L’Accord de Paris sur les changements climatiques, adopté en décembre 2015, a connu une mobilisation exceptionnelle de la Francophonie. Dans le cadre de la Conférence de Montréal 2016- Forum économique international des Amériques, qui s’est déroulée du 13 au 16 juin dernier, des représentants des pays francophones ont exposé leurs positions quant aux défis et opportunités qui se présentent à eux pour changer le cours des choses.
L’animateur de l’activité, M. Jean-Pierre Ndoutoum, directeur de l’Institut de la Francophonie pour le développement durable, a d’abord rappelé que cet accord est marqué par le caractère universel quant au nombre de pays, soit 197, et des objectifs communs, dont celui de garder le réchauffement climatique sous la barre des 2°C. La Francophonie a contribué activement à ces négociations par la production de documents, la présentation de propositions constructives et le leadership de sa secrétaire générale, Michelle Jean.
La Conférence des parties- 21 : une entente historique et prometteuse
Pour la ministre de l’Environnement et de l’Énergie de la région belge Bruxelles-Capitale, Madame Céline Frémeault, cette entente a remis la question des changements climatique sur le plan de l’actualité et le suivi de cette convention demeure crucial pour l’avenir de l’humanité car, dit-elle, le temps presse. Les réfugiés climatiques témoignent de cette urgence.
À cette occasion et contrairement à la COP-19 de Copenhague, les attentes ont été satisfaites en bonne partie. Résultat de compromis acceptables, l’Accord, portant sur 25 ans, identifie la nécessité de maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 1.5°C, l’obligation de transparence quant à l’atteinte des objectifs fixés et la nécessité d’un fonds international pour soutenir ces changements. Cependant, chaque pays établira lui-même ses cibles, ce qui représente possiblement une faiblesse. Il faut préciser que des négociations continues feront en sorte d’évaluer, d’abord en 2020, les progrès réalisés.
Pour la Francophonie, et particulièrement les pays africains, il est impérieux, affirme Madame Frémeault, que les questions de l’adaptation aux changements et leur financement fassent rapidement l’objet de résultats car la portée de cette entente sera mise en cause si la solidarité entre les partie prenantes n’existe pas. Dès lors, des plans et des mesures, comme celui de la région de Bruxelles-Capitale, pourront être réalisés afin d’agir de façon conséquente.
La COP-22 de Marrakech, une étape importante
Madame Shafi, représentante de la ministre chargée de l’Environnement du Maroc indique, en première partie de son allocution, que le temps de la rhétorique est terminé et qu’il faut maintenant s’engager dans l’action. La COP-21 de Paris, de par ses engagements, a signifié qu’il y a urgence et des défis à relever. Les impacts des changements climatiques se chiffrent maintenant à la hauteur de 4% du produit mondial brut. Les pays vulnérables et, entre autres, les pays africains de la Francophonie, s’attendent à des résultats probants afin d’assurer leur sécurité alimentaire et prévoir une planification énergétique suffisante.
La Conférence des parties de la COP-22, qui se déroulera à Marrakech au Maroc en novembre 2016, doit viser à accélérer, à la fois, l’innovation, le développement des énergies propres et établir un financement international à la hauteur des besoins des pays en développement. La planète en sera témoin.
Le Québec et les suites de l’Accord de Paris : des objectifs en voie de réalisation
Madame Christine Tremblay, sous-ministre de l’Environnement du Québec, considère que le Québec trace la voie, du moins au Canada, afin de respecter l’agenda de la COP-21. Misant sur l’expertise scientifique et la promotion des énergies vertes, le plan du gouvernement québécois se décompose en quatre objectifs, à savoir le rôle des états fédérés, comme le Québec, une volonté de leadership dans la collaboration entre les gouvernements au Canada, une large entente sur le prix du carbone et une contribution active dans l’espace francophone.
Elle insiste sur la nécessité d’un plan pancanadien de lutte aux changements climatiques. La récente rencontre de Vancouver, précédée du Sommet canadien de Québec, a identifié trois axes de développement, à savoir l’innovation technologique, le prix du carbone et des mesures d’atténuation à court terme. D’autre part, le marché du carbone se présente comme un élément important de la politique énergétique du Québec. Le système des droits d’émission des GES, réunissant le Québec et la Californie, bientôt rejoint par les provinces de l’Ontario et du Manitoba, constitue un effet de levier majeur pour viser une réduction de 35% des gaz à effet de serre en 2030. Les revenus générés par ce marché totaliseront 3 milliards $ en 2020 et seront attribués aux mesures innovatrices et aux besoins définis dans le plan gouvernemental.
Via Rail Canada : un plan d’entreprise ambitieux
Via Rail Canada, une entreprise financée en partie par le gouvernement canadien, s’est engagée dans la voie du développement durable et souhaite transmettre les résultats obtenus aux autres réseaux ferroviaires de la Francophonie et d’ailleurs L’adoption de ce plan, pour fin de réalisation en 2030, vise à réduire l’empreinte écologique de l’entreprise, à savoir la réduction 10800 tonnes de Co2 représentant 98% de ses émissions.
Son président-directeur général, M. Yves Desjardins-Siliciano, nous fait part de ces objectifs ambitieux visant à moderniser l’équipement ferroviaire, incluant des locomotives à propulsion électrique, et d’agir sur le comportement des automobilistes en les incitant à utiliser un service rapide et de qualité, réduisant de même leurs émissions. Le but recherché demeure de doubler, d’ici 2030, le nombre d’usagers. Pour ce faire, la construction de voies exclusives, pour assurer un service continu dans le corridor fort populeux Windsor-Québec, sera déterminante.
Source : GaïaPresse