Au cours du mois de mai dernier, le cabinet Rainbow Environment Consult a réalisé des études sur les options de conservation et de gestion durable des paysages des monts Bamboutos et Bana-Bangangté-Bangou. Au moment de la restitution des résultats, quelle lecture faites-vous des premiers résultats obtenus ?
L’étude révèle que les paysages des monts Bamboutos et Bana-Banganté-Bangou ont des atouts en termes de biodiversité, de sols arables et de ressources en eau avec une relative organisation autour. Seulement, ces atouts sont contrastés par quelques facteurs défavorables à la gestion durable de ces paysages et qui accélèrent la dégradation à la fois de la biodiversité, une surutilisation de l’eau qui menace la vie, les moyens de subsistances et les revenus des communautés et accroissent les risques environnementaux. Tout compte fait, il y a des opportunités en termes de participation, de gouvernance, sur le plan du genre et en termes de financements qui peuvent être structurés pour apporter des réponses urgentes au plus grand nombre de personnes.
Quand on sait que le Cameroun a souscrit à la réduction de l’émission des gaz à effet de serre dans ses contributions déterminées au niveau national (CDN), quelle est l’importance qu’il y a à préserver ces hotspots de biodiversité ?
Le premier défi à relever est relatif à, l’ODD 1 sur la réduction de la pauvreté et le deuxième sur l’alimentation saine et de qualité. Ces deux ODD sont les plus importants. Si on est pauvre et qu’on n’a pas à manger, on devient un danger pour la société. Il est important que le développement soit tout d’abord durable. Le travail qui est fait au niveau du paysage en termes de diagnostic va informer sur l’état d’avancement des ODD, de la Contribution déterminée au niveau national et de la SND-30 (stratégie nationale de développement 2020-2030; ndlr) qui est notre boussole en matière de développement durable, sobre en carbone et inclusif.
Après le diagnostic qui a été fait, quelles sont les potentielles options de conservation durable à mettre en œuvre ?
Il y a des options qui ont été proposées par le cabinet, mais elles doivent être discutées. Le diagnostic est probablement l’exercice le plus important. Un mauvais diagnostic débouche sur des mauvaises solutions. C’est la raison pour laquelle on a passé beaucoup de temps à discuter du diagnostic pour l’approfondir. Au terme du diagnostic, on peut commencer à dégager les priorités et les discuter ensemble, notamment sur les aspects liés aux revenus, à l’entrepreneuriat, à la conservation des ressources en eau surtout qu’on est dans des bassins versants où l’eau est probablement l’une des clés pour résoudre une grande partie des problèmes de ces paysages. Si on a une entrée par l’eau, on va permettre à la fois de mieux gérer les sols, l’agriculture, la biodiversité et les autres aspects. Les discussions sur la budgétisation pluriannuelle vont découler plus tard. Naturellement, les actions qui seront convenues comme prioritaires devront nécessiter le consentement des acteurs engagés.
Il y a ce problème du foncier qui est constant entre agriculteurs et éleveurs. Qu’est-ce qui peut être proposé pour que ce problème soit adressé de manière durable ?
Jusqu’à présent, il n’y a pas de solution miracle. Je crois que le premier défi c’est d’avoir un plan d’occupation des terres au niveau communal. Le deuxième défi va être à la fois de voir avec les autorités en charge du foncier dans quelle mesure sécuriser les zones de pâturage. Cela demande de la médiation pour arriver à trouver des compromis, à partir du moment où les grands espaces de ce territoire sont déjà sous titre foncier et donc sous contrôle privé. Il ne faut pas ignorer que l’élevage est une activité économique dans ces monts. Je pense qu’il faut compte aussi avec les éleveurs pour assurer le défi de la durabilité. L’enjeu est aussi de parvenir à un élevage durable, avec la production des plantes fourragères. Il y a des solutions techniques, en termes de gouvernance et de dialogue qui doivent être trouvées à court, moyen et long termes.