L’incubateur « Graines de Talent » à travers le plateau technique du Centre d’insertion aux métiers agricoles et ruraux (Cimar-technopole) de Njombe-Penja, a assuré une formation intensive de personnes déplacées internes et des populations hôtes vulnérables des communes de Mbouda, Dschang, Bafoussam 1er, Kouoptamo et Foumban, du 22 novembre au 11 décembre dernier. L’incubation s’est déroulée à Njombe (région du Littoral-Cameroun) au bénéfice de 30 personnes dont sept femmes. Ils étaient au total 13 personnes déplacées internes (quatre femmes et neuf hommes) et 17 personnes hôtes qui ont été incubées sur une variété de techniques portant notamment sur la production des biofertilisants et des biopesticides, pour leur permettre d’avoir de nouvelles opportunités de diversification de leurs activités et d’être autonomes en matière de production d’intrants, a indiqué le président d’AGRO-PME Fondation, Norbert Monkam. Les acquis ont également porté sur l’élevage durable, l’agriculture, l’élevage des porcs, la production végétale. Des attestations de fin de formation ont été remises aux apprenants le 11 décembre dernier à Njombe.
Le centre de formation coordonné par M. Narcisse Mouzong a dispensé des modules de formation sur la culture d’entreprise, le leadership, la gestion d’entreprise, la comptabilité simplifiée, l’éducation financière, l’élaboration d’un plan d’affaires, etc. Les incubés ont également été en immersion au sein des plateaux techniques des référents du Cimar, c’est-à-dire d’autres entrepreneurs accompagnés par le centre de formation. Ils ont ainsi acquis des compétences techniques, administratives, organisationnelles et structurelles et exploré de nouvelles façons de faire, réalisé de nouvelles découvertes dans les domaines agricole et agropastoral et des innovations appliquées à l’agriculture. « C’est un autre état d’esprit qui révèle en nous des connaissances que nous ne soupçonnions même pas posséder. Grâce à votre accompagnement, nous avons pu franchir un seuil décisif en l’espace de 20 jours », a indiqué le porte-parole des incubés, Nicaud Mafoureyou.
« Deux ans suffisent à chacun de nous pour s’inscrire dans la lancée des entrepreneurs millionnaires de ce pays », a-t-il ajouté. Jeanne Omoloko Tabufor par exemple est une incubée en provenance de Mbouda qui a déjà des idées qui fourmillent dans son cerveau. « Après ma formation, je vais étendre ma ferme avicole en augmentant mes sujets. Ce sera ma contribution à la lutte contre l’insécurité alimentaire et contre le chômage car il me faut recruter une main-d’œuvre avec qui travailler », souligne-t-elle. Concrètement, cette veuve avec sept enfants veut faire passer sa ferme de 1000 sujets à 2000 sur un emplacement de 125 mètres carrés. Elle sollicite deux millions de F et dispose déjà d’un fonds d’amorçage de 250 000 F.
Le choix des incubés n’a pas été aléatoire. « Le processus a commencé d’abord par la sélection. Il y a eu un casting avec au départ une soixantaine de candidats. A l’issue de la sélection à Bafoussam, nous avons retenu 30 personnes. La sélection est basée sur trois critères : la qualité de l’entrepreneur, la pertinence du projet et sa faisabilité. Après cette phase, ils sont venus ici en stage d’immersion, c’est-à-dire la pré-incubation. C’est une étape cruciale dans l’accompagnement des start-ups. C’est à cette phase qu’ils retiennent l’idée du projet à mâturer », a indiqué Norbert Monkam.
Une initiative portée par la GIZ et financée par le ministère ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ)
L’enjeu du programme « Promouvoir la participation économique et sociale des personnes déplacées et des communautés d’accueil » (PESoP), mis en œuvre par l’organisme de coopération allemande (GIZ) sous financement du ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ) est de mettre à la disposition des apprenants des outils nécessaires, pour leur permettre de se projeter dans le futur avec une perspective entrepreneuriale. Des talents que le directeur du PESoP leur a demandé de fructifier pour devenir de véritables entrepreneurs agricoles non seulement pour leur bien-être mais aussi pour celui de leurs familles et de leurs communautés. « Notre principal objectif est d’améliorer la participation sociale et économique des personnes déplacées internes et des populations vulnérables des cinq communes sélectionnées de l’Ouest-Cameroun…Nous travaillons également à la cohésion sociale, aux mesures qui veillent à ce que nos cibles puissent vivre ensemble en toute harmonie », a martelé le directeur du PESoP, Afanwi Niba.
Le projet a bénéficié de l’accompagnement des pouvoirs publics. La présence du sous-préfet de l’arrondissement de Njombe-Penja à la cérémonie de remise des attestations en est la parfaite illustration. « L’insertion socio-professionnelle et économique des déplacés internes du Sud-Ouest et du Nord-Ouest reste encore un véritable défi dans notre pays en général et dans les communes citées en particulier. Un tel défi ne saurait être relevé sans la participation active de toutes les forces vives de la Nation », a relevé le sous-préfet Clement Sone.
A sa suite, le chef service de l’incubation au ministère des Petites et moyennes entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat (Minpmeesa), a vanté l’expérience vécue au Cimar. « L’accompagnement du Cimar vient en droite ligne des objectifs que s’est fixé l’Etat camerounais, c’est-à-dire l’autonomisation des jeunes à travers la maîtrise de leur environnement dans les activités génératrices de revenus telles que l’agriculture et l’élevage. Lorsqu’on a faim, on ne réfléchit pas », a précisé Cyrille Schouame. L’agro-alimentaire en général et l’agriculture en particulier est l’un des socles sur lequel le gouvernement se base pour la création des emplois décents. « En créant des emplois décents, les gens vont être à l’aise et ils pourront non seulement payer l’école de leurs enfants, se soigner et apporter leur modeste contribution au développement de notre pays », poursuit-il.
Les incubés seront marqués individuellement durant les quatre prochains mois
« L’accompagnement va continuer jusqu’à la création et à la formalisation concrète de l’entreprise. Les connaissances reçues à travers les différents modules et les expériences acquises lors des différents passages dans les plateaux techniques permettront à ces participants de créer véritablement leurs entreprises, mais surtout de les formaliser », a laissé entendre le représentent du consortium AGRO-PME Fondation et Graines de talent (GDT), M. Kenmogne. Durant les quatre prochains mois, Graines de talent (pépinière d’entreprises créée en 2010) compte marquer chacun individuellement pour la création de leurs entreprises.