A Abidjan, c’est seulement 10% des 190 000 tonnes de déchets annuels qui sont recyclés. Dans une région où le volume de déchets plastiques est appelé à augmenter dans les prochaines années, la gestion de ces déchets et leur revalorisation est un défi important en matière de développement durable. Une startup africaine, pionnière dans les initiatives d’économie solidaire en Côte d’Ivoire, entend relever ce défi et faire évoluer les politiques publiques environnementales.
Yaya Koné Bruno, jeune entrepreneur ivoirien de 35 ans, est le co-fondateur de Coliba, la startup qui entend améliorer la collecte et la transformation des déchets en matière première en proposant notamment des services innovants. Coliba c'est une application web, mobile et SMS. La grande plus-value de cette plateforme est d'abord de permettre aux entreprises comme aux ménages d’estimer la valeur des déchets qu’ils produisent, et de les convertir ensuite en bons d’achats, en alimentation de base ou en kits scolaires, selon les besoins et en fonction du volume de matière recyclable fourni. Ainsi les pratiques écologiques des habitants sont stimulées et rémunérées. Ces déchets sont signalés via l'application à des pré-collecteurs, qui viennent les récupérer chez les utilisateurs. Ils sont destinés à être revendus et réutilisés comme matière première dans diverses branches de l’industrie. De cette manière, Coliba offre une perspective d’institutionnalisation à un secteur dominé par le travail informel. En effet, le statut précaire des travailleurs de ce secteur informel se verrait alors formalisé, notamment par le biais de formations dispensées par Coliba.
Mais Yaya Koné sait que la technologie seule ne peut répondre aux enjeux du recyclage, dans un pays où 90% de la population ne pratique pas le tri sélectif. C’est pourquoi sa démarche s’inscrit dans un mouvement de long-terme dans lequel la prise conscience et la sensibilisation des populations interviennent et doivent jouer un rôle prépondérant. Pour cela, Coliba va sur le terrain, à la rencontre des jeunes dans les écoles et également des populations dans les communes les plus difficiles du district d’Abidjan.
A moyen terme, cette initiative vise, selon Yaya Koné Bruno, à traiter des dizaines de milliers de tonnes de plastique dans des pays proches, dont le Sénégal, le Nigéria, le Ghana et le Cameroun. Cela permettrait alors d’offrir des emplois à près de 1200 personnes, majoritairement des femmes, dans les usines de traitement. A long-terme, Yaya Koné souhaite diffuser sont expertise et amener les décideurs à prendre davantage en compte la gestion des déchets au profit d’une nouvelle politique environnementale en Côte-d’Ivoire.
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