La session des examens certificatifs officiels au Cameroun a connu le 18 juillet la publication des résultats définitifs d’admission au Baccalauréat session 2017. Sur près de 98 595 candidats présents aux épreuves écrites, 45 356 ont été déclarés admis. Ces résultats ont donné lieu à des réjouissances diverses pour les candidats heureux et à des lamentations pour les candidats malheureux. Au-delà de ces jubilations une préoccupation majeure commence pour ces jeunes camerounais : que faire après le Bac ?
Le Ministère des Enseignements secondaires depuis plusieurs années met à la disposition des établissements secondaires, des conseillers d’orientation ayant la charge d’échanger avec les élèves pour leur prodiguer des conseils, les aider à mieux s’orienter et à mieux s’organiser, aider à la détection des talents. A travers des outils mis à leur disposition ils devraient soutenir les élèves et les accompagner dans le choix de leurs études après l’obtention du baccalauréat. Beaucoup de personnes diront que c’est fait, mais cela est-il suffisamment fait au regard de la réalité de terrain (un conseiller d’orientation pour 1 000 élèves, alors que le ratio prévu par les normes est de un conseiller d’orientation pour 300 élèves) ?
Un groupe d’élèves approchés après la publication des résultats dans un Lycée de la ville de Yaoundé nous a renseigné sur le sujet. A la question de savoir ce qu’il feraient après le bacc ? Plus de la moitié a répondu ne pas encore être fixés, les parents devant se prononcer. L’autre moitié nous a tout simplement dit qu’elle ne savait pas, elle était dubitative, elle allait d’abord s’inscrire à l’Université d’Etat Yaoundé I. Pour le moment, les heureux bacheliers dans leur majorité savourent leur réussite en prévoyant s’inscrire à l’Université, en attendant « voir clair ». Mais en attendant voir quoi clair ?
Après le baccalauréat c’est l’enseignement supérieur. Mais devant le foisonnement d’universités publiques et privées, il faut opérer des choix cadrant avec les besoins personnels et familiaux dans la plupart des cas, le contexte socio-économique, les réalités du monde du travail. A ce sujet large communication a-t’ elle été faite pour aider les jeunes bacheliers ? Quelle organisation a été mise en place pour les accompagner ? Que font les universités elles-mêmes? Nous pensons à notre avis que ce serait le moment pour ces institutions d’organiser des carrefour-métiers, des journées portes ouvertes afin de s’entretenir avec les nouveaux promus et même les recalés pour la suite de leurs études. Les bourses d’études se faisant très rares et très sélectives, la famille reste le seul soutien pour ceux qui veulent continuer leurs études et formations dans le supérieur. Dans ce contexte, l’élève en fin de second cycle au Cameroun n’a pas beaucoup de temps pour se réjouir de son succès qu’il est déjà en proie à de nombreuses questions quant à son avenir, Quel calvaire ? Et quand on réussi même à s’orienter et à continuer, le marché économique de notre pays laisse-t-il même un espoir ? Dans un pays où aucune initiative n’est prise par le gouvernement pour créer des emplois, où la politique développée pour l’emploi est celle de l’informelle que peuvent encore espérer ceux de nos enfants qui sortent des grandes écoles bardés de diplôme qui jonchent les fonds des malles ?
Le désespoir est à tous les niveaux aussi bien pour les parents que pour les enfants, jeunes bacheliers, licenciés ou « masterisants ». Vivement que quelque chose soit fait et vite fait pour éviter des suicides et AVC (accidents vasculaires cérébraux) à plusieurs d’entre nous.