La Banque mondiale présentait la 14 mai 2014 un rapport sur l'empowerment des femmes et des filles pour la prospérité (226 pages en anglais). D’après ce nouveau rapport, les filles les moins instruites sont beaucoup plus susceptibles d’être victimes de violences ou d’être mariées encore enfants.
par Adéquations/Genre en Action
Lorsque les filles sont peu ou pas instruites, elles risquent bien davantage d’être mariées alors qu’elles ne sont encore que des enfants, de subir des violences domestiques, de vivre dans la pauvreté et de ne pas avoir leur mot à dire sur les dépenses du ménage ou sur leurs propres soins de santé, ce qui leur nuit, bien sûr, mais nuit aussi à leurs enfants et à la communauté, constate un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale.
La proportion de femmes dans le monde qui sont mariées alors qu’elles ne sont encore que des enfants, n’ont aucune maîtrise sur les ressources du ménage et admettent les violences conjugales atteint environ 65 % chez celles qui ont fréquenté, au mieux, l’école primaire, contre 5 % chez les femmes ayant achevé un cursus d’enseignement secondaire, souligne le rapport Voice and Agency: Empowering Women and Girls for Shared Prosperity.
Cet ouvrage plaide, dans la perspective d’une prospérité partagée, pour la nécessité de garantir aux femmes et aux filles la capacité d’agir et de se faire entendre. S’appuyant sur d’abondantes données et sur des centaines d’études, il apporte un nouvel éclairage sur les problèmes auxquels se heurtent les femmes et les filles à travers le monde : des violences dont elles sont victimes et qui atteignent des proportions faramineuses aux lois et normes sociales non équitables qui les empêchent de devenir propriétaires, de travailler ou de prendre des décisions concernant leur propre vie.
Selon ce rapport, dans 18 des 20 pays affichant la plus forte prévalence de mariages d’enfants, ce type d’union concernait jusqu’à six fois plus les filles non instruites que celles ayant fait des études secondaires. Parallèlement, dans les pays en développement, près d’une jeune fille sur cinq tombe enceinte avant l’âge de 18 ans ; or, dans le monde en développement, la majorité des décès de jeunes filles entre 15 et 19 ans sont liés à la grossesse : c’est la cause de près de 70 000 morts chaque année.
« Les difficultés et privations persistantes qui empêchent nombre de femmes de réaliser leur plein potentiel ont des conséquences colossales pour les individus, les familles, les communautés et les pays, rappelle Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale. Il est essentiel de renforcer la capacité des femmes à prendre des décisions et à exploiter les opportunités qui s’offrent à elles pour qu’elles puissent avoir une vie meilleure et pour rendre meilleur le monde que nous partageons. »
« Si l’on veut mettre fin à l’extrême pauvreté et faire en sorte que la prospérité soit partagée par tous, il faut absolument la participation entière et égale des femmes et des hommes, des filles et des garçons, sur toute la planète », souligne-t-il. Jim Yong Kim a présenté ce rapport, aux côtés d’Hillary Clinton, ancienne secrétaire d’État des États-Unis, et de Phumzile Mlambo-Ngcuka, directrice exécutive d’ONU Femmes.
Malgré des avancées récentes sur des aspects importants de la vie des filles et des femmes, celles-ci continuent de faire face à de grandes difficultés, qui découlent fréquemment de privations et d’entraves généralisées. Souvent, les droits les plus élémentaires des femmes sont bafoués et ces problèmes sont amplifiés et démultipliés par la pauvreté et le manque d’instruction.
Dans toutes les régions, les femmes plus instruites ont tendance à se marier plus tard et à avoir moins d’enfants. « Une explication essentielle du retard de croissance moins fréquent chez les enfants de femmes plus instruites tient à la plus grande capacité d’agir de ces femmes — on entend par là leur aptitude à prendre des décisions et à agir en conséquence. En effet, les mères qui ont fait davantage d’études disposent de plus d’autonomie pour prendre des décisions et ont davantage de pouvoir pour agir pour le bien-être de leur enfant », observe Jeni Klugman, directrice en charge des questions de genre et de développement au sein du Groupe de la Banque mondiale.
En Éthiopie, par exemple, les enfants d’un an dont la mère a été à l’école primaire et s’est rendue à des consultations prénatales ont 39 % moins de risques de souffrir d’un retard de croissance. Au Viet Nam, ce risque est 67 % moindre pour les nourrissons dont la mère a suivi un enseignement secondaire du premier cycle.
[FMFFeduc]
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