Par Charlene Porter
Rédactrice
Washington - La dégradation des terres nourricières de la planète constitue une catastrophe environnementale qui met en danger la vie et le gagne-pain de plus d'un milliard d'êtres humains. Le 20 septembre, de hauts responsables des pays membres de l'ONU se sont réunis pour discuter de la lutte contre la désertification et la sécheresse. C'était le premier forum de haut niveau de l'ONU consacré à cette thématique.
" La terre, c'est la vie, et notre vie dépend de la terre ", a déclaré le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Nassir Abdulaziz Al-Nasser, du Qatar. Pas moins du quart de la masse terrestre de la planète frise la dégradation et la désertification, a-t-il ajouté. " Le coût économique, social et humain de la désertification est considérable. "
L'administrateur de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Rajiv Shah, qui représentait les États-Unis à cette session, a tiré la sonnette d'alarme : les progrès accomplis dans la voie de l'éradication de la pauvreté et de la faim, conformément aux objectifs internationaux de longue date, pourraient être sapés par la dégradation grave et généralisée des sols, a-t-il dit. Pour lui, la solution réside dans le développement durable.
" Lutter contre la désertification par le biais de la gestion des terres et du développement agricole d'une manière qui s'inscrive dans la durée est l'un des outils les plus efficaces à notre disposition pour prévenir les crises provoquées par les pénuries de vivres et les carences alimentaires ", a déclaré M. Shah.
Cette crise se manifeste aujourd'hui dans la Corne de l'Afrique, où 13 millions de personnes souffrent de malnutrition aiguë, en grande partie à cause des mauvaises récoltes liées à la sécheresse et à une piètre gestion des terres. M. Shah, qui s'est rendu dans la région, supervise l'octroi des secours fournis par les États-Unis et dont le montant dépasse 600 millions de dollars. Il a fait un parallèle avec la situation aux États-Unis dans les années 1930, quand le pays a connu une catastrophe humanitaire qui avait pour cause une mauvaise gestion des sols. Des millions de personnes avaient été contraintes de quitter leurs terres, ravagées par l'érosion, pour tenter leur chance ailleurs.
" Nous avons renforcé la collaboration entre les gouvernements locaux et les cultivateurs, investi dans les écoles agronomiques pour encourager les innovations dans les pratiques agricoles et la gestion de l'eau, et nous nous sommes lancés dans une entreprise à grande échelle visant à gérer de manière plus durable nos terres arables ", a expliqué M. Shah.
Luc Gnacadja, secrétaire exécutif de la Convention de l'ONU sur la lutte contre la désertification, a fait observer que les périodes de sécheresse étaient deux fois plus nombreuses à l'échelle mondiale au début des années 2000 que dans les années 1970. " Sur les terres desséchées par la sécheresse et la désertification, 12 millions d'hectares sont transformés en nouveaux déserts d'origine humaine. Cela représente une superficie qui pourrait produire 20 millions de tonnes de céréales chaque année ", a-t-il indiqué.
Lee Don Koo, ministre des forêts de la Corée du Sud, a déclaré que son pays modifiait sa stratégie de développement économique, qui repose maintenant sur le principe d'une " croissance verte ", et non plus sur la recherche de la croissance à tout prix. Conscient que la terre forme la base d'une vie convenable, le gouvernement sud-coréen s'emploie maintenant à promouvoir le développement par le biais de pratiques forestières qui ont fait leurs preuves.
La crise humanitaire qui sévit dans la Corne de l'Afrique a été citée à maintes reprises pendant la réunion de l'ONU pour montrer les pires conséquences possibles de la dégradation des terres et de la désertification, ce qui a grandement motivé les participants à prendre des mesures de nature à favoriser l'utilisation durable des terres.
" Certes, a dit M. Shah, le peuple américain fournira toujours une aide dans les situations d'urgence, mais ce type d'assistance n'est pas la solution la plus efficace ni la plus durable. La réalité, c'est que nous devons redoubler d'efforts pour empêcher ces crises de se produire. " L'initiative alimentaire des États-Unis pour l'avenir (" Feed the Future ") vise à aider les pays les plus vulnérables à créer des secteurs agricoles et des systèmes alimentaires plus robustes de façon à prévenir la famine et les migrations désespérées qui sont aujourd'hui le triste lot de l'Afrique de l'Est.
Signée en 1994, la Convention de l'ONU sur la lutte contre la désertification est entrée en vigueur en 1996. Aujourd'hui, près de 200 pays y sont parties. Le bilan de la discussion qui s'est tenue dans le cadre du forum sera présenté lors de la prochaine conférence des parties à la convention, qui se tiendra en Corée du Sud en octobre.
Source : "IIP Digital" Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
Site Internet : http://iipdigital.usembassy.gov/iipdigital-fr/index.html
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