Depuis deux ans, l'IFDD et Enda Énergie mettent en oeuvre un projet dans la commune de Djirnda, dans les îles du Saloum au Sénégal, qui apporte la preuve qu’il est possible de concilier intérêts socio-économiques des acteurs et exigences de préservation de l’écosystème.
Dans cette commune abritant 11 villages et 17000 habitants, les ressources halieutiques représentent la principale source de revenus. Seulement, la surpêche et la destruction de la mangrove ont des impacts négatifs sur la biodiversité et les populations insulaires.
« Autrefois, nos parents vivaient aisément à partir des ressources halieutiques qu’ils tiraient de la mangrove», explique Salimata Diouf, la présidente du groupement d’intérêt économique des femmes de Baouth. « Aujourd’hui, nous faisons face à un changement drastique qui nous inquiète beaucoup. »
Faly Sathie, pêcheur à Baouth, reconnait : « Les poissons sont devenus rares. Il y a certes, la volonté divine derrière ce phénomène naturel, mais il faut aussi reconnaitre que l’action de l’homme a grandement contribué à la situation actuelle. Avant, on trouvait tout au plus une pirogue dans chaque concession. De nos jours, on peut compter jusqu’à quatre pirogues par famille. »
L’une des conséquences de cette perte de ressources est la fuite des jeunes vers les villes, ou même vers l’Europe , au péril de leur vie.
En 2028, l'Institut de la Francophonie pour le développement durable, en partenariat avec la fondation Mava, a initié en 2018, le projet de durabilité de la pêche artisanale dans les îles Saloum, mis en œuvre par l’ONG Enda Énergie, et en lien avec la commune.
En premier lieu, le projet s’est attaché à reboiser la zone : 60 hectares de mangrove ont été replantés. Puis un corridor de 200 récifs artificiels a été mis en place en mai 2020.
Parallèlement, le projet a soutenu des activités génératrices de revenus, notamment l’ensemencement et la production d’arches (coquillages), une espèce rentable qui s’était raréfiée au fil des ans. Trois aires de culture des arches ont été développées sur 15 hectares dans la vasière de proximité, et favorisent le repos de poissons pélagiques tels les ethymaloses.
Par ailleurs, des initiatives ont été prises pour limiter l’utilisation du bois comme principale source d’énergie pour la cuisson et le fumage du poisson.
Ousmane Gning, chargé de programme à l’ONG Enda Énergie, explique: « On ne va pas toujours continuer à faire du reboisement, il faut donc s’attaquer à ce qui cause la dégradation de la mangrove. Nous avons mis en place les boutiques Énergie qui commercialisent des foyers de cuisson propre et des énergies alternatives comme le gaz. »
Une dotation de 650 de gaz butane et 500 foyers améliorés a permis de lancer la boutique auprès des femmes transformatrices de poisson.
Enfin, le modèle commercial pour la vente des ressources halieutiques devrait être amélioré via le projet : des recherches de label et autres actions sont en cours pour que le produit soit vendu correctement sur le marché national, voire international.
Ainsi, la conjugaison de ces actions a déjà permis d’assoir progressivement une filière durable de pêche artisanale.
Badara Diome, le maire de la commune de Djindra, s’enthousiasme : « On a la chance d’avoir des apparitions de lamantins. Nos parents nous racontaient cela et aujourd’hui on peut le constater, avec d’autres espèces ».
Après deux ans de mise en œuvre sur le terrain, le projet a permis de soutenir plusieurs mesures de régulation, que ce soit au niveau communal ou national, et a aidé à la réglementation des aires marines protégées sur tout le territoire.
Le projet a été financé à hauteur de 130000 euros par la Fondation Mava dans le cadre du Projet « Maîtrise des outils de gestion de l'environnement pour le développement »
Il répond à l’objectif 14 des 17 objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 : « Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines ».
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