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Gestion participative des ressources dans le bassin petrolifere de Doba, Tchad


Approche écosystémique  appliquée à la gestion participative des ressources dans le bassin pétrolifère de Doba

1. Les considérations théoriques de base.

Ce  travail de recherche s'inscrit dans une approche basée sur les écosystèmes, fondé sur la compréhension de la dynamique des systèmes et de leurs interrelations.

 En effet, l'approche du milieu s'avère plus fructueuse, si les principes des interactions entre  les diverses composantes sont bien perçus et mesurés. Car ils permettent de déterminer les facteurs de changement, leur mécanisme et les conséquences sur le milieu. Parmi les éléments de base de l'approche basée sur les écosystèmes, il convient de retenir les éléments clés suivants :

-  Les stratégies adaptatives : La population pauvre du milieu rural  survit parce qu'elle développe des stratégies d'adaptation. Elle dispose  d'un certain nombre d'atouts ou de richesses qui sont leur capital humain ( les hommes,  les, femmes, les enfants avec leurs aptitudes intellectuelles, physiques, morales et mentales. ); Leur capital  social (l'organisation, les relations sociales, l'organisation du travail, les associations religieuses... ) ; leur capital institutionnel (le pouvoir, l'autorité,  les structures  d'éducation de formation et de santé) ; enfin leur capital écologique (la terre, l'eau, la flore, la faune, les mines...)

Elle utilise tous ces capitaux au moyen de leur savoir et savoir-faire local pour faire face au choc et au stress qui les  affrontent quotidiennement.

-    Les moyens de subsistances durables : Les populations disposent de ressources qu'elles exploitent, qu'elles utilisent, qu'elles gèrent grâce à leur savoir-faire local. Les moyens d'existence sont durables quand elles exploitent ces ressources sans les détruire mais en préservant leur stock et en facilitant leur régénération.

-  Les conditions politiques, économiques et sociales: Les populations sont influencées par les conditions politiques, économiques et sociales dans les quelles elles vivent. En effet des mesures politiques, en terme de reforme des actions visant l'amélioration des conditions sociales, des activités économiques nouvelles ne vont pas sans causer des perturbations aux conséquences souvent dramatiques, au niveau des populations. Toute modification nouvelle influente sur les pratiques de gestion des ressources sur les structures de consommation provoque nécessairement des chocs et des stress au niveau de la population par la dérégulation de leurs stratégies adaptatives.

-  Les savoirs et savoir-faire modernes : face au défi du changement caractérisé par une évolution très rapide de la société et l'accroissement considérable des besoins de populations, il est apparu nécessaire d'améliorer les connaissances des systèmes, de moderniser les pratiques et les instruments indispensables à l'exploitation optimale des ressources. La population a besoin elle aussi de cette connaissance et technologie modernes pour consolider leurs stratégies adaptatives, afin de mieux préserver leurs écosystèmes.

C'est sur la base de ces quatre piliers théoriques que nous avons inscrit notre réflexion sur la gestion des écosystèmes à Doba, face à un facteur de perturbation qui est l'exploitation pétrolière.

Ainsi de manière concrète, l'approche basée sur l'écosystème dans le bassin de Doba sera articulée selon le schéma ci-après :

 

2. Application dans le cas de la recherche sur le comportement de la biodiversité face à l'exploitation pétrolière.

     L'application de cette approche dans le cas de Doba permet de souligner les éléments suivants :

1. Face à l'exploitation pétrolière, les stratégies adaptatives développées par les populations sont en train d'être rendues vulnérables, car fragilisées par des pressions d'une nouvelle société multiculturelle et technologiquement très puissante. La population locale risque d 'être submergée et forcée à appliquer de nouveaux comportements, fortement destructeurs vis-à-vis des écosystèmes.

2. La forte pression démographique provoquée par l'exploitation pétrolière pourrait entraîner soit la réduction des moyens de subsistances disponibles ; soit entraîner leur gaspillage et leur destruction ou alors les transférer aux nouveaux groupes plus potentiellement riches marginalisant ainsi la population locale.  Ceci pourrait remettre en cause leur durabilité car les capacités de régénération sous de nouvelles pressions incontrôlées seraient réduites et limitées.

  3. La nouvelle donne pétrolière risque de faire entrer le bassin de Doba dans une économie de marché caractérisé par l'afflux de nouveaux produits, par la compétition entre les opérateurs et surtout par la surconsommation des produits locaux. Ces nouvelles conditions économiques vont nécessairement perturber la structure de production économique locale en mettant la pression sur les écosystèmes et les ressources de la biodiversité. C'est une dynamique très forte, au point de modifier le système de consommation des ressources naturelles. Les populations locales elles-mêmes seraient en train d'être marginalisées dans ce circuit économique.

 4. Enfin, pour atténuer les effets dévastateurs de cette nouvelle dynamique économique instituée dans la zone de Doba, des mesures d'amortissement s'avèrent indispensables. La préservation des écosystèmes par exemple, requiert absolument une nouvelle vision et de nouvelle manière de faire, qui associe étroitement le souci de gain économique à celui du gain écologique. Ceci signifie qu'une meilleure connaissance de la vulnérabilité de la biodiversité est indispensable que des moyens appropriés d'exploitation visant à valoriser les ressources de la diversité biologique soient mobilisés et mise en oeuvre et que les populations elles-mêmes comprennent le défi et s'attèlent à relever.

 

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