Les chefs d’État, premiers ministres et ministres participant au Sommet mondial de trois jours qui a adopté, hier au Siège de l’ONU à New York, les 17 objectifs et 169 cibles du « Programme de développement durable à l’horizon 2030 » ont insisté aujourd’hui sur les moyens de mise en œuvre, dont l’apport du secteur privé, et sur le lien entre progrès socioéconomiques et sécurité qu’il s’agisse des répercussions du conflit syrien ou des menaces terroristes.
La clef de la concrétisation des promesses faites dans le nouveau Programme de développement durable est l’attention qui sera accordée aux moyens de mise en œuvre, non seulement dans le Document lui-même, mais aussi dans le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, a prévenu, le Premier Ministre de Tonga, M. Samuela’Akilisi Pohiva. Bien appliqué, le Programme d’Addis-Abeba, adopté en juillet dernier, est de nature à nous éviter les désillusions des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a estimé, à son tour, le Président des Comores, M. Ikililou Dhoinine, après que son homologue du Gabon, M. Ali Bongo Ondimba, eut imputé le bilan « mitigé » des OMD à l’inadéquation des mécanismes de financement proposés alors.
Le Président gabonais a aussi attribué les échecs à l’inadéquation avec les réalités structurelles et économiques des pays. « Nourris-toi selon la taille de ton estomac et habille-toi selon la taille de ton corps », a dit en écho le Président Xi Jinping, citant un proverbe chinois. Les pays, s’est-il expliqué, doivent pouvoir formuler leur propre stratégie de développement, en se fondant sur leur situation et leurs circonstances particulières. Sous les applaudissements de la salle, le Président chinois a annoncé la création d’un fonds d’aide à la coopération Sud-Sud doté d’un montant initial de 2 milliards de dollars. La Chine continuera par ailleurs à augmenter ses investissements dans les pays les moins avancés (PMA), avec l’objectif de parvenir à un total de 12 milliards de dollars d’ici à 2030, a-t-il assuré.
Le Koweït s’est également posé en champion de l’aide publique au développement (APD). L’Émir Sabah Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, a rappelé que son pays alloue « depuis des années » 2,1% de son produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement. La Ministre de la coopération des Émirats arabes unis n’a pas été en reste. Mme Sheikha Lubna Bint Khalid Al Qassimi a affirmé que son pays est devenu le donateur le plus généreux au monde ces deux dernières années, consacrant plus de 0,7% de son PIB à l’APD.
D’autres initiatives, impliquant cette fois le secteur privé, ont été mises en exergue. Le Premier Ministre des Pays-Bas, M. Mark Rutte, a attiré l’attention sur la Charte néerlandaise post-2015, associant plus de 60 entreprises, universités et des organisations spécialistes du développement et en vertu de laquelle les brasseries Heineken installées en Afrique et au Moyen-Orient ont, par exemple, pris l’engagement de s’approvisionner en produits locaux à hauteur de 60%. Le commerce n’est pas une fin en soi, il est la voie du développement, a affirmé Mm Arancha Gonzalez, du Centre du commerce international, qui a plaidé pour « le chainon manquant » de la croissance inclusive que sont les petites et moyennes entreprises (PME), moteur des progrès dans tous les 17 objectifs de développement durable, en particulier ceux relatifs à la création d’emplois et à la réduction des inégalités.
L’action du secteur privé a aussi été soulignée par le Liban. Le Président du Conseil des ministres d’un pays, qui subit de plein fouet la crise des réfugiés syriens, a mis l’accent sur l’importance des envois de fonds de la diaspora. M. Tammam Salam a déclaré que les problèmes humanitaires causés par la présence d’1,2 million de Syriens constituent l’un des plus grands défis au développement du Liban. « Cette crise nous a coûté un tiers de notre PIB », a-t-il affirmé, jugeant que celle qui frappe l’Europe n’est que la répercussion directe de la faible réponse internationale au conflit syrien.
Imputant la fuite des Syriens au terrorisme et aux sanctions qui dégradent les conditions de vie, le représentant de la Syrie a déclaré que cette situation ne se serait jamais produite s’il n’y avait pas eu des politiques erronées de la part de certains États et un manque de vision d’autres. « L’afflux des migrants a fait prendre conscience à l’Union européenne, pourtant dotée de capacités économiques considérables, du fardeau qui accable la Jordanie », a renchéri le Ministre jordanien du plan et de la coopération internationale, M. Imad Najib Fakhoury.
Le Ministre des relations extérieures du Cameroun, M. Pierre Moukoko Mbonjon, dont le pays est visé par la secte Boko Haram et subit les contrecoups de l’instabilité en République centrafricaine, s’est réjoui que l’engagement renouvelé en faveur de la paix et des droits de l’homme constitue l’ossature du nouveau Programme de développement durable. Face aux urgences humanitaires complexes ou au terrorisme, les solutions nationales ne sont plus suffisantes, a acquiescé le Président mauritanien, M. Mohammed Ould Abdel Aziz. Grâce à l’appui de la communauté internationale, a assuré le Chef de l’État de la transition de la République centrafricaine, Mme Catherine Samba-Panza, le Gouvernement a pu créer un environnement favorable à la réconciliation nationale et à la reprise des activités socioéconomiques.
