A partir de janvier 2012, les remous sociopolitiques au Mali et les velléités d’autonomisation de certaines communautés ont engendré une situation d’insécurité dans sa partie septentrionale. Cela a entraîné le départ volontaire ou forcé d’un grand nombre de populations vers les pays limitrophes suivi de l’installation d’une insécurité généralisée dans les régions frontalières entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Tout au long de ces deux dernières années, le banditisme et les attaques de groupes armés ont considérablement affecté les services de santé, d’éducation et d’aide au nord du Burkina Faso, surtout dans la région du Sahel (OCHA, 2016). Des leaders dogons installés dans ces régions frontalières ont rapporté que les islamistes opérant dans les zones proches de la frontière avec le Burkina Faso étaient violents, fréquemment impliqués dans des activités criminelles et exploitaient les tensions communautaires entre eux et les Peulhs maliens à propos de la terre et du pâturage. Plusieurs localités du Sahel deviennent ainsi des lieux de confrontation entre communautés pour le contrôle des ressources locales. Une telle situation engendre une violence, qui s’amplifie d’année en année avec son cortège de destructions des biens, de règlements de comptes, d’attaques et de morts. Les zones concernées par ces violences vivent dans une insécurité permanente, car généralement les forces de défense et de sécurité (FDS) ne parviennent pas à maintenir l’ordre afin d’y garantir la tenue d’activités économiques et sociales. Et l’accès aux ressources naturelles devient plus difficile ainsi que la cohabitation entre les communautés (Commission économique pour l’Afrique, 2014). Face à cette insécurité et les exactions des groupes terroristes, beaucoup d’éleveurs nomades localisés dans les zones frontalières du Sahel burkinabé ont décidé de quitter leurs terroirs avec leurs familles et bétails pour s’installer dans d’autres localités au Sud de la région pour de meilleures conditions sécuritaires, notamment dans le département de Pobé-Mengao situé dans la province du Soum. Là ils sont accueillis soit chez des proches ou sur des sites spontanés ou ils mènent une précarité de vie liée au logement, à la situation financière, à l’éducation des enfants, à l’alimentation du bétail et l’accès aux ressources naturelles renouvelables. Et avec la dégradation des conditions sécuritaires dans le corridor de conflits au Nord Mali, le séjour prolongé de ces migrants représente un risque pour les pâturages et la cohésion sociale. En effet, l’essartage pour l’ouverture des sites spontanés et les prélèvements du bois énergie ou du bois d’oeuvre pour les charpentes des abris se font au détriment des formations végétales environnantes. Et bien que transitoire, cette situation engendre une pression supplémentaire sur le milieu en termes d’accroissement des besoins des populations et des animaux, surtout dans un contexte sahélien. Alors, il pourrait en découler un impact sur les ressources naturelles et même des tensions intracommunautaires (autochtones, migrants) sur les principes d’accès et d’utilisation des ressources. C’est dans ce cadre que nous voulons montrer les impacts de ces déplacés internes sur les ressources naturelles renouvelables et la cohésion sociale dans le département d’accueil.
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