Le Groupe de travail spécial sur la Plate-forme de Durban pour une action renforcée (ADP) a publié le texte final de négociations ce 5 décembre au terme de la première semaine de la COP 21. Les pays africains ne sont pas satisfaits du texte. Plusieurs points restent en suspens, notamment la question des pertes et dommages.
Les pertes et dommages seront intégrés dans l’Accord de Paris, c’est une avancée. Mais les parties des pays développés tentent toujours de revenir sur la décision prise lors de la COP 19 à Varsovie (Pologne) en 2013 sur la mise en place du Mécanisme international de Varsovie sur les pertes et dommages. En effet, dans le texte final, l’option 2 ne propose plus la suppression de l’article 5 mais propose d’intégrer les pertes et dommages dans l’article 4 relatif à l’adaptation.
Les pays en développement, dont les pays africains font partie, et les pays les plus vulnérables au changement climatique ne sont pas d’accord avec cette seconde option et perçoivent cette proposition comme une remise en cause du principe de responsabilité commune mais différenciée de la Convention, ainsi que de la décision prise lors de la COP 19 à Varsovie (Pologne) en 2013 sur la mise en place du Mécanisme international de Varsovie sur les pertes et dommages.
« Tant que les Parties responsables des effets irréversibles du changement climatique actuels n’assumeront pas leurs rôles et ne démontreront pas plus d’ambition sur ce point, le texte ne nous conviendra pas », confie Dr Hery A. Rakotondravony, le négociateur principal de Madagascar, « étant donné que notre pays fait partie des premiers victimes des effets néfastes des changements climatiques ».
Pour rappel, selon une étude scientifique en 2013, même si de fortes mesures d’atténuation et d’adaptation sont prises, les pertes et dommages pour l’Afrique sont estimés à 100 milliards de dollars par an d’ici 2050 pour une température en dessous de 2 °C et à 200 milliards par an d’ici à 2040 si la température dépasse 4 °C.
Le président exécutif du Réseau des organisations de la société civile pour l’économie verte en Afrique centrale, Nicaise Moulombi et négociateur du Gabon, dénonce quant à lui, le refus de la Norvège d’intégrer dans l’Article 2 relatif aux objectifs les droits des peuples autochtones, l’égalité des sexes et l’équité intergénérationnelle. « Les entreprises émettrices de gaz à effet de serre peuvent continuer à polluer la planète et à piller les ressources. De plus, la protection des éléphants est prioritaire par rapport à la protection des êtres humains », évoque-t-il.
Les négociateurs africains sont ainsi pessimistes concernant les perspectives de la deuxième semaine de la COP 21. « Nous aurons un accord global et ambitieux, mais il sera non contraignant », prédit Nicaise Moulombi. « Nous espérons une impulsion politique du segment de haut niveau avec les différents groupes de d’appartenance », conclut le négociateur de Madagascar.
Outre les pertes et dommages, le maintien de la température mondiale au-dessous de 1,5°C, l’amélioration des articles relatifs à la mitigation, à l’adaptation et au financement constituent les principales demandes du groupe africain sur lesquelles il n’y a pas encore eu de progrès réel.
Domoina Ratovozanany
Climate Tracker COP 21 Fellow du projet Adopt A negotiator
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