Le lien « intrinsèque » entre économie et écologie, a été souligné par le Premier Ministre de Sainte-Lucie, M. Kenny Davis Anthony, après que son homologue de Samoa, M. Tuilaepa Sailele Malielegaoi, se fut félicité de constater que les priorités définies dans les « Orientations de Samoa » pour les petits États insulaires en développement fassent partie intégrante du Programme de développement durable et de celui d’Addis-Abeba sur le financement du développement. Cela n’a pas empêché le Premier Ministre de Sainte-Lucie de dénoncer la lenteur des négociations en prévision de la Conférence de Paris sur les changements climatiques, déplorant l’insuffisance des engagements pris jusqu’à présent et la « léthargie » dans la mise en place des outils de financement.
Le Sommet mondial sur le développement durable tiendra ses dernières séances demain, dimanche 27 septembre, à partir de 9 heures.
RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (4e, 5e & 6e séances)
Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes; Suite donnée aux textes issus du Sommet du Millénaire: Sommet des Nations Unies consacré à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015: projet de résolution (A/70/L.1)
Déclarations
M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de Nauru, a plaidé pour une approche logistique dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, « au lieu de s’attaquer isolément à chacun des objectifs ». Il a avoué l’inquiétude de son pays face au manque d’ambition de la communauté internationale s’agissant de la lutte contre le changement climatique. Ce péril demeure l’un des plus grands défis de notre temps en ce qu’il continue de menacer l’existence même de notre île et de saper nos efforts de développement, a-t-il dit. M. Waqa a exhorté les États Membres à parvenir à un instrument juridiquement contraignant à la Conférence sur le climat, qui se tiendra à Paris à la fin de l’année. Il a demandé que Nauru soit davantage protégé contre les évènements climatiques les plus dévastateurs, par le biais, notamment, du programme « 5-10-50 » du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) visant à aider les pays vulnérables à mettre en œuvre le Cadre de réduction des catastrophes post-2015. Assurant qu’il ne saurait y avoir de développement durable sans des océans et des littoraux sains, productifs et résilients, M. Waqa a souligné que le Pacifique était la source de toutes les possibilités de développement de son pays. L’exploitation du phosphate et la pêche constituent le cœur de notre économie, a-t-il expliqué, et nous saluons le fait que l’Agenda 2030 ait fait de l’utilisation durable des ressources marines un objectif spécifique.
Le Prince Albert II de MONACO a rappelé que son pays avait fait sien le devoir de s’adapter aux défis d’un développement urbain durable. « Nous avons opté pour des solutions écologiquement rationnelles, notamment dans les domaines des transports et de l’efficacité énergétique, en privilégiant le cadre de vie et l’aménagement d’espaces verts et nous nous sommes fixés un objectif de réduction d’émissions de gaz à effet de serre de 50% à l’horizon 2030 par rapport à 1990 ». Rappelant que dans 15 ans, les trois quarts de la population mondiale vivront en zones urbaines et que les pays en développement compteront parmi eux la plus jeune population, le Prince a déclaré que Monaco était résolu à poursuivre l’effort de mobilisation auprès des jeunes, en leur offrant les opportunités nécessaires à leur réussite. Il a ajouté qu’il s’impliquerait personnellement en faveur d’océans sains et productifs, « régulateurs du climat et garants de services écosystémiques ». « Ayons le courage et donnons-nous les moyens de ne pas décevoir ceux qui voient toujours en l’océan une mer d’espoir », a-t-il conclu.
Pour M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre, un nouveau chapitre de l’histoire du monde s’est ouvert hier avec l’adoption du Programme du développement durable à l’horizon 2030. « Un chapitre d’espoir et d’optimisme pour les peuples et la planète, pour un avenir où les valeurs démocratiques, le respect des droits de l’homme, l’état de droit et l’environnement sont au cœur du développement durable ». Ce programme illustre, selon lui, les principes et les valeurs d’un multilatéralisme efficace et d’une coopération étroite entre nations. C’est un engagement renouvelé de la communauté internationale pour achever la tâche des OMD et aller au-delà, a encore précisé le Président Anastasiades.
Chypre a activement participé au processus consultatif sur les objectifs de développement durable et leurs 169 cibles, et se félicite du programme ambitieux et inclusif, centré sur l’élimination de la pauvreté et le développement durable, qui vient d’être adopté. Le Président a relevé un changement d’attitude s’agissant des ressources naturelles et la manière dont on les utilise dans le monde. Il a salué le fait que les personnes, leur prospérité et leur développement soient au cœur du nouveau Programme. La paix et la stabilité sont toutefois des conditions essentielles au succès de ce Programme, a-t-il poursuivi. S’agissant des changements climatiques, il lui a semblé essentiel de parvenir à un accord juridiquement contraignant à la Conférence de Paris. En effet, pour M. Anastasiades, les changements climatiques représentent un défi mondial prioritaire compte tenu de l’impact grave et pluridimensionnel qu’ils ont sur l’humanité et la planète.
M. HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, a déclaré que les problèmes environnementaux relèvent d’une responsabilité collective et qu’il n’était pas possible d’envisager la paix et la sécurité aujourd’hui sans coordination avec les autres États. « Une destinée commune exige un objectif commun, ce qui ne signifie pas que les responsabilités sont toutes les mêmes », a-t-il souligné. Il serait impossible selon lui de réaliser les objectifs de développement durable sans prendre en considération les responsabilités qui incombent aux autres États, a poursuivi le Chef d’État. Pour M. Rouhani, la région de l’Asie occidentale ne fait pas seulement face à un problème de réchauffement et de sécheresse récurrent, mais aussi au terrorisme et à la violence extrémiste. Ces facteurs conjugués ont un impact regrettable sur l’environnement, a-t-il observé. Pour sa part, après avoir contribué de manière sérieuse à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’Iran s’est impliqué dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, a indiqué le Président. « Parallèlement, notre gouvernement s’est doté de politiques équilibrées entre développement économique et protection environnementale », a souligné M. Rouhani, assurant être prêt à promouvoir le développement durable de la région par le biais d’une « diplomatie environnementale ».
