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Commémoration de l'Abolition de l'Esclavage


Commémoration de l’Abolition de l’Esclavage à l’Ile Maurice.

La République de Maurice a célébré le 1er février 2008, les cent soixante-treize ans de l’abolition de l’esclavage. Malgré cette longue période, les Mauriciens descendants d’esclaves sont toujours à la recherche de leur identité et de leur place au sein de cette société mauricienne plurielle. L’esclavage a conduit à une négation identitaire et culturelle. Le processus d’acculturation a abouti à la perte de l’identité africaine, de l’esprit africain pour devenir une création à l’image du maître. Cette période atroce de l’histoire mauricienne, il faut l’assumer sans pour autant l’oublier car il est légitime de savoir d’où nous venons et ce que nous sommes. D’où l’importance de la mise sur pied récemment de la Commission Justice et Vérité, par le gouvernement Mauricien, pour faire la lumière sur l’esclavagisme et l’engagisme à Maurice. Cette démarche devra permettre de dépassionner cette période sombre de notre histoire, de démystifier les idées reçues et de surmonter les préjugés vis-à-vis des Mauriciens descendants d’esclaves. Aussi se pose la question de réparation des descendants des esclaves… sous quelle forme et avec quelle finalité ?

Il est bon de savoir que les propriétaires d’esclaves ont été dédommagés financièrement à environ 40% de la valeur de leurs esclaves à l’abolition de l’esclavage en 1835. A Maurice il y avait environ 67,619 esclaves et le Parlement Britannique accorda une somme d’environ 2, 000,000 de livres sterling aux propriétaires d’esclaves. Une fois libérés après la période d’apprentissage, les esclaves n’avaient que leur force de travail pour survivre. Selon certains auteurs, les conditions de vie durant la période d’apprentissage était pire que la période d’esclavage et Maurice était parmi les territoires les plus oppressants de cette période. Par conséquent, les conditions difficiles infligées durant la période d’apprentissage (1835-1839) ont poussé une partie des ex-esclaves à partir. D’autres ont été purement et simplement expulsés car il revenait moins cher de recruter des travailleurs engagés en provenance de l’Inde. La résultante de cette situation explique la précarité dans laquelle se trouvaient les ex-esclaves à la fin de leur libération et cette situation a perduré de génération en génération. Finalement, l’esclavage a produit non seulement un système mais a aussi favorisé le développement des préjugés qui perdurent en tant que séquelles de l’esclavage dans la République de Maurice. D’où l’espoir placé en la Commission Justice et Vérité pour permettre aux descendants d’esclaves de ‘faire leur deuil’ et de poursuivre leur quête identitaire. La Commission aura aussi à aborder la question de réparation. Ce sera un débat qui va agiter le pays sur l’interprétation de ce concept. Doit-on développer des politiques favorisant une plus grande justice sociale aux profits des descendants esclaves ou payer une compensation aux familles. De façon plus globale, la Commission doit pouvoir permettre aux citoyens mauriciens de mieux comprendre leur passé pour pouvoir affronter l’avenir.

Dans ce contexte, le programme de l’UNESCO, ‘La Route de l’Esclave’ dans lequel la République de Maurice s’est engagée s’inscrit dans une perspective visant à ‘briser le silence en faisant connaître universellement la question de la traite négrière transatlantique et de l’esclavage, dans l’Océan Indien et en Méditerranée, ses causes profondes, les faits historiques et les modalités d’exécution par des travaux scientifiques’.
Il cherche aussi à ‘mettre en lumière, de manière objective ses conséquences, et notamment les interactions entre tous les peuples concernés d’Europe, d’Afrique, des Amériques et des Caraïbes et enfin, contribuer à l’instauration d’une culture de la tolérance et de la coexistence pacifique des peuples’

Enfin la démarche de l’Etat mauricien de soumettre à l’UNESCO en 2007 une demande d’inscrire la montagne du Morne, comme vestige de l’esclavage et haut lieu de la mémoire, et de la résistance contre l’esclavage, sur la liste du Patrimoine Mondial, va contribuer à une meilleure appropriation de leur passé par les descendants d’esclaves et la reconnaissance de leur contribution au développement de la République de Maurice.
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