Depuis quatre ans, le Gret fait valoir son expertise dans les secteurs de l’eau, de l’assainissement et de la gestion des déchets à travers différents projets menés au Myanmar. Retour en détails sur cette activité foisonnante.
La population birmane est majoritairement urbaine : aujourd’hui, un tiers des Birmans vit en ville. Une situation qui n’est pas prête de s’inverser. En effet, le Myanmar connaît actuellement une phase d’urbanisation rapide, avec d’importants mouvements migratoires des campagnes vers les villes. Un phénomène d’urbanisation, qui engendre un décalage entre les moyens mis en œuvre par les autorités et les besoins de la population, notamment en termes de services d’eau, d’assainissement et de gestion des déchets.
Pourtant, selon les données de 2015 du Joint Monitoring Program mené par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), 93 % des habitants des zones urbaines auraient un accès à une source d’eau améliorée et 84 % à l’assainissement. Des chiffres qui semblent refléter une situation satisfaisante, mais qui ne tiennent pas compte de la qualité, de la fiabilité et de la durabilité des services. En réalité, on assiste bien à une inadéquation entre besoins requis et services fournis.
Les villes birmanes font en effet face à d’importants défis pour fournir des services d’eau, d’assainissement et de gestion des déchets de qualité à leurs citoyens. Les installations collectives d’eau, d’assainissement et de gestion des déchets ne couvrent jamais l’intégralité du territoire. Là où elles existent, leur fonctionnement est généralement bien en deçà des standards internationaux. Discontinuité de l’alimentation en eau, systèmes d’évacuation des eaux usées non fonctionnels, collecte des déchets irrégulière voire inexistante dans certains quartiers, absence de traitement… la qualité de ces services souffre de nombreux maux.
Ces dysfonctionnements sont notamment dus au manque de formation des opérateurs de services et aux limitations financières et matérielles auxquels ils font face. De plus, l’augmentation des besoins et la hausse des exigences des usagers en termes de qualité de services n’améliorent pas une situation déjà compliquée.
Les projets d’eau et d’assainissement mis en œuvre par les nombreuses ONG arrivées en 2008 dans le sillage du cyclone Nargis sont généralement localisés dans les zones rurales en crise et basés sur des modes de gestion communautaire.
Parallèlement, la transition démocratique entamée en 2011 a entraîné l’arrivée de nombreux acteurs privés et de bailleurs de fonds. Ces derniers ont principalement dirigé leurs investissements vers des projets localisés dans les deux plus grandes villes du Myanmar : Yangon et Mandalay. Très peu de ces initiatives ciblent les villes secondaires ; et lorsque c’est le cas, elles s’intéressent uniquement aux infrastructures et leur durabilité pose question.
L’afflux de nouveaux acteurs représente cependant une réelle opportunité pour améliorer et développer les infrastructures. Mais alors que les opérateurs peinent déjà à exploiter et entretenir les infrastructures existantes, il est clair que les améliorations apportées ne pourront être durables que si elles sont accompagnées d’importantes mesures de renforcement de capacités. C’est donc sur la base de ces constats que les équipes du Gret, fortes de leur expérience de plus de vingt ans dans la sous-région (Cambodge, Laos, Vietnam), interviennent depuis 2015 au Myanmar, sur les secteurs de l’accès à l’eau, à l’assainissement et la gestion des déchets.
L’approche du Gret au Myanmar sur les thématiques de l’eau, de l’assainissement et de la gestion des déchets est en phase avec la stratégie globale de la structure : renforcer les capacités des acteurs, organiser des modes de gouvernance des services inclusifs et adaptés à chaque contexte, et susciter des innovations techniques à partir des dynamiques locales existantes.