M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a défendu le bilan de son pays en matière d’OMD. Il a ainsi indiqué que le Mozambique scolarisait désormais au primaire 80% de ses enfants, l’accent ayant été mis sur la scolarisation dans les zones rurales les plus reculées. Il a ajouté que, depuis 2000 et l’adoption de la Déclaration du Millénaire, le pays avait réduit drastiquement la mortalité infantile: « nous sommes passés d’un décès d’enfant de moins de 1 an sur 100 naissances à 1 sur 1 000 naissances », a-t-il précisé. M. Nyusi a expliqué ces réussites par la mise en œuvre volontaire de programmes nationaux de développement social et humain. « Le Gouvernement va poursuivre ses efforts sur le front de la santé sexuelle et reproductive et les droits des adolescents et des jeunes, afin d’accroître l’espérance de vie », a-t-il également indiqué. Concluant son intervention, il a réitéré l’attachement de son pays aux principes des Nations Unies.
M. HASSANAL BOLKIAH, Sultan et Yang Di Pertuan de Brunéi Darussalam, a reconnu qu’il n’avait pas été facile de parvenir à un plan d’action mondial acceptable par toutes les nations, et s’est félicité de l’adoption du programme de développement durable pour l’après-2015. Saluant les progrès faits jusque-là dans la réalisation des OMD, il a toutefois noté qu’il s’agissait d’un bilan mitigé et qu’il était important que le nouveau Programme s’inscrive dans le prolongement des OMD. Ce nouvel Agenda, centré sur l’être humain, inclusif et global nécessite, à ses yeux, un renforcement à la fois des actions individuelles et collectives des États, ainsi qu’un partenariat axé sur la mise en place des capacités, et le partage des expériences et des meilleures pratiques. À ce titre, le Sultan a réaffirmé l’importance que son pays accorde à la coopération bilatérale et multilatérale et a annoncé son intention de renforcer les relations du sultanat avec les différentes agences des Nations Unies en vue de soutenir les plans de développement nationaux dans l’esprit des objectifs de développement durable. Il a également espéré que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sera en mesure de mettre en place sa communauté cette année et qu’elle adoptera sa propre vision complémentaire du programme mondial. Il s’agit aujourd’hui de se consacrer à la transition des Objectifs du Millénaire pour le développement aux objectifs de développement durable, en mettant le développement durable au cœur de tous les efforts et avec une attention particulière sur les jeunes, a encore précisé le Sultan.
M. CHOUMMALY SAYASONE, Président de la République démocratique populaire lao, a reconnu qu’au cours des 15 dernières années, des progrès sensibles avaient été enregistrés vers les OMD. Toutefois, a-t-il dit, il reste beaucoup à faire, comme en témoigne le chiffre de 800 millions de personnes qui continuent de vivre en dessous du seuil de pauvreté, une situation aggravée par l’expansion des conflits à travers le monde et la récurrence de catastrophes naturelles. Mon pays, a dit le Président, a adopté un plan qui met l’accent sur la réduction de la pauvreté et l’accès universel à l’éducation. Ainsi, s’est félicité M. Sayasone, le taux de scolarisation primaire a été de 98,5% en 2014 contre 84% en 2005. En outre, a-t-il poursuivi, le Gouvernement a adopté le principe de la gratuité des soins de santé. Le Programme de développement durable adopté hier par le Sommet revêt une importance capitale aux yeux des pays les moins avancés (PMA), a assuré le Chef d’État. Il a affirmé en conclusion que son gouvernement était déjà engagé dans l’intégration de nombreuses cibles des objectifs de développement durable à son programme quinquennal 2016-2020, en vue de faire sortir le pays de la catégorie des PMA d’ici à 2020.
Pour Mme PARK GEUN-HYE, Présidente de la République de Corée, l’adoption du Programme de développement durable marque une étape importante vers un monde qui ne laisse personne à la traîne et un avenir dans lequel l’homme et la nature coexistent harmonieusement. Cet avenir doit être, selon lui, plus que de simples idées. Il doit se traduire en objectifs concrets à atteindre dans notre propre intérêt mais aussi celui des générations futures. « Nous avons une responsabilité historique envers les générations à venir et devons faire de notre mieux pour mettre en œuvre, de bonne foi, les 17 objectifs du Programme », a insisté Mme Park.
À ce titre, elle a fait un certain nombre de recommandations visant notamment à ce que les pays mobilisent toutes les ressources nécessaires pour la réalisation des objectifs dans la mesure où ces derniers sont à la fois un investissement dans l’avenir et un moteur des changements sociaux. Cela suppose des stratégies de mise en œuvre qui tiennent compte des circonstances nationales. Elle a également plaidé pour la bonne gouvernance et la démocratie, l’état de droit, les droits de l’homme et l’égalité des sexes qui, selon lui, constituent les bases institutionnelles de réalisation des objectifs de développement durable. Nous sommes dans un effort collectif où gouvernements, secteur privé et société civile doivent travailler main dans la main, a encore insisté Mme Park avant de passer en revue les différentes initiatives lancées en République de Corée qui s’inscrivent d’ores et déjà dans le nouveau Programme qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation, du développement rural mais surtout de l’aide au développement. À ce titre, la République de Corée continuera à soutenir activement le Partenariat mondial pour une coopération efficace dans le domaine du développement (GPEDC) et a l’intention de devenir membre de l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IITA). En conclusion, la Présidente a mis l’accent sur l’importance des mécanismes de suivi et d’évaluation des objectifs de développement durable.
