Investir davantage et plus vite en faveur de l’action climatique dans le secteur agricole et préserver les moyens de subsistances pastoraux durables des petits agriculteurs va de fait déverrouiller des ressources importantes pour limiter les émissions et protéger les populations contre les effets du dérèglement climatique, ont affirmé des responsables du secteur et des experts vendredi lors de la conférence de l’ONU sur le changement climatique à Bonn.
« L’agriculture est fondamentale pour la durabilité des zones rurales, pour la responsabilité de la sécurité alimentaire, et son potentiel est immense pour apporter des solutions au changement climatique », a déclaré Christian Schmidt, le ministre allemand de l'Agriculture et de l'Alimentation à l’ouverture de la réunion.
L’appel pour que des ressources supplémentaires soient consacrées au secteur agricole, cruciales pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, et indissociablement liées à l’Agenda 2030 des Objectifs du Développement Durable, a été lancé lors de la Journée d’Action pour l’Agriculture sous l’égide du Partenariat de Marrakech pour l’action mondiale en faveur du climat, à la COP23.
« Les pays ont l’occasion de transformer leur secteur agricole pour assurer la sécurité alimentaire de tous à travers une agriculture durable, mais aussi des politiques améliorant l’efficacité dans l’emploi des ressources, tout en préservant et en rétablissant la biodiversité et les ressources naturelles, et en luttant contre les effets du dérèglement climatique », a pour sa part indiqué René Castro, Sous-Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
L’objectif principal de l’accord de Paris est de maintenir l’augmentation de la température mondiale bien en dessous de 2 degrés Celsius et de mener des efforts encore plus poussés pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels. Le fait qu'environ un degré de cette hausse a déjà eu lieu, souligne l'urgence et la nécessité d’aller plus vite et plus loin pour réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.
Concernant le secteur de l’élevage, la FAO estime par exemple que les émissions pourraient être diminuées d’environ 30% en adoptant de meilleures pratiques.
Les phénomènes climatiques extrêmes pèsent de manière démesurée sur les petits agriculteurs, les éleveurs, les communautés de pêcheurs et les forestières qui produisent l’essentiel des ressources alimentaires de la planète. Soutenir celles-ci avec des solutions innovantes pour, dans le même temps, réduire leurs émissions et les protéger, permet de répondre à chacun des 17 Objectifs du Développement Durable.
En donnant des détails sur les actions nécessaires pour transformer le secteur agricole, la FAO a publié la deuxième édition du Guide de Reference de l’Agriculture intelligente face au climat. Le livre, disponible via une plateforme en ligne lancée lors de l’événement, présente des histoires et fait partager les acquis de projets en cours pour aider les administrateurs politiques et les gestionnaires des ressources naturelles à rendre le secteur agricole plus durable et plus productif, tout en contribuant à la sécurité alimentaire et à une moindre intensité carbone.
La Coalition pour le Climat et l'Air Pur (CCAC), un des organisateurs de la Journée d’Action pour l’Agriculture, a annoncé qu’elle travaillera dans les prochaines années à amplifier l’action climatique agricole. Son but étant d’aider les pays à se fixer des objectifs ambitieux mais réalistes à travers la révision prochaine de leurs plans d’action climat nationaux – soit les Contributions Déterminées au Niveau national.
« L’agriculture est une grande émettrice de gaz à effet de serre comme le méthane, ou de polluants à courte durée de vie, mais peut aussi grandement contribuer à stocker le carbone et à réduire les émissions de gaz à effet de serre de notre génération ; c’est la raison pour laquelle nous soutenons et militons pour que les pays améliorent le bilan des émissions de GES de leur bétail », ajoute Helena Molin Valdes, du secrétariat de la CCAC.
Plusieurs autres solutions basées sur l’agriculture, qui pourraient être utiles pour faire face au dérèglement climatique, ont été présentées lors de l’événement. Des représentants de gouvernements, de la société civile, du secteur privé, des petits exploitants agricoles et de jeunes agriculteurs-éleveurs ont pris part aux discussions autour des systèmes d’agriculture traditionnelle, de l’eau, des sols, du gaspillage et des déchets alimentaires et de la gestion intégrée du paysage.
Parmi les mesures et les initiatives recommandées figurent :
Augmenter les flux financiers publics et privés en faveur du climat vers l'agriculture, et ce pour inciter au changement. Les flux financiers en faveur du climat continuent de privilégier l'atténuation par rapport à l'adaptation, et massivement les systèmes et infrastructures énergétiques. Ces déséquilibres budgétaires doivent être corrigés.
Encourager les partenariats public-privé. Un dialogue constructif et une collaboration entre les secteurs public et privé sont cruciaux pour harmoniser les programmes entre les politiques publiques et les décisions d’investissements du secteur privé dans l’agriculture, et à travers tout le système alimentaire.
Renforcer un dialogue multisectoriel et pluripartite vers une approche plus intégrée. Une approche intégrée pour la gestion des paysages requiert une meilleure coordination des politiques et de l’action en faveur du climat à travers de multiples entités publiques et privées.
Investir dans la connaissance et l’information. Des analyses complémentaires sont nécessaires pour mieux identifier les barrières institutionnelles et les faiblesses du marché qui empêchent une adoption généralisée des pratiques résistantes aux effets du changement climatique et à faibles émissions dans l’agriculture, dans chaque pays, région et communauté.
Communiqué de la Convention Climat
[ODD2030-13], [CdP23-climat]
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