Les transports et la mobilité étaient au coeur du débat électoral sur l’environnement qui avait lieu à Montréal à la Maison du développement durable le 24 septembre, où se sont affrontés les candidats du Parti québécois (PQ), de Québec solidaire (QS), de la Coalition avenir Québec (CAQ) et du Parti libéral du Québec (PLQ).
Les quatre candidats, invités par Équiterre et le Conseil régional de l’Environnement de Montréal, se sont entendus sur de nombreux enjeux, dont l’urgence de mettre fin ou de réduire l’utilisation de l’auto-solo, brandissant tour à tour la statistique selon laquelle les transports seraient responsables de 42 % des émissions de gaz à effet de serre au Québec.
Pour le Parti québécois, Daniel Breton, qui a fait partie du gouvernement de Pauline Marois en 2012, a misé sur un chiffre clé : réduire de 325 000 le nombre de voitures à l’heure de pointe à Montréal. Il a reproché aux trois autres partis présents d’appuyer le Réseau express métropolitain (REM), un projet qui engagerait «beaucoup d’argent pour absolument aucun résultat» en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, et pour lequel les travaux ont débuté cet été.
Ruba Ghazal a de son côté réitéré l’intention de QS de procéder à une transition globale vers une économie exempte d’exploitation pétrolière. La transition sur le plan des transports se ferait notamment avec le plan «Grand Montréal Express», qui comprend entre autres la construction d’une nouvelle ligne de métro de 29 stations, la ligne rose. Elle a aussi rappelé l’intention de QS de protéger 20 % du territoire d’ici 2020 afin d’assurer l’augmentation du nombre d’espaces verts.
Le candidat et élu sortant de la CAQ dans Deux-Montagnes, Benoit Charette, a dit miser sur l’électrification des transports en mentionnant le projet de SRB-Pie-IX, lequel a déjà été annoncé il y a plus de 10 ans et dont les travaux débuteront cet automne. Il a promis de maintenir le capital du Fonds vert, et parlé de son intention de créer une alliance énergétique avec les provinces voisines et les états américains.
De son côté, Isabelle Melançon du PLQ et actuellement Ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, a souligné les efforts du gouvernement actuel de financer davantage les nouveaux projets transports en commun. Ceux-ci se poursuivraient avec un gouvernement libéral. Elle a par ailleurs affirmé l’intention du PLQ de poursuivre l’évaluation des programmes soutenus par le Fonds vert afin de bien utiliser ses fonds, et poursuivre avec la Stratégie québécoise de l’eau.
L’actuelle ministre a aussi salué l’idée de l’Alliance Ariane, un regroupement qui revendique l’adoption d’une Politique nationale d’aménagement du territoire. Le PLQ est toutefois le seul à ne pas s’être positionné officiellement en faveur de l’adoption d’une telle politique à ce jour.
Attaques
Les candidats ont été conviviaux et posés jusqu’à la ronde «face-à-face», où le débat s’est quelque peu enflammé avec l’attaque de M. Breton envers Mme Ghazal sur la base du nombre d’emploi que QS souhaite créer avec la transition vers une économie sans pétrole, ce à quoi la candidate a rétorqué que toutes les propositions de son parti avaient été calculées et vérifiées par des experts.
Mme Ghazal a à son tour souligné dans une question à M. Charette de la CAQ que son parti «n’a pas de plateforme en environnement», lui demandant s’il comptait donner au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) un pouvoir décisionnel. M. Charette a affirmé que les «décisions doivent se prendre plus rapidement», et ajouté que le BAPE ne devrait pas être la seule instance à avoir un pouvoir décisionnel.
Le sujet de la cimenterie McInnis a continué de mettre le feu aux poudres avec l’intervention de M. Charette, selon qui la cimenterie financée par les libéraux durant le mandat de Mme Melançon représenterait 500 000 voitures de plus sur les routes. Mme Melançon s’est défendue en disant qu’il s’agit de la «cimenterie la plus verte actuellement au Québec», soulignant le risque de voir des cimenteries s’installer à la frontière du Québec et du Nouveau-Brunswick sans avoir à respecter des «réglementations aussi sévères». Le projet de la cimenterie avait été annoncé par le gouvernement Marois en 2014.
Mme Melançon a par la suite profité de sa question à M. Breton pour énumérer les réussites de son ministère, notamment la Stratégie québécoise de l’eau. Plutôt que de demander quelles seraient ses promesses, elle a demandé à M. Breton quelles étaient ses «legs» durant son mandat de 18 mois auprès de Pauline Marois (il a été ministre de l’Environnement de septembre 2012 à novembre 2012), l’accusant d’avoir permis l’exploration de l’île d’Anticosti, ce à quoi le candidat a répondu qu’il avait demandé un examen du dossier par le BAPE et que c’était le gouvernement libéral qui avait octroyé des permis d’exploration auparavant.
Les autres questions portaient sur les espaces verts, la gestion des matières résiduelles, le secteur agroalimentaire et la contamination des terrains près du parc Baldwin à Montréal.
Pour visionner le débat en entier, rendez-vous sur la page Facebook de la Maison du développement durable.
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