des enseignants à kampti ont développé des initiatives consistant à faire cours les jours fériés et même les dimanches pour occuper les enfants et les maintenir dans les salles de classe.
Une stratégie qui tient au fait qu’en l’absence d’occupations, les enfants sont tentés de trouver d’autres occupations. Une stratégie qui de l’avis des enseignants mérite d’être démultipliés et accompagnée.
05/07/24 à 13h25 GMT