Les acteurs de la filière agroalimentaire tout au long de la chaîne d'approvisionnement doivent de toute urgence mettre en place des mesures de sauvegarde tout en mettant à profit les débouchés commerciaux et les technologies d'adaptation innovantes. Telle était la principale conclusion d'un récent atelier du Comité de l'adaptation à Genève, organisé conjointement par l'ONU Changements climatiques et le Centre du commerce international (CCI).
« La sécurité alimentaire est au cœur du développement durable et des mesures d'adaptation. Pourtant, les dernières données scientifiques disponibles indiquent que la sécurité alimentaire est gravement menacée par le changement climatique », a déclaré Julio Cordano, membre du Comité d'adaptation de la CCNUCC, lors du lancement de la manifestation, le 29 octobre.
L'atelier a réuni des entrepreneurs, des représentants de gouvernements, des agriculteurs, des scientifiques, des chercheurs, des chefs d'entreprises, ainsi que des représentants de la société civile et des banques. Les discussions ont porté sur les moyens d'aider les petites et moyennes entreprises (PME) à s'adapter au changement climatique.
« Le changement climatique est une menace pour les PME et pour ceux qui travaillent dans leurs chaînes d'approvisionnement, en particulier dans les pays en développement », a déclaré Dorothy Tembo, Directrice exécutive adjointe du CCI.
Elle a ajouté: « L’autre revers de la médaille, c'est qu'il existe des opportunités de marché pour les biens et services associés à l'adaptation au changement climatique et à l'atténuation de ses effets. En les saisissant, les entreprises peuvent transformer les risques liés au climat en nouvelles opportunités d’affaires et de revenus. »
Innover pour s'adapter
Les experts ont souligné que le manque de données était un obstacle majeur au renforcement de la résilience du secteur agroalimentaire face au changement climatique.
Le défi est particulièrement préoccupant pour les PME et les petits exploitants agricoles qui ne disposent pas des ressources financières et technologiques des grandes entreprises.
Mais des innovations intelligentes peuvent aider à surmonter ces obstacles. Par exemple, la société Ignitia s’est saisie du problème des données en fournissant des prévisions météorologiques tropicales locales aux agriculteurs ouest-africains par SMS, qui sont peu coûteuses et deux fois plus précises que les prévisions météorologiques mondiales.
Cette information aide les agriculteurs à optimiser leur planification et l'utilisation de leurs ressources, à réduire leurs pertes et à augmenter leurs revenus, renforçant ainsi leur capacité d'adaptation aux changements climatiques.
Bien que l'atelier se soit concentré sur les risques de répercussions du changement climatique sur la filière agroalimentaire, il a également porté sur les avantages que l'adaptation peut apporter.
Le projet brésilien MAIS, qui a récemment reçu le prix « Élan pour le Changement » de la CCNUCC, a expliqué comment il cultivait ces opportunités en travaillant avec les agriculteurs, les institutions financières, les experts techniques et les entreprises pour renforcer la résilience par des pratiques agricoles réparatrices et respectueuses du climat.
Le projet restaure les terres dégradées, accroît la productivité du système alimentaire, augmente les revenus des agriculteurs et peut générer 7$ de rendement économique et social pour chaque dollar investi.
Participants à la réunion de Genève
Renforcer la résilience par le commerce
Les discussions et les études de cas présentées au cours de l'atelier ont souligné le rôle du commerce dans le renforcement de la résilience de la filière agroalimentaire.
Carolyn Rodrigues Birkett, Directrice de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Genève, a déclaré: « A court terme, le commerce peut contribuer à remédier aux déficits de production dus à des phénomènes météorologiques extrêmes et soutenir les efforts d'adaptation en stabilisant les marchés et en redistribuant les produits alimentaires des régions en excédent vers les régions déficitaires. »
Elle a souligné que le commerce peut apporter des avantages supplémentaires à long terme: « Il peut aider à ajuster la production agricole de manière efficace d'un pays à l'autre. Cela renforcera non seulement la résilience du secteur privé, mais aussi celle du système alimentaire mondial dans son ensemble. »
Le CCI travaille avec les PME, les acheteurs internationaux et les institutions d'appui au commerce et à l'investissement pour renforcer la résilience au changement climatique à travers les chaînes de valeur mondiales. Le projet du CCI Renforcer la compétitivité par la résilience climatique dans les chaînes de valeur internationales permet de mobiliser une assistance technique, notamment une formation en ligne et en face à face, pour améliorer la gestion des risques climatiques dans les chaînes de valeur.
Mise en œuvre des Plans nationaux d'adaptation
Les Plans nationaux d'adaptation élaborés dans le cadre de la CCNUCC par plus de 80 pays en développement offrent également aux gouvernements et au secteur privé l'occasion de créer un environnement propice à l'adaptation pour les 5 à 10 prochaines années. Les plans d'investissement sont élaborés dans le cadre de partenariats public-privé et facilitent l'accès des agriculteurs et des PME au financement.
Les résultats de l'atelier feront l'objet d'un rapport qui sera publié au début de 2019.
L'atelier intitulé Favoriser la mobilisation du secteur agroalimentaire en faveur de la résilience au changement climatiques'est tenu à Genève, en Suisse, du 29 au 31 octobre 2018, et a été organisé conjointement par la CCNUCC et le Centre du commerce international (CCI).
Lire l'article de l'ONU Climat (1042 hits)
05/07/24 à 13h25 GMT