Depuis deux siècles, le développement des activités
économiques et notamment l'essor de l'industrie dans les vallées
alluviales ont altéré durablement leur fonctionnement (aménagements
hydrauliques lourds) et la qualité des eaux (pollution industrielle,
agriculture et sylviculture intensives). Celles qui ont conservé une
dynamique fluviale naturelle, des zones d'expansion des crues et des
forêts non exploitées sont devenues très rares dans toute l'Europe. En
France, on ne les trouve que dans quelques sites le long d'affluents de
grands fleuves. Tel est le cas d'un petit tronçon de la vallée de la
Moselle en amont de Nancy, en Lorraine.
La valeur écologique de
ce site dénommé " Moselle sauvage " est reconnue au niveau régional,
national et européen : une zone de 2377 ha a été incluse dans le réseau
Natura 2000 en 1999. 122 ha de forêts spontanées résultant d'abandons de
pratiques agricoles bénéficient de protections strictes depuis 2006.
Par
l'image et des interviews, ce film est destiné à mieux faire connaitre
la valeur de ce site, en insistant sur les milieux transitoires, les
forêts, l'importance des inondations, le rôle fonctionnel des annexes
hydrauliques et les bénéfices que l'homme peut tirer de tout cela, en
termes de biodiversité, ressources en eaux, référent par rapport à
d'autres forêts alluviales ou recherche scientifique et naturaliste. Il
s'adresse au grand public, aux naturalistes, aux enseignants, étudiants
et lycéens.
Le film offre également matière à débattre, car
ce site ne rentre dans aucune catégorie reconnue de la biologie de la
conservation. Il n'est pas " intact " au sens d'une nature inviolée et
vierge, et ne correspond pas non plus aux paysages traditionnels
diversifiés bâtis par des générations de paysans. Il conserve bien des
stigmates d'usages passés et continue d'être influencé par les actions
de l'homme jusqu'au coeur des réserves naturelles.
Cette nature
ensauvagée n'est guère prisée dans nos sociétés. Ni sauvages ni
domestiques, en quelque sorte " déshumanisés ", les friches conquérantes
sont accusées de " fermer " les paysages traditionnels, d'en éliminer
des espèces patrimoniales, de favoriser " les espèces invasives ", de "
banaliser " des habitats de prés et de haies créés par l'homme.
Un débat basé sur le poids des idées reçues dans les choix de protection de la nature est donc proposé.
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