Le Projet Biogaz DIANA, cofinancé oar l'Union européenne à travers le programme ENERGIES de la Commission de l'océan Indien, vise à endiguer les effets néfastes de la dépendance vis-à-vis du bois-énergie dans la région de DIANA à Madagascar. Ce projet offre des solutions alternatives, notamment le biogaz fabriqué à partir de la bouse de zébu. Un atelier régional de lancement a eu lieu à Ambilobe le 19 juin dernier.
Ambanja et Ambilobe sont deux districts situés dans la région de DIANA dans le nord de Madagascar où le bois et ses dérivés représentent 90% de la consommation énergétique, principalement pour la cuisson. Etant donné que DIANA connait un taux de croissance démographique annuelle de plus de 9%, cette dépendance a de très graves répercussions sur l’environnement et la santé publique entre autres. En effet, selon les autorités régionales la demande en bois-énergie de quelque 730 000 tonnes par an dépasse très largement le volume légalement disponible estimé à 188 000 tonnes par an. Par conséquent, la région connait un des taux de déforestation les plus élevés du pays Pire, plus de 12 000 décès sont attribués à la pollution de l’air intérieur chaque année à Madagascar, notamment à cause de la cuisson au feu de bois dans des espaces confinés.
Mais le tableau n’est pas complètement sombre dans la région de DIANA. Une initiative vise à diminuer la pression sur les ressources en bois dans les villages ruraux et périurbains des zones d’élevage de la région en proposant des solutions alternatives. C’est le Projet Biogaz DIANA co-financé à hauteur de 250 000 euros, soit 43% du budget total, par le programme ENERGIES de la Commission de l’océan Indien sur financements de l’Union européenne.
Porté par l’ONG française ETC Terra - Rongead et l’Organisation de soutien pour le développement rural à Madagascar (OSDRM) de la Fondation Aga Khan (qui co-finance aussi le projet à hauteur de 350 000 euros), le Projet Biogaz DIANA ambitionne de doter 120 familles de biodigesteurs et au moins 500 ménages de foyers améliorés d’ici juin 2019. La bonne nouvelle c’est que le chef de projet d’ETC Terra – Rongead, Maud Ferrer, et son équipe sont entièrement dévoués à réaliser ces objectifs.
Deux types de biodigesteurs sont proposés aux familles identifiées au préalable, notamment les modèles ARAFA-JIRO (dôme flottant) et FAFAFI (dôme fixe). Les biodigesteurs sont livrés avec un « rice cooker », un double bruleur et une lampe fonctionnant au biogaz. En contrepartie, les bénéficiaires doivent fournir des apports en nature (matériaux de construction, main d’œuvre, etc.) et financiers. Ils doivent également posséder au moins 6 zébus pour alimenter les biodigesteurs et des champs agricoles pour l’épandage du digestat.
Même si les installations et équipements sont subventionnés à hauteur de 70 %, il n’en demeure pas moins que les investissements requis restent conséquents d’autant que le salaire mensuel moyen à Ambilobe est de moins de 40 euros et que peu d’habitants ont accès à un compte bancaire. Qu’on se rassure, ces contraintes sont bien prises en compte : les Groupes d’Epargne Communautaires (GEC) mis en place par l’OSDRM aident les bénéficiaires à mettre de l’argent de côté pour l’installation d’un biodigesteur.
Une fois le biodigesteur installé, il faut le remplir jusqu’à 7 000 litres d’eau et 2 500 litres de bouses de zébu, une tâche compliquée par le fait qu’elles ne doivent pas être trop sèches et donc être collectées au bon moment. Mais ces efforts sont bien vite récompensés, en termes d’économies d’argent et de temps : selon une étude d’ETC Terra, les réductions du temps de collecte de bois et de dépenses en charbon s’élèvent à 14 jours et jusqu’à 180 000 ariary par an, respectivement. Une fois opérationnelle, l’installation est alimentée par un ou deux seaux de bouses chaque jour. En retour elle génère suffisamment d’énergie pour faire fonctionner le « rice cooker », le double bruleur et la lampe à biogaz. Et le digestat peut être utilisé pour fertiliser les cultures comme l’atteste le grand potager de Mme Martinique, la première bénéficiaire du projet.
A quelques mètres de chez Mme Martinique, Olivier et Lisette attendent que l’installation de leur biodigesteur soit complétée. Leur troupeau de 40 zébus va donc bientôt être mis à contribution de manière à éliminer leur dépendance au charbon de bois qui coûte « trop cher ». Le couple espère éventuellement installer un groupe électrogène qui fonctionnera au biogaz. Même son de cloche chez Tombozandry où la construction de son biodigesteur arrive au stade final. « Le charbon de bois coute trop cher », se lamente ce propriétaire d’une vingtaine de zébus. A côté de lui, son épouse se dit « très, très fière » et surtout heureuse de bientôt ne plus avoir à collecter 8 kg de bois quotidiennement pour faire tourner la cuisine. Un peu plus loin, à Marivorahona, Ranjalahy, un ancien instituteur et sa famille, sont en train de s’installer dans leur nouvelle maison, alors qu’à l’extérieur son biodigesteur produira bientôt de l’énergie propre. « Je veux contribuer à la protection de l’environnement. En plus, ça va changer ma vie ».
Il a réussi, en quelques mots, à résumer le Projet Biogaz DIANA…
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