NIAMEY, 11 juin 2007 (IRIN) - Avec trop peu de terres arables et trop de bouches à nourrir, le Niger se dirige vers une crise permanente de sécurité alimentaire, ont expliqué certains experts.
« En comparant la superficie des terres cultivables au niveau démographique, on se rend bien compte que le Niger est très proche de la saturation », a déclaré Hassane Saley, secrétaire exécutif du Conseil national pour le développement durable (CNDD).
Selon les résultats de recherches récemment publiées par un autre institut national, l’Institut national de recherche agronomique du Niger (INRAN), les terres agricoles disponibles rétrécissent de quelque 200 000 hectares par an en raison de la désertification et de l’appauvrissement des sols.
Quatre-vingt pour cent des quelque 13,4 millions d’habitants du Niger vivent de l’agriculture de subsistance, et la plupart de leurs activités agricoles se déroulent sur une période de cinq mois seulement, entre juin et octobre, pendant la saison des pluies.
De surcroît, les terres sont devenues moins fertiles. Chacun des quelque 15 millions d’hectares de terre cultivable du Niger produit seulement 350 kg de mil, contre 430 kg en 1950, selon l’INRAN.
Entre-temps, la population du Niger croît plus vite que dans tout autre pays du monde. En moyenne, une femme nigérienne met au monde 13 enfants au cours de sa vie.
En dépit d’un taux de mortalité infantile extrêmement élevé – un enfant sur cinq meurt avant l’âge de cinq ans – le taux de croissance démographique au Niger est tout de même de 3,3 pour cent par an.
Selon les spécialistes en santé reproductive, le taux de natalité n’est pas susceptible de diminuer tant que le taux de mortalité infantile n’aura pas lui-même été réduit.
Si la tendance démographique actuelle se maintient, la zone cultivable par habitant passera de 1,2 hectare en 2005 à 0,87 en 2015.
Au Niger, trois quarts des 1,2 million de kilomètres carrés de territoire sont considérés comme désertiques, et les zones les plus densément peuplées se trouvent dans le sud du pays, une région semi-aride.
« Nous exerçons une pression de plus en plus grande sur les ressources naturelles, qui sont déjà en train de se détériorer, et parallèlement, il y a plus de bouches à nourrir », a expliqué M. Saley, du CNDD.
Samba Ly et Tahirou Abdoulaye, de l’INRAN, ont expliqué dans un article publié cette semaine dans Niger Progress, une publication du gouvernement, que pour remédier à l’effondrement de la production alimentaire, il faudrait investir massivement dans le secteur de l’agriculture pour permettre la mise en place de systèmes d’irrigation, l’utilisation d’engrais ainsi que le transfert des technologies utilisées dans des pays africains plus développés.
Le Niger est le pays le plus pauvre du monde, selon la Banque mondiale.
Chaque année, des crises nutritionnelles graves touchent le Niger pour plusieurs raisons : l’insuffisance alimentaire, le fait que les mères n’allaitent pas assez leurs bébés, le manque de services de santé et l’insuffisance en eau potable et en assainissement. Certaines années, les pluies se font rares et les pénuries alimentaires deviennent encore plus alarmantes.
IRIN 11/06/2007
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