Le projet Amarapura, incarne ainsi la stratégie globale du Gret. Financé par l’Agence française de développement (AFD), il a été mis en œuvre en consortium avec le bureau d’études Suez Consulting pour le compte du Mandalay City Development Committee (MCDC). Démarré à la fin de l’année 2016, son objectif est de fournir un accès à l’eau potable à 2 000 ménages du township péri-urbain d’Amarapura. D’autre part, ce projet vise à renforcer les compétences du MCDC en matière de gestion du service d’eau à travers une collaboration étroite avec les services concernés et le développement d’outils de gestion adaptés. En 2015, le réseau d’eau du township d’Amarapura ne comptait que deux abonnés. Grâce à l’intervention du Gret et à la mise en œuvre du projet, le déficit de communication entre le MCDC et les habitants de la zone, identifié comme l’une des principales raisons du très faible nombre de bénéficiaires du service, a pu être considérablement réduit.
Ce constat a confirmé la pertinence d’accompagner la rénovation et l’extension du système existant par la mise en œuvre d’une stratégie d’ingénierie sociale pour favoriser l’accès au service d’eau des habitants. Grâce à l’organisation de réunions d’information publiques, aux visites en porte-à-porte d’agents dédiés et à l’ouverture d’un centre de service clientèle de proximité, une relation de confiance a rapidement été instaurée. Résultat : plus de 300 ménages avaient ainsi déjà soumis une demande de connexion au service avant même que les travaux ne démarrent, à la fin du mois de février 2019.
Parallèlement le projet a impulsé l’appui au MCDC qui a permis de favoriser les conditions d’accès au service. Un service rendu plus accessible, notamment grâce à la définition d’une politique équitable basée sur un coût de connexion fixe. Le projet a aussi permis au MCDC d’améliorer la gestion de sa clientèle grâce à la conception d’un outil électronique de relève des compteurs et la création d’une base de données clientèle.
Mis en œuvre dans la ville de Magway, ville secondaire d’environ 75 000 habitants, le projet Rosamur s’inscrit quant à lui dans la continuité d’un programme de renforcement des capacités des opérateurs de services birmans en termes à la fois de gestion des déchets mais aussi d’accès à l’eau et à l’assainissement. Initié fin 2015 par l’Ambassade de France au Myanmar, il vise à améliorer la qualité des services urbains via la mise en place d’un réseau d’acteurs, l’organisation de formations et d’ateliers d’échanges d’expérience, et la mise en œuvre de projets pilotes.
Financé par l’Ambassade de France au Myanmar, Bordeaux Métropole, l’Agence de l’eau Adour Garonne, la Fondation Ensemble et le Syctom, le projet Rosamur a ainsi démarré en 2017. Il est fortement axé sur le renforcement des capacités du Township Development Committee (TDC) de Magway, l’opérateur des services à l’échelle de la ville, et s’articule autour de problématiques communes à de nombreuses villes du pays : la gestion des pertes en eau, l’amélioration des conditions d’accès à l’assainissement et l’optimisation de la gestion des déchets via notamment le compostage des déchets de marchés.
À travers la mise en œuvre de ces deux projets en milieu urbain et des expériences en cours dans le milieu rural du Nord de l’État Rakhine et du Sud de l’État Chin, les équipes du Gret ont acquis une expérience unique en termes de gestion des services essentiels. La capitalisation des connaissances acquises permettra, à l’avenir, d’alimenter les réflexions en cours pour mieux structurer les secteurs de l’eau, de l’assainissement et de la gestion des déchets, et ainsi améliorer la performance des services à l’échelle nationale.
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Consulter la fiche du projet Amarapura
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Consulter les actes du séminaire 2016 sur la gestion des déchets au Myanmar
Consulter les actes du séminaire 2017 sur la gestion des déchets au Myanmar
Visionner la vidéo "Appuyer les opérateurs pour des services urbains améliorés en Birmanie
Visionner la vidéo Sanitation Seminar 2018 (en anglais)
Visionner la vidéo "Services urbains au Myanmar : identifier les besoins, les enjeux et les attentes
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