M. AGILA SALEH ESSA GWAIDER, Président de la Chambre des représentants et Chef d’État par intérim de la Libye, a estimé que la mise en œuvre du Programme de développement durable adopté hier pouvait se heurter à de nombreux problèmes, à commencer par des défis d’ordre sécuritaire. « Il ne peut y avoir de développement sans sécurité ni sécurité sans développement », a-t-il rappelé, soulignant la nécessité pour la communauté internationale de coopérer dans la lutte contre le terrorisme et de se pencher sur les causes profondes de ce phénomène plutôt que de s’en prendre à ses manifestations. Selon M. Gwaider, la Libye a redoublé d’efforts pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), mettant tout en œuvre pour les intégrer dans les plans de développement, une volonté contrariée par l’instabilité politique et l’insécurité qui secouent le pays. Les autorités libyennes comptent pouvoir rétablir la sécurité et la stabilité pour pouvoir développer un plan national de développement à long terme, conforme au Programme de développement durable, aux spécificités religieuses et culturelles et aux priorités nationales. Le Président a donc tenu à souligner les réserves de son pays face à « certains des objectifs, cibles et interprétations de quelques concepts contenus dans le document ». Il a demandé que ces « réserves et interprétations » soient vues comme un « élément essentiel » de la position de la Libye sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il n’a pas manqué d’appeler les pays qui abritent les fonds détournés par l’ancien régime d’aider son gouvernement à les récupérer, pour son peuple et le financement du développement et des infrastructures.
Cheik SABAH AL-AHMAD AL-JABER AL-SABAH, Émir du Koweït, a déclaré que la mise en œuvre des objectifs de développement durable nécessitait des États qu’ils se montrent créatifs dans la mobilisation des ressources. Le financement du développement durable doit être prévisible et adapté à l’évolution des besoins d’ici à 2030, a-t-il souligné. Il a également indiqué que son pays continuerait d’exhorter les États à honorer leur engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD). Le Koweït alloue depuis des années 2,1% de son PIB à cette aide et a organisé un nombre considérable de conférences de haut niveau sur les questions économiques, humanitaires et de développement, a-t-il ensuite rappelé. Ajoutant que le Koweït était à l’origine de nombreuses initiatives, dont le Fonds koweïtien pour le développement économique des pays arabes, l’Émir du Koweït s’est réjoui de ce que son pays ait été classé, en 2014, en tête des pays fournisseurs d’assistance humanitaire dans le rapport annuel de « Global Development Initiative ».
M. RAÚL CASTRO RUZ, Président des Conseils d’État et de Ministres de Cuba, a estimé que les moyens mis à la disposition du Programme de développement durable, « sans engagements quantifiables », « ni calendriers qui plus est », ne sont pas proportionnels à la portée de ses 17 objectifs. « Si nous voulons bâtir un monde habitable, nous devrions adopter au plus tôt des engagements tangibles en aide au développement, régler le problème de la dette qui a déjà été payée plusieurs fois, mettre en place une autre architecture financière internationale, éliminer les monopoles dans la technologie et les connaissances, et changer l’ordre économique mondial en place. » Pour lui, les pays industriels doivent accepter leurs responsabilités « historiques » et mettre en pratique le principe de la « responsabilité commune mais différenciée ». On ne saurait prétexter du manque de ressources, a-t-il dit, quand on sait que les dépenses militaires mondiales se chiffrent chaque année à des milliards de dollars, au point que le développement et la paix ne seront possibles sans une réduction de ces dépenses. S’il s’est félicité du rétablissement des relations diplomatiques entre son pays et les États-Unis, M. Castro a déclaré qu’il n’en restait pas moins que le blocus économique, financier et commercial était maintenu, constituant un obstacle majeur au développement de l’île.
M. XI JINPING, Président de la Chine, a jugé prioritaire de renforcer les capacités nationales de développement. Après tout, le développement est le travail des nationaux. Citant un proverbe chinois, le Président a dit: « Mange selon la taille de ton estomac et habille-toi selon la taille de ton corps ». En effet, les pays doivent pouvoir formuler leur propre stratégie de développement adaptée à leur situation et à leurs circonstances particulières. Dans ce contexte, la communauté internationale doit contribuer au renforcement de leurs capacités. Le Président a estimé qu’i faut aussi améliorer l’environnement international du développement. Les institutions financières doivent embrasser la réforme de leur gouvernance et les agences multilatérales de développement, faciliter l’accès aux ressources. Il faut également, a poursuivi le Président, actualiser le partenariat au développement. Les pays développés doivent tenir leurs engagements et la communauté internationale doit, tout en maintenant le rôle de la coopération Nord-Sud comme « canal principal », renforcer la coopération Sud-Sud et la coopération tripartite, sans oublier d’encourager le secteur privé et les autres parties prenantes à jouer un plus rôle actif.
