Québec, 9 octobre 2015 - Alors que le cas du déversement projeté de sept à huit milliards de litres d'eaux usées dans le fleuve à Montréal retient l’attention du public et des politiciens depuis plusieurs jours, le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) tient à informer la population d’un problème tout aussi préoccupant que cet évènement ponctuel pour la santé de nos cours d’eau: la gestion quotidienne et défaillante des eaux usées domestiques. L’organisation réclame d’ailleurs la mise sur pied d’un programme de mise à niveau des infrastructures.
Les 40 organismes de bassins versants oeuvrant sur l’ensemble du Québec méridional avec près de 900 intervenants ont identifié la qualité des eaux de surface comme problème majeur dans les plans directeurs de l’eau produits à la demande du gouvernement du Québec. La contamination par les eaux usées domestiques constitue la principale cause évoquée pour expliquer cette problématique. Concrètement, selon les données provenant du ministère des Affaires municipales, ce sont 45 512 débordements d’eaux usées non traitées qui ont été constatés dans la province en 2013.
«Si nous voulons améliorer la qualité de l’eau au Québec, non seulement dans le fleuve, mais pour l’ensemble de nos rivières, ce n’est pas uniquement pour le cas de Montréal que nos politiciens doivent prendre des engagements», affirme Jean-Paul Raîche, premier vice-président du ROBVQ. «Ils doivent mettre sur pied un programme de mise à niveau des infrastructures partout au Québec, et ce, sans tarder», soutient-il.
L’organisation pense que la mise à jour des infrastructures de traitement des eaux usées devrait d’abord permettre à celles-ci d’accueillir de plus grandes quantités d’eau en période de forts débits. Le ROBVQ croit également qu’il est prioritaire d’identifier des solutions pour réduire les quantités d’eau qui trouvent leur chemin jusqu’à l’usine. Parmi ces solutions, mentionnons la séparation des eaux usées et des eaux de pluie, la réduction de la consommation d’eau potable qui se retrouve dans le réseau d’égouts et la création de divers aménagements pour retenir et favoriser l’infiltration des eaux pluviales dans le sol comme le débranchement des gouttières ou l’aménagement de jardins de pluie.
En outre, il existe encore au Québec quelques municipalités pour lesquelles il n’existe aucun traitement des eaux usées, hormis la présence d’un dégrilleur permettant de retenir les matières solides. Pour M. Raîche, «le programme d’infrastructures proposé devrait permettre aux petites municipalités qui n’ont actuellement pas les ressources nécessaires pour implanter un traitement des eaux usées d’obtenir un soutien suffisant de la part du gouvernement».
Finalement, la majorité des usines de traitement des eaux au Québec utilisent des systèmes qui ne permettent pas de traiter adéquatement une foule de contaminants émergents, dont les hormones et les produits pharmaceutiques. Les systèmes actuels ne permettent pas non plus d’éliminer les pathogènes et ne retiennent que partiellement le phosphore, principale source de vieillissement prématuré des lacs, souvent associé à la présence d’algues bleu-vert.
Rappelons que les OBV sont des organismes mandatés par le gouvernement en vertu de la « Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et visant à renforcer leur protection ». En concertation avec les acteurs de l'eau, ils élaborent et mettent à jour un plan directeur de l’eau, en font la promotion et assurent le suivi de sa mise en œuvre. Le ROBVQ représente 40 OBV établis sur l'ensemble du Québec méridional regroupant ainsi plus de 800 acteurs de l’eau et 200 salariés.
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