Le 9 févier 2017 se tenait à Montréal le débat « Concilier croissance et économie circulaire », un premier événement dans une série de conférences organisées par l’Institut EDDEC en collaboration avec la Chaire en gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal. Nous vous proposons ci-après une courte synthèse de l’événement. Vous pouvez visionner la conférence sur notre chaine Vimeo. C’est un article d’Arnsperger et Bourg, portant sur les conditions d’une authentique économie circulaire et présentant le concept de permacircularité, qui constituait la prémisse de ce débat. Six panélistes de renom se sont prêtés au débat, modéré par Franck Scherrer, professeur titulaire en urbanisme à la FAS de l’Université de Montréal et directeur académique de l’Institut EDDEC :
Selon Dominique Bourg, nous vivons sur une planète fortement dégradée et nous avons déjà franchi certaines limites planétaires. L’importance des consommations de flux d’énergie carbonée et de matières ainsi que leur accélération sont causées notamment par la croissance de la population, notre niveau de vie, mais plus encore nos techniques de production. La permacircularité, qui se veut une voie durable vers l’économie circulaire, vise un objectif à l’intérieur duquel l’espèce humaine reviendrait collectivement à un espace de sécurité d’une planète. Économiquement parlant, cet espace de sécurité ne pourrait être atteint que si la croissance mondiale annuelle se situait entre 0 % et 1 %. En réponse à cette idée de la permacircularité, tous les panélistes ont admis que les flux doivent effectivement être réduits, que ce soit par la décroissance, l’innovation technologique, l’internalisation des externalités, l’écofiscalité ou la prise de conscience collective de nos besoins et de notre consommation. Yves-Marie Abraham soutient que les piliers de la décroissance – soit produire moins, partager plus et décider de la manière de vivre ensemble – sont en convergence avec la permacircularité. Le risque se trouve selon lui dans l’approche technocratique de l’économie circulaire qui est actuellement promue. Léopold Beaulieu, quant à lui, est d’avis que l’économie circulaire doit être un projet de société, qui doit à la fois permettre de redéfinir le concept de partage de la richesse, mais également de soutenir la création d’emplois, l’accomplissement des personnes, l’équité et le développement territorial. Cette conception a trouvé un écho chez Pierre-Olivier Pineau et François Vermette. Prof. Pineau soutient par ailleurs une idée de décroissance matérielle, couplée à un accroissement de la richesse et du bien-être rendu possible par des investissements dans les services et les biens immatériels. Pour François Vermette, les coopératives et les entreprises d’économie sociale sont bien positionnées pour mieux répartir la richesse collective et pour propulser l’économie du partage. Enfin, selon Yves-Thomas Dorval, la prospérité doit d’abord servir l’humain et améliorer son niveau de bien-être. Il estime que si le prix des produits ne reflète pas la réalité de la dette liée à l’épuisement des ressources, alors le mécanisme économique ne remplit pas son rôle. Depuis les années 1970, la croissance du PIB ne contribue plus à la création d’emplois et est en disjonction avec le niveau réel de bien-être de la population. De plus en plus, on considère que la mesure du bien-être doit notamment prendre en compte l’équité, l’éducation et les connaissances, la cohésion sociale et nombre d’autres flux immatériels qui ont le potentiel d’améliorer le bien-être individuel et collectif. Ces flux peuvent par exemple correspondre à des services, et ainsi contribuer à la création d’emplois. En définitive, c’est l’évolution de ce que les individus et les sociétés vont adopter comme vision de la prospérité et du bien-être qui va conditionner le débit de consommation des flux physiques et, in fine, d’atteindre une certaine forme de permacircularité. Prochaine conférence à vos agendas: La comptabilité écosystémique et les limites planétaires
Cet événement se tiendra le 25 avril 2017 à HEC Montréal, à l’occasion de la présence de Didier Babin, professeur invité TD de l’Institut EDDEC. Docteur en Géographie, chercheur au Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD), Didier Babin est également professeur associé à l’UQAM. Pour vous inscrire à cet événement : c’est par ici.
L’Institut EDDEC n’a pas pour rôle de rechercher une position consensuelle par rapport à l’économie circulaire. Comme ses chercheurs membres proviennent de tous horizons et de toutes disciplines, l’Institut EDDEC cherche plutôt à encourager une vision à 360 degrés sur cette approche économique, et à y poser un regard critique. L’objectif de l’Institut EDDEC n’est donc pas de se positionner sur cette proposition mais de favoriser les débats et la recherche pour permettre de faire évoluer le modèle de l’économie circulaire vers un véritable modèle vertueux, dans une optique de développement durable.
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