Dans le monde entier, le solaire photovoltaïque est considéré comme la solution alternative aux énergies fossiles.
L’immense potentiel de cette énergie propre pourrait servir non seulement à répondre aux besoins énergétiques de la population mondiale mais aussi à résoudre les problèmes de l’environnement et du climat. Et la Tunisie semble fermement décidée à ne pas rater le coche, au regard des conclusions du séminaire sur le financement des énergies renouvelables, organisé le 15 mai dernier par le ministère de l’Énergie, des Mines et des Énergies Renouvelables.
La baisse généralisée des coûts de fonctionnement des technologies solaires photovoltaïques – qui ont diminué de plus de 80% depuis 2009 et devraient connaître une nouvelle chute de 59% d’ici 2025, faisant du solaire photovoltaïque le mode de génération d’électricité le moins coûteux qui soit, selon l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (IRENA) – pourrait en effet permettre à la Tunisie d’accéder à son indépendance énergétique et de réaliser son objectif de créer une industrie locale d’installations solaires photovoltaïques destinée à des utilisations domestiques, agricoles et touristiques, sans compter la vocation à créer des emplois et à générer des richesses (électricité gratuite, propre et à l’avant-garde) de la filière photovoltaïque. Le ministre de l’Énergie, Khaled Kaddour, a par ailleurs profité de l’occasion que lui fournissait le séminaire pour annoncer le lancement le 11 mai dernier d’un appel d’offres international de pré-qualification pour le financement de projets d’une capacité globale de 1000 MW sur les 1500 MW d’installations de production d’énergies renouvelables dont les autorités tunisiennes souhaiteraient disposer sur le territoire national d’ici 2020, dans le cadre du plan quinquennal de développement 2016-2020.
En ce qui concerne plus particulièrement le volet solaire du projet, de par cet appel d’offres, le gouvernement envisage de réaliser dans le cadre d’un Partenariat Public-Privé un projet de production de 500 MW d’électricité, par le biais de la construction de fermes solaires dans les gouvernorats de Kairouan (100 MW), Tozeur (50 MW), Gafsa (100 MW), Tataouine (200 MW) et Sidi Bouzid (50 MW). La réalisation des centrales s’effectuera en vertu des services EPC et O&M, c’est-à-dire que l’entreprise sélectionnée couvrira toutes les phases du projet, de la conception jusqu’à l’exploitation des infrastructures, en passant par leur construction. Une fois les centrales en service, l’énergie produite sera revendue à la Société Tunisienne d’électricité de gaz (STEG), opérateur public de transport et de distribution électriques.
De même, 210 MW de production d’énergie avaient fait l’objet d’un précédent appel d’offres en 2017 pour la mise en place de 10 sites de moindre envergure, d’une capacité maximale de 30 MW pour chaque projet éolien et de 10 MW pour les installations solaires.
La STEG est quant à elle déjà à l’ouvrage pour préparer la logistique nécessaire à l’intégration dans son réseau de distribution de l’électricité produite à partir d’énergies renouvelables, témoignant d’une radicale volte-face de la compagnie, seul producteur et gestionnaire du réseau électrique en Tunisie, à l’égard des ambitions du gouvernement. En effet, si celle-ci redoutait il y a encore trois ans l’intention manifestée dans un projet de loi d’autoriser les investisseurs étrangers à installer des unités de production d’énergie solaire ou éolienne, en promouvant l’investissement, notamment privé, et en libéralisant les réglementations pour faciliter la production, l’accès au réseau et l’exportation de l’électricité produite par les énergies renouvelable, la STEG entend désormais participer au processus et s’associer aux producteurs privés d’électricité.
D’ailleurs, c’est au profit de la STEG qu’une centrale photovoltaïque d’une puissance de 10 MWc (mégawatts crête) sera réalisée à Tozeur, dans le Sud de la Tunisie, avec le soutien de l’Union Européenne (à hauteur de 1,5 million d’euros, soit près de 10% du coût total des travaux). Le projet prévoit d’accompagner la compagnie d’électricité dans la prise en main de l’installation – la première du genre en Tunisie qui, une fois en service, produira 15 gigawatt-heures par an d’énergie verte -, et la familiarisation avec cette nouvelle source énergétique, car la centrale photovoltaïque de Tozeur lui servira de projet pilote pour l’acquisition des compétences nécessaires en la matière.
Notons enfin que dans la foulée de la ferme volonté du gouvernement tunisien de mettre en œuvre la transition énergétique, l’Entreprise Tunisienne des Activités Pétrolières (ETAP) s’apprête à lancer quatre projets d’énergies vertes dans le cadre d’un Partenariat Public-Privé: il s’agit de trois fermes solaires implantées dans le Sud du pays et d’un projet éolien.
La Tunisie prévoit de faire passer la part des énergies renouvelables (hors énergie hydraulique) dans la production d’électricité de près de 2% en 2010 à 30% à l’horizon 2030, pour un taux actuel d’environ 4% – dont une capacité photovoltaïque installée de 35 MW seulement –, et de réduire à la même date de 41% son quota de carbone par rapport à 2010, conformément aux objectifs que s’est fixés le pays à travers sa contribution nationale à l’Accord de Paris.
Cet article a été publié pour la première fois sur le blog de l'entreprise Enerray
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