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Evènement parallèle au CFM 12 " Bois énergie et lutte contre la pauvreté "


L'IEPF, direction et organe subsidiaire de l'Agence Intergouvernementale de la Francophonie, et la FAO ont organisé, le mercredi 25 septembre 2003, un événement parallèle au XIIe Congrès forestier mondial sur le thème " Bois énergie et lutte contre la pauvreté ". Cet événement, inscrit comme une contribution à la session sur la forêt et le développement, avait pour but d'analyser la contribution du bois énergie à la réduction de la pauvreté et à la protection de l'environnement.

La première partie de cette rencontre, présidée par M. Wulf Killmann, Directeur de la Division des produits forestiers de la FAO, et à laquelle prenaient part une cinquantaine de participants au XIIe Congrès forestier mondial, était consacrée à la présentation d'une série de cinq exposés.

M. Sibi Bonfils, Directeur adjoint de l'IEPF, a présenté les enjeux de l'énergie (mis en exergue par le Sommet sur le développement durable de Johannesburg) et montré son rôle décisif dans la réalisation des objectifs du millénaire. Il a rappelé que 80% à 90% de la consommation d'énergie des ménages de nombreux pays africains consistait en bois-énergie et souligné la contribution du bois-énergie et des énergies renouvelables dans les domaines de l'éducation (diminuer les corvées des enfants pour assurer l'éducation primaire pour tous, apporter l'information et l'éducation dans les villages avec l'électricité et ainsi l'audiovisuel et les technologies de l'information et de la communication…), de la santé (réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle en apportant l'électricité dans les centres de santé), de la promotion de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes (diminuer les corvées des femmes).

M. Boufeldja Benabdallah, de l'IEPF, a souligné que la thématique bois-énergie et sa contribution à l'amélioration des revenus en Afrique a fait l'objet, au cours de ces dernières années, de plusieurs foras internationaux. Il a présenté les objectifs et les principaux résultats de ceux-ci. Au Symposium international d'Abidjan (1999) quatre axes ont été développés : compléter les connaissances, développer l'information et renforcer les capacités dédiées à la biomasse-énergie; confirmer la capacité de l'offre de la biomasse pour répondre aux demandes dans les pays en développement; mobiliser et mettre en place des financements spécifiques pour promouvoir la biomasse en Afrique; structurer et renforcer les acteurs actuels et potentiels du secteur. Le séminaire régional de Lomé sur l'information en bois énergie en Afrique (2001), organisé conjointement avec la FAO, a fait le constat de l'insuffisance d'information et la faible fiabilité des données disponibles sur la filière bois-énergie et du manque de ressources humaines, matérielles et financières. Il a préconisé la mobilisation, aux niveaux national, sous-régional et international des ressources adaptées, le renforcement de la coopération et la mise en place des outils adaptés pour la collecte des données tel que lancé par la FAO. Le Forum régional sur les technologies matures de Ouagadougou (2002) a, quant à lui, recommandé la prise en compte du rôle de la biomasse comme énergie moderne à côté de l'aspect traditionnel reconnu.

Intervenant sur les barrières et les contraintes au développement de la biomasse M. Miguel Trossero de la FAO a présenté la situation actuelle qui montre que le bois-énergie est vital pour les populations rurales et que sa contribution globale de 10% est importante par rapport à d'autres sources d'énergie comme l'uranium. Il a souligné que la prise de conscience politique des enjeux de la biomasse s'accroît et son intérêt sur le plan international devient essentiel (car économiquement intéressant dans le contexte des changements climatiques). Cependant, plusieurs barrières entravent encore son développement. Au plan institutionnel, on note l'absence de politique, le manque de coordination entre les services, projets et programmes et le manque de capacités nationales nécessaires à l'appréhension du secteur. Sur le plan légal, les législations existantes sont restrictives, fragmentées et définies à court terme. Il se pose par ailleurs le problème de conflit avec le droit coutumier. On note enfin la faiblesse des services et du secteur privé. Pour lever ces barrières, l'orateur a recommandé l'accroissement de la prise de conscience politique, la mise en place des politiques spécifiques pour le bois énergie, l'élaboration de nouvelles législations, l'incitation et l'implication du secteur privé, la mise sur pied de programmes inter-institutionnels.

M. André Faaij, de l'Université d'Utrecht aux Pays-Bas, a présenté des projections sur la contribution de la biomasse à la demande énergétique mondiale. Les estimations de divers études varient entre 10 et 50% à l'horizon 2050. La plupart des régions du monde ont la possibilité de développer cette forme d'énergie. Il a souligné les liens entre la bioénergie et la création d'emplois, l'économie rurale, la balance des paiements des pays, la valorisation de la forêt. Il a préconisé le renforcement du suivi, la collecte des données, l'échange mondiale de l'information, le développement de la certification, le contrôle et la vérification, développement d'un marché international (de l'interconnexion des marchés régionaux du bois-énergie).

M. Peter Hall de Ressources naturelles Canada - Service canadien des forêts, représentant du Canada à l'IEA Bioenergy, a insisté sur la nécessité d'un changement de politique dans les services forestiers. Il a déploré l'absence, au niveau institutionnel, de direction bioénergie, l'insuffisance de background scientifique. Il a recommandé le développement, au niveau international, d'approches similaires à celle des grandes conventions internationales comme la diversité biologique ou les changements climatiques. Il a en outre suggéré de renforcer l'éducation et la recherche pour développer le background scientifique nécessaire.

Une séance de questions-réponses et de contributions diverses a suivi les exposés. Il ressort des débats les recommandations suivantes:
- l'implication et le renforcement de la société civile et des populations locales;
- l'encadrement des populations et de l'entreprise privée pour une utilisation moderne du bois-énergie;
- l'harmonisation des politiques et démarches des bailleurs bilatéraux et multilatéraux concernant notamment la question de la mobilisation et l'affection des ressources, notamment financières;
- la constitution des groupes de « lobbying » pour inciter les autorités à élaborer des politiques optimales et à prendre des mesures adéquates dans le domaine du bois-énergie;
- la valorisation de l'expertise et des connaissances en bois-énergie acquises depuis plusieurs années dans de nombreux pays en développement, par la mise sur pied de projets capables d'attirer les bailleurs de fonds et notamment les nouveaux financements;
- le développement des marchés nationaux, régionaux et internationaux;

En conclusion de la séance, M. Wulf Killmann a souligné la nécessité de promouvoir la participation des organismes techniques nationaux et internationaux responsables de ce secteur afin de mieux développer la filière bois énergie dans la lutte contre la pauvreté. Ce développement permettra d'assurer la satisfaction des besoins énergétiques croissants des secteurs les plus pauvres de la société pour contribuer à la génération d’emplois et de revenus des populations locales.

En clôturant l'événement parallèle, M. Sibi Bonfils a annoncé que l'IEPF compte émettre des avis sur des questions importantes et invite à ce sujet les experts présents à collaborer à la préparation d'un avis sur la biomasse-énergie.


Pour information:

Miguel Angel Trossero
Miguel.Trossero@fao.org

Boufeldja Benabdallah
b.benabdallah@iepf.org

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