Enfin, le Président a plaidé pour qu’on renforce les mécanismes de coordination. Les pays doivent améliorer leur politique de coordination macroéconomique pour éviter les débordements négatifs. Les organisations régionales doivent accélérer leur processus d’intégration et améliorer leur compétitivité, en tirant parti de leurs avantages comparatifs. En la matière, l’ONU doit jouer un rôle de chef de file. Le Président a annoncé la création par son pays d’un fonds d’aide à la coopération Sud-Sud doté d’un montant initial de 2 milliards de dollars. La Chine continuera par ailleurs à augmenter ses investissements dans les pays les moins avancés (PMA), avec l’objectif de parvenir à un total de 12 milliards de dollars d’ici à 2030. Elle poursuivra sa politique d’effacement de la dette en faveur des PMA, des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement. La Chine entend aussi créer un centre d’excellence sur le développement durable et encourager des discussions sur la création sur Internet d’une page dédiée à l’énergie pour jeter un pont entre la demande énergétique et les alternatives vertes et propres qui existent.
M. MACKY SALL, Président du Sénégal, a déclaré que contenir l’émission des gaz à effet de serre permettrait de mobiliser les ressources nécessaires au financement du Fonds vert pour le climat, de soutenir les efforts d’adaptation aux changements climatiques et de contribuer au transfert des technologies adaptées aux besoins des pays cibles. Le Président sénégalais a appelé les États à taire leurs égoïsmes nationaux et a souhaité que la mise en œuvre du nouvel agenda des objectifs de développement durable soit accompagnée d’un renforcement de la lutte contre l’évasion fiscale et du financement des infrastructures indispensables au développement à long terme. En ma qualité de Président du Comité d’orientation du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), je renouvelle l’appel de l’Afrique à la mise en œuvre de l’initiative CONNEX du G7 sur le soutien aux pays en développement dans les négociations de contrats complexes, en particulier ceux relatifs à l’industrie extractive, a souligné M. Sall.
Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 représente pour M. MUHAMMAD JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie, une promesse aux générations futures que « nous tiendrons ensemble de notre mieux afin de leur laisser un monde plus prospère grâce au développement durable ». Pour cela, il a estimé qu’il va falloir tirer les leçons des OMD, qui, malgré leurs succès réels, n’ont pas pu venir à bout des inégalités et de la pauvreté dans le monde. « Le travail reste inachevé et il va falloir intensifier nos efforts et booster nos responsabilités partagées conformément aux capacités nationales pour pouvoir aller de l’avant avec le nouveau Programme de développement durable », a estimé M. Kalla. Il a également passé en revue les actions menées en Indonésie en termes d’objectifs de développement durable, et notamment le fait que son pays a réussi à faire baisser de plus de la moitié le nombre de personnes vivant dans la pauvreté.
Enfin, le Vice-Président a mis l’accent sur la nécessité de renforcer le partenariat mondial qui doit être inclusif, tout en tenant compte des spécificités nationales et des priorités de développement de chaque pays. À ce titre, il a exigé que les engagements pris en termes d’APD soient honorés et a proposé de lier les mécanismes de financement du développement à des structures de partage des connaissances et de transfert de technologies. Enfin ce partenariat devrait s’étendre, selon lui, aux acteurs non étatiques, à la société civile, au secteur privé et au monde philanthropique. Le Vice-Président a en effet insisté sur la notion de « responsabilité sociale », avant d’insister aussi sur le fait que sans paix, entre États et au sein des États, il ne peut y avoir de développement et que, par conséquent, la prévention des conflits et la reconstruction postconflit devraient être une priorité de l’Agenda mondial.
M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce du Samoa, s’est félicité de constater que les priorités définies dans les Orientations de Samoa pour les petits États insulaires en développement faisaient partie intégrante des objectifs de développement durable. Il a réaffirmé ce qui avait été reconnu lors de la Conférence des Nations Unies sur le financement du développement d’Addis-Abeba, à savoir que ce groupe de pays a des besoins de développement durable spécifiques et des vulnérabilités intrinsèques liées à des facteurs indépendants de leur volonté. Le Chef de Gouvernement s’est aussi déclaré convaincu de la nécessité de reconnaître que des approches différenciées sont nécessaires en fonction des réalités nationales pour garantir le succès du programme de développement pour l’après-2015. Pour sa part, le Samoa s’est fait le champion des partenariats dans l’espoir de mettre en œuvre les priorités inscrites dans le programme adopté hier. « Notre prochaine stratégie quinquennale débutera en 2016, et s’appuiera sur les Orientations et les objectifs de développement durable pour mettre notre pays sur la voie du développement », a-t-il assuré en conclusion.
M. MARK RUTTE, Premier Ministre et Ministre des affaires générales des Pays-Bas, a attiré l’attention sur le rôle du secteur privé de son pays dans le financement à long terme de projets de développement. L’an dernier, a-t-il indiqué, plus de 60 partenaires économiques de mon gouvernement ont signé la Charte post-2015, une initiative associant les entreprises néerlandaises, les universités et autres organisations spécialisées dans le développement. M. Rutte a donné comme exemple l’engagement pris par les brasseries Heineken installées en Afrique et au Moyen-Orient de s’approvisionner en produits locaux à hauteur de 60%. Le Gouvernement appuie ces efforts en formant les fermiers du cru, a ajouté M. Rutte, expliquant qu’au Burundi un partenariat similaire avait permis à 18 000 fermiers de toucher des revenus réguliers. Le Premier Ministre néerlandais a également évoqué la création du Fonds d’assurance santé, un organisme public-privé soutenu par certaines des plus importantes compagnies d’assurance néerlandaises. Rien qu’en 2014, le Fonds a fourni une assurance médicale et agricole à quelque 460 000 habitants de pays subsahariens, s’est-il réjoui. Il a par ailleurs ajouté que le projet Amsterdam initiative Against Malnutrition, qui associe le Gouvernement, des ONG mais également des multinationales du secteur alimentaire, fournissait désormais un meilleur accès aux aliments nutritifs à 26 millions de personnes. En conclusion, M. Rutte a fait observer que l’engagement de son pays à promouvoir le développement dans le cadre prévu par l’ONU était l’une des principales raisons pour lesquelles les Pays-Bas brigueront un siège au Conseil de sécurité en 2017.
