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20 ans après Rio, un développement qui n'a rien de durable


Par Lucien CHABASON

Le présent article est extrait de "En route pour RIO+20", Revue Liaison Énergie-Francophonie Numéro 88-89, 2e trimestre 2011.


Établir un bilan rigoureux et précis de la mise en oeuvre des engagements pris par la communauté internationale en matière de développement durable n'est pas chose aisée de par la nature du sujet mais aussi parce qu'aux grandes décisions de 1992 s'ajoutent des décisions prises ultérieurement et qui sont venues apporter les explicitations nécessaires.

Les Nations Unies, qui montrent en général un talent certain dans la publication de rapports qui font autorité par leur qualité et leur objectivité, ne publient pas sur une base régulière un bilan systématique des engagements pris lors du Sommet de la Terre, à Rio (1992) ou du Sommet mondial pour le Développement Durable de Johannesburg (2002).
Les deux seuls documents de synthèse sont à ce jour le rapport A/CONF.216/ PC/2 du 1er avril 2010 préparé par le Secrétariat Général des Nations Unies à l'attention de la première Conférence préparatoire de Rio+20 qui ne fait que survoler la partie consacrée au bilan ; et le document A/66/... daté du 9 août 2011, plus substantiel mais principalement orienté sur les questions d'énergie et de développement.
Certes, le Département des Affaires Économiques et Sociales de l'ONU qui assure les secrétariats de la Conférence Rio+20 et de la Commission du Développement Durable (CDD) propose des séries d'indicateurs et d'analyses sectorielles, mais rien qui débouche sur des bilans d'ensemble systématiques et réguliers permettant de disposer d'une vision d'ensemble des accomplissements régulièrement mis à jour comme il en existe dans le cadre du suivi des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
Est-ce l'ampleur du sujet, son ambition peut être excessive qui décourage la production régulière et exhaustive d'un bilan ? Est-ce plutôt le fait que, comparés aux OMD, les objectifs fixés dans le domaine du développement durable sont plus flous, moins concentrés, moins cohérents et qu'ils se prêtent moins à une analyse précise ?
Il est de fait que l'Agenda 21 englobe tant de sujets économiques, sociaux et environnementaux que publier son bilan reviendrait à passer en revue le gros de l'activité des organisations spécialisées des Nations Unies, des gouvernements et des groupes d'acteurs.
À ce constat s'ajoutent les questions conceptuelles posées par l'élaboration de bilans et de la mesure de l'action politique en général. Plus les objectifs sont quantifiés et assortis de délais et plus les bilans peuvent être établis avec précision et transparence.
À cet égard, les vingt années qui viennent de s'écouler marquent de nets progrès...



Lucien CHABASON est, depuis 2005, conseiller auprès de la direction de l'Institut du développement durable et des relations internationales, et président du Plan Bleu pour la Méditerranée.
Expert OCDE et PNUE, il est chargé d'enseignement sur les politiques de développement durable à l'Institut d'étu des politiques de Paris (2004/2009), vice-président de la Commission des Comptes et de l'Économie de l'Environnement et est membre des conseils scientifiques du Fonds français pour l'environnement mondial et de la Fondation Prince Albert II de Monaco. Il a été Coordinateur du plan d'Action pour la Méditerranée des Nations Unies (basé à Athènes) de 1994 à 2003. Il a dirigé le cabinet du Ministre de l'Environnement, Brice Lalonde, puis pré paré le Plan National pour l'Environnement de 1988 à 1992.
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