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énergies renouvelables en Afrique: le grand écart entre la disponibilité des ressources et leur exploitation



Le problème d'insuffisance énergétique reste encore irrésolu en Afrique (Kapseu C et al, 2008). Selon le PAEE[1], la situation énergétique de la plupart des pays africains est chaotique : moins de 10% de la population rurale a accès à l'électricité. En effet, l'Afrique représente 3% de la consommation mondiale, pour 15% de la population mondiale (Heuraux C, 2010).

En Afrique subsaharienne, l'utilisation des énergies renouvelables est encore marginale. Ces énergies sont essentiellement destinées à répondre aux besoins de l'électrification rurale, dans une optique de production d'électricité de confort domestique. Par ailleurs, n'ayant pas fait l'objet d'une appropriation conceptuelle africaine comme mode possible de résolution des questions énergétiques pour les gouvernements africains, l'amplification de l'utilisation de ces énergies à grande échelle se heurte à la barrière des coûts d'investissement plus élevés que pour l'accès aux sources traditionnelles d'énergie. (Elono A & Bossoken E, 2008)

L'hydraulique

L'Afrique recèle 10% des réserves mondiales économiquement exploitables (1 100 TWh) mais le continent n'a exploité que 8% de ce potentiel, soit environ 93Twh et aucun barrage africain ne figure parmi les 20 plus grands barrages dans le monde. (Heuraux C, 2010)

Le solaire

Le soleil est une ressource abondante et disponible en Afrique. Les équipements nécessaires pour l'exploiter  (panneaux batteries, onduleurs) sont d'un usage modulable, adaptable à un habitat dispersé et décentralisé. Pourtant sur les 15GW de capacité photovoltaïque installé dans le monde, l'Afrique ne représente qu'une part non significative (15 MW). Des usines de production de modules sont implantées en Afrique du Sud, mais leur capacité reste limitée à quelques dizaines de MW. Le solaire reste aujourd'hui un mode de production d'électricité couteux et nécessite encore des subventions importantes. (Heuraux C, 2010)

La biomasse et les biocarburants

Les pays africains dépendent fortement  de la biomasse, généralement issue de leurs ressources forestières exploitées de façon non durable. La biomasse représente dans certains cas 70 à 80% de la consommation nationale d'énergie. Ces taux montent à 90, voire 100%, en zones rurales et péri-urbaines.

La plupart des pays africains ont élaboré des " projets biocarburants ". qu'elles soient locales ou nationales, de nombreuses initiatives ont vu le jour ces dernières années, et sont portées en général par des investisseurs étrangers, des ONG ou des collectivités. Ces initiatives peuvent être regroupées en trois filières :

-          Une modèle " grande culture " : production et transformation à grande échelle, dirigées par des entreprises privées, avec l'appui de multinationales. Les produits sont destinés à l'export. Exemple du Mozambique

-          Un modèle " petite échelle " : production agricole assurée par l'agriculture familiale avec transformation à l'échelle locale pour une production destinée au marché local. Exemple : Mali, Burkina, Benin

-          Un modèle contractuel : un transformateur industriel délègue la production agricole à des petits agriculteurs à travers un contrat. Le biocarburant produit est destiné au marché national ou à l'export. Exemple de Madagascar. (Heuraux C, 2010)

L'énergie éolienne

L'intérêt pour cette filière reste encore limité et cela se traduit  par l'existence, en Afrique noire de très peu d'études précises relatives au gisement éolien. Quelques zones particulières ont cependant été étudiées :

-          Afrique du Sud : 9 MW installé en 2008 ;

-          Cap vert, Kenya : 300 MW (ambitions gouvernementales pour 2012) ;

-          Ethiopie : 120 MW (ambitions gouvernementales pour 2012)

Il ressort de la carte des gisements éoliens africains (établie pour la banque africaine de développement) qu'en dehors de la zone désertique du Tibesti, les gisements éoliens significatifs sont littoraux. (Heuraux C, 2010)

L'énergie géothermique

En Afrique, le potentiel géothermique se concentre dans la partie orientale du continent. Il est  estimé à 10 000 MWe. Le Kenya et l'Ethiopie sont les seuls pays  africains à  produire de l'électricité géothermique qui contribue pour 4% à la production totale  d'électricité en Afrique de l'est. (Heuraux C, 2010)

Énergies renouvelables et réchauffement climatique en Afrique

Bien qu'il soit le plus faible émetteur de GES, le continent africain sera selon le GIEC l'une des régions du monde les plus sensibles aux effets du changement climatique et l'une des moins armée pour y répondre, à cause de la fragilité des économies.

Le réchauffement climatique devrait être plus marqué en Afrique, avec une augmentation des températures une fois et demie supérieure en moyenne à ce que l'on observera dans le monde, ce qui va entraîner : Déficits hydriques, sécheresse, pertes absolues de production agricole, sont autant d'impacts parmi les plus redoutés.

 

L'adaptation des différents systèmes de production et des infrastructures économiques à ces impacts est impérative à côté des actions engagées et des choix stratégiques à faire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Pour prévenir le désastre annoncé, l'exploitation  des ressources du continent en énergies renouvelables fait partie des mesures suggérées par l'ensemble de la communauté scientifique.

 

BIBLIOGRAPHIE

1-      HEURAUX  C, " L'électricité au cœur des défis africains " KARTHALA, 2010, p 15

2-      KAPSEU C et al, Colloque " problématiques énergétiques et protection de l'environnement en Afrique ; Contraintes et opportunités pour un développement durable ", L'HARMATTAN, 2008, p 33

3-      ELONO A et BOSSOKEN E, Colloque " problématiques énergétiques et protection de l'environnement en Afrique ; Contraintes et opportunités pour un développement durable ", L'HARMATTAN, 2008, p 77

 

 


[1] Partenariat Afrique - UE pour l'énergie. Il  fait partie des huit partenariats stratégiques constituant la stratégie conjointe Afrique-UE, lancés à Lisbonne en  décembre 2007. C'est un cadre à long terme de dialogue politique structuré et de coopération entre l'Afrique et l'Union Européenne sur les questions énergétiques présentant une importance stratégique et reflétant les besoins africains et européens.

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