Pour M. PAKALITHA B. MOSISILI, Premier Ministre du Lesotho, la fin du cycle des OMD marque un espoir nouveau quant à un engagement fort en vue de finir le travail engagé en 2000. Le nouveau Programme de développement durable est un « agenda pour la croissance au XXIe siècle », un plan d’action pour mettre un terme à la pauvreté partout dans le monde qui place l’être humain au centre des actions. Les 17 objectifs de développement durable, qui sont intégrés et indissociables, sont la preuve de l’ambition et de l’universalité du Programme, a-t-il estimé. Compte tenu de la large portée de ces nouveaux objectifs, il s’est dit rassuré de voir que les moyens de leur mise en œuvre, tels qu’ils figurent dans le document final, sont à la hauteur des ambitions, s’agissant du financement, du transfert des technologies, de la mise en place des capacités requises et de la collecte des données statistiques pour pouvoir mesurer efficacement les progrès réalisés. Avant de conclure, le Premier Ministre a lancé un appel pour que ce Programme ambitieux soit traduit dans les plans de développement nationaux pragmatiques et viables dotés des moyens nécessaires. « Sans une véritable volonté politique de tous les dirigeants du monde, la réalisation des objectifs de développement durable ne sera qu’un mirage lointain », a averti le Premier Ministre pour lequel il ne s’agit pas d’une option mais d’un impératif de notre temps.
M. SIGMUNDUR DAVID GUNNLAUGSSON, Premier Ministre de l’Islande, a attiré l’attention des États Membres sur le lien étroit entre sécurité, développement et droits de l’homme, illustré de manière saisissante par la situation des migrants à travers le monde. Pour son gouvernement, les objectifs de développement durable constituent un défi majeur dont la mise en œuvre exigera un engagement et une énergie de tous les pays et de tous les peuples. M. Gunnlaugsson s’est félicité de ce que l’Islande ait d’ores et déjà fait une réalité de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles. Dans ce contexte, il a exhorté hommes et garçons à s’impliquer activement dans la « bataille » en faveur de la parité, pour laquelle le Parlement islandais a garanti un financement adéquat. Il a également expliqué que son pays était pratiquement autosuffisant dans le domaine des énergies renouvelables tout en continuant de partager son expertise en matière de géothermie avec un certain nombre de pays en développement.
M. STEFAN LÖFVEN, Premier Ministre de la Suède, a salué le fait que la nouvelle feuille de route soit universelle, aucun pays ne pouvant se soustraire à sa responsabilité en matière de développement durable. « Cependant, l’engagement seul des gouvernements ne suffit pas. Des efforts sont nécessaires à tous les niveaux, dans tous les secteurs et par tous les acteurs », a, à son tour, souligné M. L%u04E7fven. À cet égard, il a expliqué que la Suède avait lancé une initiative aux côtés de 10 dirigeants internationaux au sein d’un groupe de soutien de haut niveau visant à imprimer un véritable élan à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Liant égalité et développement, il a affirmé que promouvoir l’égalité générerait du talent et des ressources. Les emplois décents pour tous renforcent la compétitivité et le développement de solutions nouvelles aux émissions de gaz à effet de serre fait que « nous enrayerons les changements climatiques et créeront de nouveaux emplois ». M. L%u04E7fven a rappelé que son pays demeurait le principal bailleur de fonds au Fonds vert pour le climat et qu’il restait fidèle à l’objectif d’1% de son revenu national brut à l’APD.
M. IRAKLI GARIBASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a mis l’accent d’emblée sur la nécessité de faciliter la transition entre les objectifs du Millénaire pour le développement et les objectifs de développement durable, en rappelant que l’adoption des OMD en 2000 avait été véritablement « révolutionnaire » dans la mesure où, pour la première fois, on adoptait un langage commun pour affronter les défis mondiaux. En Géorgie, les OMD ont été un outil de discussion, de priorisation et d’orientation dans le domaine du développement et, selon lui, les objectifs de développement durable vont donner un nouvel élan à cette dynamique et à ces efforts. Il faut faire en sorte que ce nouveau Programme de développement jouisse du plus large soutien possible du grand public.
Le Premier Ministre a mis l’accent sur l’objectif 7 qui vise l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes à un coût abordable. À ce titre, il a expliqué que depuis 2007, la Géorgie est devenue un exportateur net d’électricité grâce à une réforme majeure de son secteur électrique. L’objectif 9, qui a trait à la mise en place d’une infrastructure résiliente et à la promotion d’une industrialisation durable qui profite à tous, est également une des priorités de la Géorgie qui mise sur des petites et moyennes entreprises dans l’agriculture et l’industrie.
Enfin l’objectif 16, qui porte sur la promotion de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable, l’accès de tous à la justice et la mise en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes, fait également partie des objectifs prioritaires du Premier Ministre qui estime que la réalisation de cet objectif repose sur la bonne gouvernance, la transparence et l’accès à l’information publique. Le Gouvernement est en train de finaliser la nouvelle loi consolidée sur la liberté d’information. Tous ces objectifs devront également s’appliquer « aux deux territoires sous occupation étrangère », a encore précisé le Premier Ministre.
