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Petite histoire du genre et du développement


Le développement durable passe par la prise en compte du genre dans tous les projets de développement. Et de la découverte des inégalités économiques et politiques entre les hommes et les femmes émerge un pressant besoin de transformation sociale, pour plus de solidarité.

Deux caractéristiques majeures illustrent les différences entre les hommes et les femmes : la situation inégalitaire des femmes par rapport aux hommes est universelle, et ce rapport inégalitaire est transversal à tous les domaines économiques, sociaux, culturels et politiques. Ainsi, « on ne peut pas faire l'économie d'une réflexion sur la notion de genre, lorsqu'on veut mettre en place un projet de développement » expliquent les membres de l'Afed (Association femmes et développement). Ça n'a pas toujours eu l'air aussi simple, et ce n'est pas fini. Petit historique.


Evolution de la conception du genre dans le développement



Trois périodes ont marqué la place des femmes dans le développement après le seconde guerre mondiale.
L'oubli jusqu'en 1970, puisque la notion de développement s'arrête à la recherche du bien-être. Du coup les projets mis en place appauvrissent souvent davantage les femmes (éleveuses ou agricultrices en Afrique).
Le concept « femmes dans le développement » apparaît alors en réaction en 1973, d'abord aux Etats-Unis grâce à une loi qui « fait obligation à l'Aid (Agence internationale de développement) d'inclure les femmes dans tous les programmes de développement ». Cette approche est complètement libérale puisqu'elle ne remet pas en cause les systèmes d'oppression et de domination patriarcale qui y sont inhérents.
Alors au Sud se crée, en 1983, un mouvement « femmes et développement »qui propose une perspective féministe globale centrée sur les populations et non plus sur l'individuel. Ce mouvement s'oppose aux programmes d'ajustement structurels, aux dépenses militaires et à la surconsommation au Nord. Pourtant ce discours, plus idéologique qu'analytique, ne prend pas en compte les inégalités hommes-femmes, ni les effets spécifiques de l'économie libérale sur les femmes, comme la division sexuelle du travail.
En 1993 naît une nouvelle définition du développement comme « capacité de la société de répondre aux besoins physiques, émotionnels et créateurs de la population ».
Aucune de ces définitions n'est tout à fait satisfaisante au regard des réalités politiques et économiques.

Une transformation sociale nécessaire pour que le développement devienne durable



« Réfléchir à la prise en compte du genre, c'est aussi réfléchir à une certaine forme de solidarité entre le Nord et le Sud » défend l'Afed. Cela passe par l'augmentation de la participation des femmes aux prises de décisions politiques et économiques (gender empowerment). Car les femmes du Sud contribuent largement aux cultures de rente (80% des cultures vivrières), sans compter toute l'économie informelle et solidaire portée à 80% par les femmes dans le monde, qui est quasi invisibilisée à ce jour. Ainsi « le genre établit que la relation sociale entre hommes et femmes est inégale et entraîne une volonté de changement ».
D'aucuns se réfugient derrière le coût et la longueur d'une telle entreprise pour empêcher sa mise en œuvre. Mais les femmes s'organisent déjà un peu partout dans le monde en réseaux, au Nord comme au Sud, pour échanger leurs alternatives économiques et politiques et continuent de résister pour un développement en attendant d' hypothétiques financements.
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