Un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), publié vendredi, indique que si les politiques actuelles et les engagements des pays à l'approche de la conférence de Paris sur le climat (COP21) permettront de limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES) d'origine humaine d'ici 2030, seul un nouvel accord sur le climat à Paris en décembre permettra de maintenir le réchauffement planétaire en deçà de 2 °C d'ici 2100.
Ce rapport d'évaluation, intitulé 'Rapport sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions', indique en effet que les engagements annoncés par les pays en amont de la COP21 permettront une réduction des émissions de GES de 6 gigatonnes d'ici 2030, mais qu'il faudrait 12 gigatonnes de réduction supplémentaires pour maintenir le réchauffement planétaire en deçà de 2 °C.
Réalisé par une équipe de scientifiques et d'experts en modélisation issus du monde entier, ce rapport présente une analyse des 119 contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN) qui ont été communiquées à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) avant le 1er octobre 2015.
Lors de la 19ème session de la Conférence des parties à la CCNUCC, organisée à Varsovie en 2013, chaque Etat s'était en effet engagé à formaliser au sein d'un document intitulé CPDN ses objectifs nationaux à court et à long termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces CPDN sont censées constituer la base des négociations devant conduire à l'adoption d'un accord global sur le climat à Paris en décembre.
Selon le rapport, 146 Etats ont remis leur CPDN avant la date butoir (l'Union européenne formant un seul bloc), ce qui correspond à près de 88 % des émissions mondiales de GES en 2012.
Les CPDN, précise le rapport, représentent une réduction des émissions de GES de 4 à 6 gigatonnes d'équivalent de dioxyde de carbone par an (Gt éq. CO2/an) en 2030 par rapport aux émissions prévues à partir des courbes d'évolution actuelles. Les perspectives pour 2030 fondées sur les politiques actuelles sont quant à elles inférieures de 5 Gt éq. CO2 aux estimations établies dans le cinquième Rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
L'étude du PNUE montre que la lutte contre les changements climatiques, associée aux mesures qui ont précédé l'Accord de Paris et à une réalisation complète des CPDN, pourrait entraîner une baisse des émissions de 11 gigatonnes d'équivalent de dioxyde de carbone par an (Gt éq. CO2/an) par rapport aux prévisions pour 2030.
« Il en faudrait cependant environ deux fois plus pour atteindre le niveau de 42 Gt éq. CO2 d'émissions à l'échelle mondiale correspondant à une bonne probabilité (supérieure à 66 %) de tenir l'objectif des 2 °C d'ici 2100 », a déclaré le PNUE dans un communiqué de presse annonçant la sortie du rapport.
Selon le rapport, la principale difficulté consiste à infléchir la courbe d'évolution des émissions dès que possible pour être en mesure d'atteindre l'objectif d'une valeur nette de zéro d'ici 2060 à 2075.
« Associées aux politiques menées ces dernières années, les CPDN actuelles traduisent une réelle élévation des ambitions. Elles prouvent que les États membres n'ont jamais été aussi déterminés à lutter contre ce problème majeur d'envergure planétaire », a déclaré le Directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner.
Si les CPDN analysées dans le Rapport sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions marquent un tournant en ce qui concerne les efforts internationaux visant à infléchir l'évolution des futures émissions, elles ne suffiront toutefois pas à maintenir le réchauffement des températures mondiales en deçà du niveau recommandé de 2 °C d'ici la fin du siècle, a déclaré M. Steiner.
« En revanche, pour combler cet écart, il est essentiel que l'Accord de Paris adopte une approche dynamique favorisant une réévaluation régulière, à la hausse, des ambitions, de la mobilisation du financement de l'action climatique et d'autres formes de coopération », a-t-il ajouté.
En cas de réalisation complète de toutes les CPDN, l'écart entre les perspectives et les besoins de réduction des émissions serait encore de 12 Gt éq. CO2, ce qui serait compatible avec un réchauffement d'environ 3 °C d'ici 2100, en plus d'importantes retombées sur le climat, a déclaré le rapport.
Communiqué de l'ONU
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