M. SAMDECH AKKA SENA PADEI TECHO HUN SEN, Premier Ministre du Cambodge, a estimé qu’un nouveau chapitre de l’humanité s’ouvrait avec l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui s’inscrit dans le prolongement des OMD. À ce titre, il a passé en revue les transformations significatives qu’a connues le Cambodge au cours des 20 dernières années notamment en termes de paix et de stabilité politique ainsi que de croissance économique qui se situe autour de 7,7% par an. Le pays a également atteint l’OMD relatif à la réduction de la pauvreté extrême passant de 53% en 2004 à 16% en 2013. Le Ministre s’est dit confiant que son pays parviendrait à réaliser les autres OMD d’ici à la fin de l’année. En tant que pays en transition vers le statut de pays à revenu intermédiaire d’ici à 2016, le Cambodge accueille favorablement les nouveaux objectifs de développement durable qui faciliteront cette transition. Toutefois, le pays tient à incorporer « le déminage » comme objectif supplémentaire aux objectifs de développement durable pour qu’ils reflètent pleinement la réalité sur le terrain, a expliqué le Premier Ministre dont le Gouvernement appuie le Programme d’action sur le financement du développement adopté, cette année, à Addis-Abeba.
Il demande néanmoins à pouvoir bénéficier d’une « extension » du soutien financier dont il bénéficie en tant que PMA, en attendant de consolider son nouveau statut de pays à revenu intermédiaire. Le succès du nouveau Programme de développement durable passe par une mobilisation des ressources, et, pour cela, le Premier Ministre a exhorté les donateurs à honorer l’engagement de consacrer 0,7% du revenu national brut à l’APD et de 0,15% à 0,2% pour les PMA. Le Premier Ministre a également mis l’accent sur l’importance des partenariats entre tous les acteurs du développement, y compris bilatéraux et multilatéraux, le secteur privé et les autres acteurs du développement.
M. TIMOTHY HARRIS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a noté avec satisfaction que les objectifs de développement durable 13 et 14 portaient sur le changement climatique et sur les océans et les mers, respectivement, deux sujets d’importance particulière pour un petit pays insulaire en développement comme le sien. Qualifiant de « menace existentielle » le changement climatique, M. Harris a fait état d’une réalité préoccupante marquée par l’érosion progressive du littoral de l’archipel et une sécheresse persistante, ce qui a conduit au rationnement de l’eau. Il a également mis en cause la pollution, la dégradation des récifs de corail, ainsi que la surpêche, alors que Saint-Kitts-et-Nevis dépend étroitement des ressources halieutiques à l’intérieur de son plateau continental. Dans un tel contexte, le pays consent des investissements significatifs dans les sources d’énergies renouvelables, notamment géothermique, éolienne et solaire, et s’est doté d’un cadre législatif destiné à préparer le pays à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, que le Premier Ministre a comparé à une véritable feuille de route quotidienne pour son gouvernement et pour son peuple. Toutefois, a-t-il prévenu, une assistance internationale sera indispensable à l’appui de ces efforts. À cet égard, a ajouté M. Harris, une attention devrait être accordée aux propositions des ministres des finances du Commonwealth, qui préconisent des « stratégies innovantes pour aider les petits États insulaires en développement à avoir accès aux sources de financement internationales ».
M. TAMMAM SALAM, Président du Conseil des ministres du Liban, a déclaré d’emblée que les problèmes humanitaires provoqués par la crise des réfugiés syriens constituaient l’un des plus grands défis au développement de son pays. Le Liban, pays de 4 millions d’habitants, le plus petit de la région, fait les frais du déplacement forcé des Syriens, a-t-il lancé, rappelant que le Liban accueille sur son sol plus de 1,2 million de ressortissants syriens, « soit l’équivalent d’un tiers de notre population ». M. Salam s’est ainsi attardé sur l’impact dévastateur de cette crise sur le développement, l’activité économique et le progrès social et environnemental du Liban. Cette crise nous a coûté un tiers de notre PIB, a-t-il dit avant de juger que la crise des réfugiés qui sévit à présent en Europe était une répercussion directe de la faiblesse de la réponse initiale de la communauté internationale aux conséquences du conflit syrien.
M. Salam a salué le fait que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaisse que les déplacements forcés de populations résultent de l’escalade de la violence, de l’extrémisme et du terrorisme. « Nous devons renforcer les capacités de résilience des communautés d’accueil, en particulier dans les pays en développement », s’est-il exclamé. M. Salam a précisé qu’au Liban, la résilience était directement liée aux efforts du secteur privé ainsi qu’aux envois de fonds de la diaspora libanaise. « Il serait utile de revoir les restrictions inutiles pesant sur ces envois de fonds », a-t-il considéré à cet égard, fustigeant les coûts élevés des transferts qui pénalisent directement les destinataires. « Ces restrictions affectent la consommation, qui est une des principales composantes du PIB et, par conséquent, l’un des moteurs du développement de nos nations », a insisté M. Salam.
M. RUI MARIA DE ARAÚJO, Premier Ministre du Timor-Leste, s’est déclaré particulièrement fier d’avoir participé à l’élaboration du Programme de développement durable et s’est engagé à remplir le rôle qui revient à son pays dans sa mise en œuvre. Il a annoncé que le Conseil des ministres timorais avait d’ores et déjà approuvé les objectifs, ouvrant la voie à leur opérationnalisation dans le contexte du Plan de développement stratégique. « Notre vision est celle de la transition du pays à faible revenu que nous sommes à un pays à revenu intermédiaire, avec une population en bonne santé, bien éduquée et en sécurité d’ici à 2030 », a-t-il annoncé. Avec de telles fondations, nous pouvons et continuerons à consolider notre économie et à créer davantage d’emplois décents pour notre peuple, a poursuivi le Premier Ministre, qui a encouragé en conclusion tous les pays à faire leur le Programme de développement durable adopté hier.
M. FRANCOIS L. FALL, Ministre d’État et Ministre des affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger, a notamment indiqué que son pays s’était engagé à faire de l’autonomisation des femmes et de l’emploi-jeunes un levier du développement national. Il a expliqué que d’importantes sommes avaient été mobilisées pour permettre aux femmes d’accéder au microcrédit et aux jeunes de bénéficier de formations et d’emplois décents. « Naturellement, les services de santé dont la fragilité s’est illustrée lors de la gestion de la crise sanitaire Ebola bénéficieront d’une grande attention afin d’accroître leurs capacités de riposte aux pandémies », a-t-il ajouté. M. Fall a ensuite souligné le lien entre développement durable et protection de l’environnement, souhaitant que la vingt et unième Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) débouche sur un instrument juridiquement contraignant « garant » de l’avenir « radieux » des générations futures.
M. MANUEL DOMINGOS VICENTE, Vice-Président de l’Angola, a souligné la nécessité de financer, par le biais de mécanismes concrets, la réalisation des objectifs de développement durable, afin de permettre à ceux-ci d’être des catalyseurs efficaces des politiques publiques et des bonnes pratiques tenant compte des réalités de chaque pays. Il a ajouté, qu’à ce titre, l’Angola mettrait en œuvre, « en l’interprétant à l’aune de ses valeurs, de ses lois nationales et de ses priorités en matière de développement », le Programme de développement durable à l’horizon 2030. M. Vicente a réaffirmé la volonté politique de son gouvernement de contribuer activement à l’accroissement de la représentation des femmes à tous les niveaux de décision, cela dans le cadre de la campagne « Parité 2030: avancer plus vite vers l’égalité des sexes ».
Mme RODOLFO NIN NOVOA, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a déclaré que des efforts importants devraient être consentis par l’ensemble de la communauté internationale. Elle s’est déclarée convaincue de la nécessité de garantir l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive, mais aussi de changer les modes de production et de consommation qui prévalent dans le monde aujourd’hui. La Ministre a également plaidé pour un changement des règles du commerce international. Si nous n’avons pas un environnement sain, s’est-elle demandé, comment pourrons-nous envisager un développement durable? Les mesures prises au niveau mondial pour atténuer les effets du changement climatique n’empêchent pas l’Uruguay d’agir au niveau national, a assuré la Ministre, pointant toutefois la responsabilité qui revient aux plus grands pollueurs. Notre pays, a-t-elle affirmé, a été pionnier dans la reconnaissance de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, et c’est la raison pour laquelle elle se félicite que cette cible figure bien dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui ne se réalisera, a-t-elle prévenu, que si nous reconnaissons l’universalité de tous les objectifs, mais aussi la diversité des moyens d’y parvenir.
M. IBRAHIM AHMED GHANDOUR, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a annoncé que son pays avait d’ores et déjà pris des mesures pratiques pour intégrer les objectifs de développement durable, adoptés hier, dans son cadre de développement et ses politiques économiques nationales. Le Soudan compte aller plus loin dans la mise en œuvre du nouveau Programme grâce à des partenariats publics-privés et à la société civile, tout en comptant sur le rôle constructif des Nations Unies et de la communauté internationale. Pour M. Ghandour, il est toutefois important que la mise en œuvre du Programme tienne compte du droit interne et des pratiques religieuses, culturelles et sociales du peuple soudanais. Le Ministre a tenu à mettre l’accent sur le fait que le développement durable ne peut se faire sans la paix, et a affirmé que son gouvernement s’était engagé sur cette voie, avec le soutien de l’Union africaine. Il a dénoncé les sanctions unilatérales, les mesures coercitives et les embargos commerciaux et financiers imposés à certains pays en développement, dont le sien, qui sont un frein au développement. Après avoir exigé leur levée immédiate, le Ministre a abordé le problème de la dette étrangère et a demandé un compromis et un accord mutuel entre les parties concernées.
Le Ministre a insisté sur l’importance d’un partenariat mondial constructif pour la réalisation du Programme, tel que le souligne le Programme d’action d’Addis-Abeba. Pour lui, la mobilisation des ressources nécessaires à la réalisation des 17 objectifs restera « un défi » pour tous. Déclarant pour conclure que « la pauvreté ici menace la prospérité partout », il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle fasse preuve de la solidarité nécessaire face aux défis majeurs de l’humanité et maintienne son engagement dans le prolongement des OMD.
M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Tchad, s’est félicité de l’engagement de la communauté internationale de placer, à travers le Programme de développement durable, l’éradication de la pauvreté comme objectif principal. Il a ensuite appelé à la mise en place des infrastructures de transport, d’énergies, sociosanitaires et agricoles et a dit attendre avec beaucoup d’intérêt l’opérationnalisation du Mécanisme de facilitation et de transfert des technologies. Nous devons assurer le renforcement des capacités de résistance aux chocs extérieurs et climatiques par le soutien aux initiatives telles que la réalisation du programme Grande Muraille verte au Sahel et au Sahara, a poursuivi le Ministre. Il a également rappelé que le lac Tchad, qui est une source de survie pour plus de 30 millions d’habitants, était en danger d’assèchement...
Compte rendu intégral de l'ONU
Source : ONU
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